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Le design, enrichissement ou déplacement de la prospective ?

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La prospective est l’un des champs où le design étend ses interventions, à côté du management, de l’intégration des nouvelles technologies, des démarches d’éco‐conception. Le design entre dans la prospective en faisant valoir ses processus d’innovation.

Le design a un élan manifeste, on le voit à sa capacité à attirer des étudiants venant d’univers diversifiés : multiplication par cinq du nombre d’inscrits dans les écoles dédiées au design (Source : Télérama oct 2009 « Un métier à tiroirs »), à son expansion dans les entreprises et administrations, à la multiplication des cellules de « design prospectif » dans les entreprises (Source : L’Usine nouvelle 2008 « La folie créatrice du design prospectif ») pour imaginer très en amont de nouveaux produits, ou dans le boom du « design de service » (scénarisation des usages liés à un produit).

Le design, historiquement centré sur les produits, s’est ouvert aux services en raison de la croissance de leur part dans l’économie mondiale (jusqu’à 75% dans les pays industrialisés). Il repose sur le postulat qu’en tenant compte de l’expérience de l’utilisateur, il est possible d’enrichir la forme et la fonctionnalité d’un service, et que les services doivent être optimisés et améliorés constamment pour rester désirables et compétitifs.

Le design n’a plus aujourd’hui à faire la preuve de sa dimension multi‐facettes et intégratrice : il sait combiner anticipation des tendances, prise en compte des moyens techniques disponibles, informations marketing et R&D. Dans les entreprises, les designers disputent aujourd’hui au marketing et à la R&D la conduite des projets de développement de nouveaux produits. Philippe Durance a parlé de « coup d’État » des designers : « Le principal argument mis en avant par les designers c’est que le design peut tout réinventer, jusqu’aux services publics, car leur métier est de concevoir. Ils cherchent à appliquer au monde des idées des approches qui, à l’origine concernent essentiellement les produits industriels. Il y a aujourd’hui un véritable « coup d’État » des designers, au niveau européen, sur le domaine de l’innovation » (entretien Millénaire 3).

Quels sont les apports du design à la prospective ?

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mannedcloudLe design repose sur le dessin. La visualisation intervient à tous les stades des projets, depuis les premiers dessins jusqu’aux scénarios mis en image et aux dispositifs prototypés. A travers le dessin, l’image, la vidéo, le design apporte une manière nouvelle d’observer le réel, de penser des objets. Romain Thévenet, designer, souligne de manière très claire la capacité du design à nous mettre face à des objets qui nous permettent de penser différemment : « Je vois dans le design une manière différente de faire de la prospective. Un exemple : Jean- Marie Massaud a conçu un hôtel volant sous forme d’un immense dirigeable. Ce projet, « Manned Cloud », ne verra pas le jour avant une dizaine d’années, mais le designer a produit une vision pour cet hôtel volant, il l’a dessiné, modélisé. Tout à coup, nous sommes face à un objet qui nous fait rêver, permettant d’envisager une autre forme de tourisme, par exemple. Dans les projets de la 27e Région, nous allons chercher dans le design la capacité à se projeter dans l’avenir, à rendre palpable une idée de l’avenir, même s’il n’y pas toujours un « objet physique » au centre de la réflexion. »

C’est une première fonction, qui rejoint la première vertu de l’image évoquée plus haut. Il apporte aussi, c’est encore plus décisif, une capacité à « tangibiliser » immédiatement des idées, des analyses, des concepts, des projections, ce qui sert à la fois à mieux « manipuler » ces idées, au sens de les discuter et les faire évoluer, et à la fois à mieux les faire partager, au sens de les faire comprendre, les mettre en discussion, les diffuser.

Cette force du design a évidemment à voir avec les capacités de l’image. Elle est manifeste dans des univers qui ne connaissaient que l’écrit, comme l’administration ou la prospective. Dans la prospective justement, la demande de design provient en partie d’une frustration congénitale : les publications prospectives sont, sauf exception, peu appropriées et peu lues, ce qui rend difficile la transmission des idées. Les possibilités offertes par l’image sont accueilles avec enthousiasme — trop peut-être selon le témoignage du designer Brice Dury qui estime que le design tend à être pensé par la prospective comme une solution miracle.

