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Intelligence augmentée : vers Homo sapiens 2.0

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Intelligence augmentée

Ce que l’on observe aujourd’hui est la profusion de technologies destinées à augmenter l’intelligence. Mais de quelle intelligence s’agit-il, celle des humains ou celle des machines destinées de plus en plus à s’hybrider avec l’intelligence des humains. Quel est le projet de cet immense déploiement technologique ?

Sculpture d’Ossip Zadkine « Homo Sapiens » 1933/1935 

LA COURSE A L’INTELLIGENCE est, chez les machines, « inextinguible », pour reprendre le mot de du philosophe allemand Günther Anders. La croissance exponentielle des moyens de calcul, que la loi de Moore avait prédite, est vérifiée chaque jour. Les capacités de mémoire ont fait des bonds vertigineux, tout comme la miniaturisation. Les calculateurs quantiques ont dépassé le stade du prototype, les ordinateurs dits biologiques ou à ADN devraient devenir opérationnels dans une dizaine d’années.

Nous nous trouvons dans la partie ascendante d’une courbe de développement extrêmement rapide qui ne touche pas que les ordinateurs, mais un nombre considérable d’objets qui deviendront de plus en plus intelligents et connectés entre eux. La loi de développement de ces machines est de faire tomber la frontière entre intelligence humaine et intelligence artificielle.

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Une des références en la matière, Ray Kurzweil (1), préfère désormais parler d’ « intelligence augmentée » pour bien marquer la fusion inéluctable entre les hommes et les machines. L’Intelligence Artificielle se fonde sur la modélisation du vivant pour en reproduire les fonctions. Cela nécessite des puissances de calcul considérables, qui sont aujourd’hui possibles et qui le seront encore plus demain (2) . Hans Moravec, un des pères de la robotique intelligente, estime que nous sommes engagés dans une mutation dans l’évolution (3) . Une métatransition provoquée par l’explosion exponentielle des puissances de calcul mises au service d’objets hyperinformationnels. Moravec parle de « singularité » c’est-à-dire de point zéro à partir duquel un univers entièrement nouveau émergera, où Homo sapiens 2.0 apparaîtra.

La symbiose qui se produit entre les organismes humains et les entités artificielles métamorphose les utopies ou les balbutiements d’intelligence collective, en perspectives très concrètes et immédiates d’intelligence augmentée. S’ouvre alors un champ radicalement inédit dans l’histoire des hommes. La force hyperinformationnelle qu’ils ont libérée et dont ils ont fait leur quotidien entre désormais dans les micromondes de la biologie et de la matière. S’opère alors un phénomène d’une portée immesurable : l’intelligence pénètre des domaines jusque là inertes ou interdits d’accès, produisant ainsi une forme nouvelle d’hybridation au sein de laquelle l’homme est à la fois le producteur, le sujet et l’objet.

Chaque jour, l’actualité tintammaresque nous informe d’une nouvelle percée de la technologie au sein d’un territoire jusque-là interdit : le gène lui-même. Le génie génétique, avec ses enzymes de restriction, ses ligases, ses vecteurs de transferts découvre le langage de programmation moléculaire transformant la biologie en « science de traitement de l’information biologique »(4) .

Les rouages des micromondes de la biologie deviennent les modèles des nouveaux alchimistes de la matière. En observant plus finement la structure des membranes moléculaires (5), les protéines, l’ADN lui-même, les micromoteurs présents au cœur des cellules, les microtubules, les flagelles, s’en inspirant, les ingénieurs créent des « matériaux intelligents », des puces biotechnologiques implantables, des machines moléculaires capables d’usiner des matériaux nanométriques. Ils savent désormais diriger les cellules humaines, notamment nerveuses, pour qu’elles s’autoréparent en cas de lésion, ils savent implanter des réservoirs miniaturisés de substances médicamenteuses délivrées quand il faut, là où il faut dans l’organisme humain.

Les techniques du XXIe siècle possèdent le secret de l’alliage du vivant et de l’artificiel. Elles savent placer, au cœur de nos machines les plus banales, des microcomposants moléculaires, hybrides constituées de silicium et de cellules vivantes, des neuropuces qui cultivent dans leur support de silicium des neurones vivants, des biotransistors d’une capacité de calcul sans commune mesure avec leurs prédécesseurs simplement électroniques, contrôlables et pilotables à distance. Elles peuvent relier directement l’ordinateur au vivant en installant des interfaces bioélectroniques entre l’homme et la machine, produisant ainsi des liens d’intelligence dans lesquels l’un et l’autre sont hybridés.

Ces « exploits » ne sont pas des fantasmes futuristes, ce sont les résultats de travaux menés actuellement, sur toute la planète, par des pléiades de chercheurs au génie sollicité sans répit par la concurrence économique et la sélection mémétique. Ces recherches destinées à perfuser l’hyperinformation dans tous les rouages de la matière et du vivant, révèlent chaque jour davantage leur impact sur notre vie quotidienne présente ou à venir à très brève échéance.

 

(1) Ray KURZWEIL, The Age of Spiritual Machines, Penguin Books, 1999

(2) Les exemples de synthèse réussie d’un ADN simple comme celui du virus de la poliomyélite montrent déjà la voie : scanner et numériser le vivant pour en recréer des équivalents artificiels capables de s’interfacer avec ce même vivant. Cf. : Jean-Paul BAQUIAST, op.cit.

(3) Hans MORAVEC, Robot, Oxford University Press, 1999

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(4) Joël de ROSNAY, De la biologie moléculaire à la biotique : l’essor des bio-, info- et nanotechnologies, in Cellular and Molecular Biology, n° 47, 2001, pp. 7-16

(5) Grâce notamment aux « microscopes à effet de tunnel ».

Pour aller plus loin :  Livre « Homo sapiens 2.0 » – Editions Max Milo 

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