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biotechnologies

Demain, le vivant se programmera… comme un iPhone !

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En pleine ascension, les biotechnologies représentent désormais un enjeu économique et sociétal majeur. Pourtant, loin des récits de science-fiction et devant une succession de « prouesses », elles restent encore mal appréhendées et soulèvent beaucoup d’interrogations. Reste que le top départ est lancé et qu’il va falloir accrocher sa ceinture face à une déferlante d’applications en tout genre.
Tribune libre
 
Et si demain, l’avenue des Champs Elysées brillait de mille feux sous les projecteurs… d’arbres fluorescents ? Une idée saugrenue à première vue, mais plus tant que ça si on observe d’un peu plus près les recherches déjà bien avancées du Massachussetts Institut of Technology (MIT). Les chercheurs américains sont en effet repartis des travaux initiés par deux étudiants qui, en croisant l’ADN d’une bactérie aquatique avec celui d’une pousse végétale terrestre, donnaient naissance à une souche d’arbre naturellement lumineux. Derrière, les conséquences écologiques se révéleraient extraordinaires notamment en termes d’économie d’énergie.

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Et il s’agit là d’un projet biotechnologique parmi d’autres, beaucoup d’autres ! Le domaine de la santé, principal concerné, multiplie les recherches liées à la lutte contre le cancer ou le ralentissement du vieillissement ainsi qu’à de nombreuses pathologies associées. L’agriculture, l’industrie, la biodiversité marine et la protection de l’environnement misent aussi très fortement sur ce domaine d’avenir. D’autant qu’en matière de manipulation du vivant : épigénétique, cellules souches pluripotentes, clonage somatique, etc., les avancées sont nombreuses et les recherches vont vite. Très vite. Surtout depuis l’arrivée du Crispr/Cas9, le désormais célèbre « ciseaux ADN » capable de modifier tous types de génomes et à moindre coût. Le corolaire de tout ça est une redistribution des cartes en termes de compétences.
 

Les premiers X-mens chez les biohackers

En effet, jusqu’ici réservée aux biologistes, la manipulation du vivant va s’ouvrir à d’autres métiers. Fini les pipettes et place à la programmation ! Nous pouvons d’ores et déjà anticiper une diversification des développeurs dans le secteur du vivant comme cela s’est produit sur le web puis les applications mobiles. De grandes barrières technologiques ont été franchies et, dès l’apparition d’environnements de programmation complets, le mouvement jusqu’alors dormant des biohackers va voir surgir de nouveaux adeptes. Les expérimentations vont alors fuser de partout, ce n’est plus de la science-fiction. Internet regorge déjà de tutoriels vidéo mettant en scène des biohackers, dans leur cuisine ou leur garage, détaillant chaque étape de manipulation pour aimanter ses doigts, devenir phosphorescent, etc. L’américain Josiah Zayner a récemment annoncé avoir modifié la musculature de son bras et a tenté de commercialiser son produit sous forme de « Kit ». Verrons-nous ainsi apparaitre dans quelques années les premiers mutants à l’image des super-héros ? Ou le retour d’animaux préhistoriques, à l’image des travaux controversés de ce chercheur de Harvard, George Church, dont le projet est de recréer le mammouth laineux disparu il y a 4000 ans ?
 
A ce jour, les promesses annoncées par les différentes recherches en cours laissent songeurs : homme génétiquement modifié et doté, dès sa naissance, de gènes de résistance aux maladies, voire augmentation du QI ; sang artificiel créé à partir de cellules souches ; utérus artificiel avec gestation hors ventre à partir de simples cellules de la peau et sans spermatozoïde ni ovule (une grossesse sans cordon ombilical permettrait par exemple de s’affranchir des quelques 250 perturbateurs endocriniens que l’on peut y trouver), etc. Bref, les exemples sont nombreux mais soulèvent aussi de vraies questions : surpopulation, risque d’appauvrissement de l’espèce, apparition d’une nouvelle forme d’eugénisme et bouleversement, voire dérèglement des écosystèmes.
 

Une révolution enclenchée aussi risquée que prometteuse

Que penser pourtant de cette récente découverte aux Etats-Unis, dans l’Indiana, et qui a rapporté qu’à la suite d’une mutation génétique, les Amish voyaient leur espérance de vie rallongée de… 10 ans ! Si cette mutation génétique était proposée sur le marché de la santé de confort demain, ne serions-nous pas tentés ?
Assurément, il faut dès à présent chercher à accompagner le mouvement biotechnologique ou bien le temporiser pour se donner les moyens d’avancer dans les meilleures conditions possibles. Rentrer dans une dynamique d’opposition manichéenne ne mènerait effectivement à rien et n’empêcherait pas ceux qui le souhaitent de pratiquer ce qu’on appelle désormais du tourisme cellulaire.
 Il est préférable d’éviter d’entrer dans une logique de pour et de contre. L’idée est que chacun parvienne à trouver son parti, que ce soit pour soigner des pathologies, pour du confort ou du loisir, mais dans un contexte où les libertés sont correctement délimitées. Demain en matière de bioéthique des règles fondamentales de respect et de protection devront être énoncées. D’une part pour libérer et encadrer l’innovation et, d’autre part, s’assurer qu’en cas de non-respect des sanctions exemplaires seront appliquées. Et, en cela les états généraux de la bioéthique entamés le 18 janvier et prévus pour aboutir à une nouvelle loi d’ici l’automne, vont dans le bon sens. La France est déjà en train de prendre du retard sur ses voisins. Eux innovent tandis que nous sommes dans l’interdit. La Chine, quant à elle, détachée de toutes contraintes réglementaires et de barrières culturelles, conjugue les biotechnologies au présent et a déjà pris sur tout le monde plusieurs longueurs d’avance. Côté européen, le risque est de perdre notre capacité à devenir autonomes sur ces sujets et à en capter les parts de marché.
 
Mickaël Réault, dirigeant fondateur de Sindup
 

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