Des acteurs de la prospective font appel régulièrement au service de designers. Lors de la démarche « La Poste 2020 », ou lors de la démarche « TGV 2010‐2020 », des designers ont chaque fois été impliqués, avec des apports manifestes selon les personnes qui ont conduit ces démarches.

Selon Edith Heurgon, « les prospectivistes, qui échangent surtout de la parole ou du texte, ont besoin de concrétiser leurs concepts et leurs analyses, ce que leur permet de faire, au travers d’images ou d’objets, les designers. C’est en ce sens qu’ils sont des accélérateurs pour conduire des démarches de prospective participative. Ainsi, dans la démarche La Poste 2020  qui a mobilisé dans des groupes de réflexion près de 500 personnes dans 5 départements français, j’avais demandé au designer Brice Dury d’imaginer les objets de La Poste en 2020, ce qui a permis d’introduire dans les débats des représentations imaginées accélérant la compréhension des participants. Le recours à l’image est un moyen d’élargir les modes d’observation du réel ».

Un responsable de la 27e Région, Stéphane Vincent, souligne en des termes très clairs la capacité du design à rendre tangibles des représentations, des idées, des projections : « Pour moi qui ne suis pas designer, l’apport du design le plus marquant est justement celui de la tangibilisation : le design déploie une gamme de formats possibles beaucoup plus vaste que ceux de la prospective classique. Nous travaillons avec un designer, François Jégou, qui s’est intéressé très tôt à la prospective, et a travaillé à Futuribles. Sur des formats prospectifs, il réalise par exemple des vidéos sketch de 2 ou 3 minutes, qui mettent en scène un service, un dispositif, une politique, une situation… (…) Dans le cadre d’un projet sur les nanotechnologies, François Jégou a pris en photo de faux produits nanotechnologiques qui semblent tout droit sortis d’un rayon de grande surface, comme des oignons dont le paquet porte l’inscription « ne fait pas pleurer », sous entendu parce que les nanotechnologies les ont dotés de cette propriété. Cela pose la question très concrète de savoir si ce genre d’application nous convient. Plus généralement, cela nous interroge sur l’usage des nanotechnologies. » (entretien Millénaire 3).

Si l’image favorise la projection dans l’avenir (c’est la deuxième vertu de l’image) en tangibilisant des visions de l’avenir souhaitable, ce n’est pas une fin en soi : c’est pour mieux débattre de leur bien‐fondé (est‐ce bien cela que nous voulons ?) et questionner leur faisabilité (comment y arriver ?). Il est question ici d’image produite par des designers, mais cela pourrait tout aussi bien être une image produite par la science fiction ou par d’autres moyens.

L’image a aussi une troisième fonction pas encore pointée, d’enchantement. Nous citons l’extrait du compte rendu d’un séminaire international consacré à la manière dont le design transforme les services publics (How Public Design, Copenhague, 31 août 2011) : « la visualisation (…) est aussi devenue le moyen incontournable de penser différemment l’avenir ».

C’est dans cet esprit que Manuel Toscano (Zago, USA) promeut une visualisation qui réenchante, dans un monde devenu trop pessimiste pour affronter les nouveaux enjeux.

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Ramus Run Nielsen (2+1 Ideas agency) parle de « créer une histoire visuelle qui donne du sens au changement et le rende désirable ». Pour lui, il s’agit dorénavant plus de « changer la narration que de promouvoir de nouveaux concepts » (Compte rendu réalisé par la 27e Région, http://www.la27eregion.fr/Public-design-a-Copenhague).

Le design n’apporte pas seulement à la prospective les capacités de l’image. Il amène ses démarches et outils. La prospective a de multiples facettes. En définissant le souhaitable, elle définit un projet. Le designer est naturellement dans une dynamique de projet, de réalisation. Il doit trouver des outils : il les trouvera pour partie dans les disciplines et outils des SHS comme l’économie expérimentale, ou à la psychologie sociale, et pour partie dans le design.

