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Le « crowdsourcing est un outil de développement », d’après Alec Ross, Conseiller d’Hillary Clinton

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A l’occasion de la Social Media Week de New York, le site Youphil.com a interviewé Alec Ross, Conseiller d’Hillary Clinton en innovation. Considéré comme le gourou de la technologie au Département d’Etat et une des personnalités politiques à suivre aux Etats-Unis, il a chamboulé les liens entre diplomatie, développement et innovation technologique. UP’ retranscit cet entretien.

Youphil : Une de vos idées phares depuis que vous êtes au Département d’Etat est d’utiliser le « crowdsourcing » pour répondre aux défis du développement.

Alec Ross : Toutes les solutions n’émanent pas forcément de gens qui ont fait des études et portent des chemises blanches et des cravates rouges. Parfois, la sagesse de la foule peut-être plus grande que celle d’un expert. Par exemple, nous avons créé un concours, Apps for Africa, où on a demandé aux citoyens d’Afrique de l’Est – Ouganda, Tanzanie, Kenya – d’identifier des défis sociétaux auxquels ils devaient faire face. 

Puis nous avons trouvé des développeurs web en Afrique de l’Est et leur avons demandé de construire des technologies qui pourraient y répondre. Les résultats ont été fascinants. Par exemple, l’application iCow cartographie les cycles de traie et de menstruation des vaches à laits afin de rendre la traite plus efficace.

Ce n’est pas quelque chose que nous aurions pu concevoir à la Maison Blanche ! On ne peut dépendre entièrement du « crowdsourcing »: je ne demanderai jamais aux citoyens de voter sur ce que les Etats-Unis devraient faire face à un Iran potentiellement nucléarisée. Mais plus les défis sont spécifiques et définis, plus ces pratiques peuvent être efficaces.

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La technologie est-elle plus qu’un simple outil pour le développement?

Oui, c’est plus qu’un outil. Prenons les téléphones portables en Afrique. Les communautés les plus isolées au monde sont maintenant connectées à travers des réseaux sans fils puisqu’un pourcentage élevé de la population, même à faible revenus, ont des téléphones portables.

Cela leur permet de communiquer, d’avoir accès aux informations du marché, de vendre sur le marché et ce, d’une manière qui n’était pas possible auparavant. Ces téléphones sont donc devenus une partie inhérente de l’infrastructure personnelle de ces personnes. C’est donc l’écologie entière du pays qui change.

Le Printemps Arabe a dû conforter l’importance que vous apportez aux médias sociaux. L’aviez-vous pressenti ?

Au printemps 2009, j’avais prédit qu’il y aurait une révolution sans leaders sous le mandat d’Hillary Clinton. Certains pensaient que c’était fou, mais c’est bien ce qui s’est passé. Je ne pense pas que ces révolutions soient des révolutions Twitter ou Facebook, mais je crois que la technologie et les médias sociaux les ont aidées dans plusieurs sens.

Premièrement, ils ont accéléré le mouvement. Deuxièmement, ils ont facilité l’aspect « sans leaders ». Il n’y a pas de leaders de la révolution dont on pourrait placarder la photo sur des t-shirts. Les réseaux ont été les leaders de ces révolutions.

Troisièmement, cela a permis un enrichissement de l’information. La connaissance et l’information sont des sources de pouvoir. Et dans un pays tel que la Tunisie, qui était très fermé en termes de médias, l’arrivée de la télévision satellite comme France 24 ou Al Jazeera combinée avec les médias sociaux fait que les gens en 2012 ont accès à bien plus d’informations qu’en 2008. Donc les médias sociaux ne sont pas la cause du succès des révolutions, mais ils ont joué un grand rôle.

Justement, quels sont les projets entrepris par le Département d’Etat en soutien aux activistes et aux défenseurs des droits de l’Homme ?

Nous avons dépensé plus de 70 millions de dollars pour financer dix projets. Les Etats autoritaires ont de plus en plus de moyens pour réprimer et surveiller leurs populations à travers les réseaux.

Donc notre but est de permettre aux activistes d’exercer leur liberté d’expression, un droit universel, sur internet, mais surtout de faire en sorte que cela ne les mette pas en danger.

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Par exemple, un de nos projets s’appelle « Pannick Button » et permet aux activistes d’effacer d’un coup toutes leurs données – et donc les contacts d’autres activistes – sur leurs téléphones portables au cas où ils seraient arrêtés.

Un deuxième projet, « Internet in a suitcase » [ndlr: internet dans une valise], permet d’amener une connexion internet de secours dans un pays où l’accès aux réseaux aurait été coupé.

Pensez-vous que les réseaux sociaux sont un frein à un activisme plus traditionnel, c’est-à-dire non virtuel ?

C’est un débat qui fait rage depuis dix ans. Or, de plus en plus d’études – et notamment une du PEW, qui est la plus détaillée – montrent que l’activisme en ligne augmente l’activisme et l’engagement « offline ».

Paradoxalement, les effets de la fracture numérique sont-ils plus importants aujourd’hui ?

J’ai passé huit années de ma vie à contribuer à réduire la fracture numérique. Le fait de ne pas être connecté a des conséquences encore plus grandes qu’avant. On devient encore plus économiquement et politiquement isolé.

J’ai enseigné à Baltimore Ouest, un des endroits les plus pauvres des Etats-Unis, où les gens qui n’ont pas accès à ces outils vont passer leur vie à plier des draps dans des hôtels ou à débarrasser des tables. En bref, ils n’auront accès qu’à des emplois faiblement payés.

Plus la mondialisation s’étend et l’emploi se déplace vers les marchés les plus efficaces, plus la nécessité d’être connecté est grande. Car ceux qui ne le sont pas sont isolés et deviennent une sous-classe.

La technologie et les médias sociaux représentent-ils l’avenir de l’aide au développement ?

En termes de déploiement de réseaux, je pense que le secteur privé est bien plus efficace que le gouvernement. Ce que nous pouvons faire au Département d’Etat, en partenariat avec USAID, est de trouver des moyens pour que ces réseaux créent de la valeur pour les pauvres et pas seulement pour les élites.

Apps for Africa montre que la connectivité a un sens même pour les fermiers d’Afrique de l’Est. Donc les médias sociaux sont une partie de l’aide au développement. Mais des enjeux fondamentaux tels que la lutte contre la malnutrition, ou pour l’accès à l’eau ne peuvent pas être résolus par une simple application. Ce sont des initiatives complémentaires.

 Pour plus d’informations : 

– http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/59357/date/2011-02-15/article/soft-power-to-the-people/

– http://www.gqmagazine.fr/culture-web/hi-tech-story/articles/alec-ross-l-homme-qui-twitte-les-revolutions/7554

– http://www.youtube.com/watch?v=7VlUrcBDkMM

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