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Académie des technologies

Comment la société s’approprie-t-elle la technologie?

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Dans un rapport qui vient de paraître, l’Académie des technologies explore les relations complexes entre l’homme et ses objets techniques. En s’appuyant sur de nombreux exemples faisant partie de notre quotidien (TGV, OGM, vaccination…), elle offre des pistes de réflexion sur la genèse des objets techniques et les conditions de leur appropriation.
 
L’interaction entre l’homme et ses « artefacts » soulève depuis toujours de nombreuses questions : Pourquoi une innovation apparaît-elle à un moment donné, en un lieu donné ? Pourquoi certaines innovations n’émergent-elles pas alors que tout semblait propice à leur épanouissement ? Quel est l’impact des technologies sur l’individu, les sociétés, l’environnement ?
Plus qu’un simple objet fonctionnel, l’objet technique se révèle un objet culturel « bon à penser », adaptable. Les multiples facteurs qui feront qu’une technologie sera adoptée sont ici explorés.
Cette réflexion est aussi l’occasion pour l’Académie des technologies de reconnaitre la capacité des innovations à modifier en profondeur notre environnement, notre relation à nous-même et aux autres. Aussi encourage-t-elle à « mettre en mot » le plus tôt possible les technologies nouvelles et à débattre de la pluralité des visions du progrès à partir desquelles le futur se prépare.

Une réflexion présentée autour de quatre grands chapitres  

Le premier chapitre s’est attaché à comprendre la genèse des innovations et à examiner les deux grandes visions de ce phénomène, celle qui privilégie le rôle de l’offre (la production d’inventions) et celle qui souligne le rôle déterminant des dynamiques sociales. Il nous invite in fine à considérer les innovations non comme les simples productions d’inventeurs « géniaux » mais comme des « points singuliers », peu fréquents, résultant de la rencontre heureuse de dynamiques techniques et sociales, d’une offre émanant des inventeurs et d’attentes de la société. Il conduit à préconiser, pour l’Académie, une attention accrue au suivi et à la compréhension de ces dynamiques sociales, en partant de la conviction que les difficultés que peut rencontrer la diffusion d’une technologie, les débats qu’elle peut susciter, ne relèvent pas de comportements « irrationnels » vis-à-vis d’une invention « à l’évidence » porteuse de progrès mais d’opinions construites, de convictions et de représentations qui peuvent être explicitées et comprises, à défaut d’être partagées.
 
Dans un second temps, la question des déterminants de l’appropriation, c’est-à-dire des facteurs qui favorisent ou freinent cette appropriation, a été examinée. Cet examen  amène à se départir d’une vision selon laquelle les objets techniques doivent, pour être appropriés, être parfaitement « au point » et répondre essentiellement à des préoccupations fonctionnelles. Sans pousser outre mesure le paradoxe, il apparaît que le caractère inachevé, perfectible, ouvert, réorientable de ces objets constitue un facteur favorisant leur appropriation. Il apparaît également que, sans minorer le rôle des facteurs économiques dans la diffusion des objets techniques, de nombreuses autres dimensions, culturelles, esthétiques, symboliques, psychologiques interviennent dans cette appropriation. En outre, ces dimensions peuvent concerner non seulement les objets eux-mêmes, mais aussi l’ensemble du système technique qui les a générés. Il convient donc que l’Académie poursuive cette exploration des multiples facteurs qui feront qu’un objet technique sera « bon à penser », au-delà de sa seule utilité concrète.
 
La troisième partie de cette réflexion a porté sur les questionnements de la société vis-à-vis des changements de toutes natures induits par les technologies. Elle a conduit à ne pas minorer l’importance de ces changements, en particulier en évitant de les présenter comme de simples « perfectionnements » de technologies déjà présentes ou d’avancer que les inquiétudes qui s’expriment résultent d’une perception inexacte des risques. Il convient au contraire d’ad- mettre que les technologies nous changent en profondeur, aussi bien dans notre perception de l’environnement, de nous-même que de nos semblables. En particulier, ce chapitre souligne le rôle des technologies dans la « mise à plat » du monde, c’est-à-dire du passage d’un monde dominé, dans le travail, l’éducation, la politique, par des relations hiérarchiques à un monde où les rapports horizontaux entre « égaux » prennent une importance économique, sociale et politique croissante. En conséquence, l’ Académie doit accepter et même ambitionner de documenter, dans la mesure du possible, les divers aspects positifs ou négatifs d’une technologie, mais sans prétendre « tenir la balance » au nom de la société, c’est-à-dire sans prétendre se substituer au citoyen ou au décideur politique pour juger du résultat global de ce bilan.
 
Dans un quatrième temps, sont analysées quelques conditions et contraintes de ce nécessaire dialogue avec la société. Tout d’abord, il convient d’accepter que ces demandes de mise en débats s’expriment « à contre-temps », c’est-à- dire en situation de crise économique et sociale. Ensuite, il faut admettre, et faire admettre, que l’évaluation a priori des technologies nouvelles est, certes, néces- saire, mais ne peut prétendre en identifier toutes les conséquences, positives ou négatives, dans une société. Et surtout, il ne faut pas tirer argument de cette impossibilité pour refuser toute responsabilité «morale » dans ses conséquences. 
Enfin, il convient à cette occasion d’affirmer et d’assumer quelques convictions fortes sur la contribution des technologies au progrès, sur la nécessité d’une « mise en mots » aussi précoce que possible des technologies nouvelles et sur l’intérêt d’un pluralisme d’expression de la communauté des technologues.
Cette réflexion nous amène à préconiser en conclusion, pour attirer les futurs innovateurs, de ne plus présenter cette activité comme étant le fait d’inventeurs « géniaux », capables de concevoir de A à Z une innovation et d’en être le « père » incontesté. Il convient de montrer au contraire que, pour élaborer les innovations de demain, la capacité à repérer dans l’ensemble du monde des innovations potentielles, de les développer, de les combiner et de les insérer dans des stratégies de développement économique est tout aussi importante.
Ceci est particulièrement vrai pour les « grands systèmes techniques », qui jouent un rôle de plus en plus important dans nos sociétés et qui nécessitent pour leur élaboration et leur perfectionnement de mobiliser des équipes importantes, de combiner des innovations de procédés autant que de produits et de mobiliser la créativité de personnalités diverses et complémentaires.
 

 
 
 

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