Le design contribue à la production de biens ou de services en intégrant la dimension des usages, à côté d’autres dimensions (techniques, coûts, ergonomie, esthétique…). Un des apports du design est, selon les termes de Brice Dury, l’ « intelligence des usages » qui se construit à travers plusieurs étapes d’un processus, le diagnostic d’usage qui repose sur leur observation (Brice Dury indique qu’il a l’impression de faire de la prospective du présent par l’observation des usages), des outils de créativité et de scénarisation basés sur les usages, et des mises en oeuvre qui prennent en compte les usagers en rendant les objets ou services intuitifs, faciles à utiliser, à comprendre, à s’approprier.

En recourant au design, la prospective entend montrer qu’elle est capable d’évoluer vers le « faire », de contribuer, voire de piloter des projets, d’intégrer la question des usages, de faire le lien entre analyse du réel et action sur ce réel.

Le designer et l’expérience d’usage

Quand il intervient dans une démarche prospective, le designer va utiliser les procédures et outils dont il est familier : pour comprendre l’expérience d’usage de l’objet ou du service sur lequel il travaille, ou pour trouver des idées ou en évaluer la valeur, le designer rencontre des gens, étudie des expériences, des façons de faire, des façons de vivre. Pour recueillir l’information en provenance de l’usager effectif ou potentiel, il utilisera l’entretien ainsi que des procédures d’observation, allant jusqu’à s’immiscer dans le quotidien de l’usager sans le perturber. Il portera une attention forte au contexte des usages et aux « terrains » (mais selon une démarche qui n’est pas celle du sociologue).

Ce travail d’observation utilise classiquement l’entretien, la photo et la vidéo. Le designer Éric Brandy de l’agence Veeb Design détaille dans un entretien (www.millenaire3.com) les phases du design des services : compréhension globale du sujet à travers la collecte d’information et l’observation ; définition d’une problématique ; « idéation » où tous les intervenants du système sont invités à générer des idées et inventer des solutions par des séances de brainstorming ou de workshop ; phase de filtrage qui consiste à resserrer et contrôler les idées par rapport à la stratégie et vérifier ce qui est faisable ou non ; phase de visualisation sous la forme d’un prototype qui permet d’alimenter la pensée (« c’est penser pour construire et construire pour penser »), de tester une idée et de réduire des incertitudes avant que le projet passe en phase de concrétisation.

La 27e Région, une initiative qui interroge la frontière entre prospective et innovation

En intervenant dans la prospective, le design ne contribue‐t‐il pas à la transformer ? A infléchir son projet ? Pour tenter de répondre à ces questions, prenons l’exemple de la 27e Région.

Initiative qui se décrit ainsi : « Territoires en résidences », un programme emblématique de la 27e Région, porte sur des sujets prospectifs : quel est l’avenir des gares rurales, des maisons de santé, des espaces numériques ?… Chaque résidence se positionne là où existe un enjeu d’innovation publique et sociale. S’agit‐il de démarches prospectives où le design serait mobilisé pour produire de l’innovation ? Ou d’innovation, d’innovation participative, appuyée sur les méthodes du design ?

La 27e Région, créée en 2008, a pour objectif d’explorer de nouvelles façons de conduire des politiques publiques, fondées sur la co‐conception et mobilisant davantage la créativité et l’expertise des utilisateurs. Elle se définit comme une « agence d’innovation publique » au service des Régions françaises, et encore comme un « laboratoire de transformation des politiques publiques à l’âge numérique ». Ces définitions la situent a priori du côté de l’innovation plutôt que de la prospective.

L’un des responsables de ce projet, Stéphane Vincent, situe lui‐même les « curseurs » que la 27e Région a déplacé au regard des pratiques de la prospective : « Toutes les méthodes que nous utilisons ont été inventées en déplaçant les curseurs des méthodes classiques :

‐ Nous avons fait bouger le curseur de l’immersion en réaction au fait que dans l’ingénierie classique on passe peu de temps avec les gens, en partant de la question : « que se passe‐t‐il si l’on se donne vraiment du temps, quand on vit quelques jours avec les gens ? » ;

‐ nous avons fait bouger le curseur des disciplines en réaction à la monodisciplinarité : « que se passe‐t‐il quand les interventions sont réalisées par des personnes de profils variés, avec des regards de sociologue, de designer, etc. ? » ;

‐ alors que dans l’action publique, on peine à documenter les projets, nous avons fait bouger le curseur de la capitalisation : « que se passe‐t‐il quand on capitalise vraiment sur ce que l’on fait, selon le modèle du logiciel libre, où les développements sont documentés, où chacun peut, avec l’open source, copier et améliorer le système pour le bénéfice de tous ? » ;

‐ nous avons enfin déplacé le curseur de l’expérimentation : dans l’action publique, tout se passe comme s’il était possible de produire un projet idéal sans réaliser de test. ».

Ce projet rejoint la prospective du présent sur plusieurs diagnostics : des concepts clés de la mise en oeuvre de l’action publique, à commencer par l’expertise et la décision font l’objet d’une analyse critique semblable. Contrairement à l’idée d’acte unique produit par un décideur, la décision est pensée comme un processus collectif et continu. La 27e Région en déduit que l’action publique fait alors fausse route en créant des dispositifs participatifs uniquement pour alimenter la prise de décision (d’autres moments existent et sont plus importants), de même qu’elle ferait fausse route quand elle élabore des projets sans interaction continue avec ses parties prenantes.

La 27e Région milite pour transformer la manière de réaliser des projets en privilégiant la démarche expérimentale, avec tests et allers retours en continu avec les parties prenantes et futurs usagers. Elle porte une critique étayée du management des collectivités territoriales, qui se serait aligné sur le management du secteur privé et se donne comme finalité de concevoir autrement les politiques publiques, et de concevoir des politiques publiques différentes, en repensant les ingénieries (évaluation, appels à projets, indicateurs, etc.). Cette initiative met l’accent sur l’importance des méthodes, des outils, à double titre : ils ont une dimension politique ; les outils permettent aussi le renouvellement des conceptions, des capacités d’exploration, de mise en débat de la prospective. « Sur le management, sur la façon de faire de la prospective, nous pensons que le politique est singulièrement absent. Les politiques voient souvent dans le management une question d’intendance que d’autres traiteront ; il n’y a pas de vision politique et de débat sur les méthodes : pourquoi faire de la prospective de telle ou telle manière, des expérimentations, des appels à projet…? Contrairement à la perception commune qui y voit des sujets neutres, sans incidence, nous pensons que ces façons de construire les projets sont des sujets politiques. Derrière la notion d’expérimentation sociale, il existe ainsi des débats importants au sein de multiples courants. Il faut repolitiser le débat, réhabiliter la méthode en tant que sujet politique. » (Stéphane Vincent, entretien Millénaire 3).

Mais la convergence avec la prospective du présent est en partie véritable, et en partie l’effet d’un trompe l’oeil : la 27e Région pense la prospective et réalise ses démarches essentiellement à partir du design, ce qui introduit une différence de point de vue difficile à percevoir de prime abord.

Revenons au diagnostic d’une double crise de l’expertise et de la décision : il a été établi d’abord par la prospective du présent, pour refonder la prospective sur le plan conceptuel : l’expertise n’est pas seulement l’affaire des experts, elle est partagée ; la décision n’est pas un acte unique pris par des personnes isolées, c’est un processus continu qui mobilise de nombreux acteurs… La prospective du présent a aussi, sans la nommer, mis l’accent sur l’innovation sociale : la prospective doit s’appuyer sur les capacités d’initiative et d’inventionvenant de la société. Ce reaggiornamento a favorisé l’entrée du design, lui‐même dans un dynamique d’expansion et de redéfinition de ses contours, dans les démarches de prospective, mais sans aplanir des divergences de fond.

Il est ainsi intéressant d’observer comment le concept de scénario est revisité par le design dans le cadre de « Territoires en résidence » : « Il faut s’entendre sur les mots. De la même façon que nous n’entendons pas le mot prospective dans un sens classique, je pense que nous ne comprenons pas de la même manière le mot scénario. Nous venons du design industriel et parlons de scénario d’usage (Le scénario d’usage est une méthodologie répandue et très formalisée pour définir les besoins fonctionnels d’un projet).

Un tel scénario, centré sur l’utilisateur, indique comment un produit sera utilisé. Nos scénarios ne sont pas ceux de la prospective classique qui anticipent un développement possible, ils sont compris au sens de story board, indiquent comment on voudrait (ou pas) vivre le monde de demain, mais raconté « au niveau des yeux » des habitants. Typiquement, cela signifie que nous n’allons pas construire un scénario prospectif à l’issue d’une réflexion de plusieurs mois, mais dessiner un scénario en même temps que la réflexion se fait, en demandant constamment aux participants s’ils sont d’accord ou non pour dire que c’est de cette façon qu’ils entendent vivre. » (Romain Thévenet)

On mesure ici la différence considérable avec un scénario de prospective : le travail exploratoire et normatif avancent de concert, les experts s’intègrent à un processus d’emblée ouvert à différentes formes d’expertise ! Cela ouvre d’ailleurs des pistes intéressantes à la prospective.

L’importance donnée par le design au quotidien, aux expériences, à l’observation longue d’un terrain, au point de vue des parties prenantes, suscite aussi une proximité avec la prospective du présent. Ainsi, la 27e Région partage la visée de la prospective du présent de réhabiliter les « gens », leurs expériences, leur connaissance du quotidien, leurs capacités d’expertise, d’initiative. Mais, à partir du design, elle pense parties prenantes et usagers, et, avec les outils du design, est capable de les associer de manière active (immersion, scénario, test, prototypage). La prise en compte de l’expertise d’usage, ancien combat de la démocratie locale, a‐t‐il grand-chose à voir avec l’expertise d’usage perçue à travers le filtre de l’innovation par le design ?

« Nous sommes convaincus que l’expertise est présente chez les citoyens et les parties prenantes, mais que cette expertise ne suffit pas. Il convient d’interroger des personnes sur la question qui nous intéresse, mais il faut aussi voir comment elles vivent cette question au quotidien, car il peut y avoir un gap entre ce qu’elles disent et ce qu’elles vivent. Dans le cadre de notre programme « Territoires en Résidences », où nous nous plaçons plusieurs semaines en immersion, le journalisme ou la sociologie de terrain nous servent par exemple à obtenir une compréhension fine du terrain, à repartir des pratiques, à l’inverse de l’expertise descendante. Pour dégager des pistes d’innovation et de réflexion nouvelles, il faut utiliser à la fois la participation et arpenter le terrain. L’immersion nous permet de traiter directement les problématiques avec les populations concernées.» (Romain Thévenet, entretien Millénaire 3).

La 27e Région partage avec la prospective du présent l’idée qu’il faut s’immerger dans un terrain, mais davantage pour faire « remonter » des besoins, des solutions, aller vers des projets, que pour conceptualiser des phénomènes et décaler des questionnements. La façon d’aborder le terrain, et la fonction qu’y tient la recherche est donc très différente de celle de la prospective du présent : la 27e Région n’utilise pas les capacités de la recherche en SHS pour comprendre ses terrains.

La manière dont le design peut amener à reconfigurer la prospective n’est pas sans poser des questions. Plus la prospective est pensée à travers le filtre de l’innovation, plus elle se penche sur les questions d’usages, sur la recherche de solutions, plus le design y trouve naturellement sa place. Or, le design, seul, aura du mal à re-conceptualiser des objets complexes ; les capacités de l’image ne remplacent pas celles de l’écrit, elles les complètent ; le design peut avoir, en entrant dans la prospective, le même effet que le marketing, à savoir étendre des logiques de service qui, en pratique, font le lit de logiques commerciales.

Il est intéressant de remarquer que le designer Romain Thévenet a récemment questionné dans un billet intitulé «design des services, tu perds ton sang froid… » (Source : juin 2011, http://www.la27eregion.fr/Design‐de‐services‐tu‐perds‐ton) cette activité justement par ce côté « cheval de Troie ».

Le design est donc un enrichissement pour la prospective, à condition que cette dernière définisse clairement son propre projet, pose clairement par exemple que la prospective n’est pas assimilable à l’innovation ou à la recherche de solutions, mais est du côté de la réflexion.

Cédric Polère pour http://www.millenaire3.com

Pour en savoir plus sur millénaire3 : http://www.millenaire3.com/Qui-sommes-nous.91.0.html

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