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Isabelle Delannoy

Isabelle Delannoy: L’économie de la symbiose

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Isabelle Delannoy nous présente l’économie symbiotique, une économie basée sur la dynamique du vivant, celui qui sait se recréer, se réinventer, recycler ses déchets et revitaliser ses créations et destructions. Il est question de combiner les apports positifs du paradigme existant (progrès technologiques) avec les enseignements des peuples premiers (qui ont trouvé les clés de la durabilité) et les leçons du vivant (biomimétisme), afin de créer une tierce voie « symbiotique » et durable. Apprendre à régénérer le monde que nous transformons.
Isabelle Delannoy nous parle de la reconnexion de l’homme et du vivant, de la reconnaissance de la puissance technologique humaine dont on a besoin pour sortir de l’impasse dans lequel nous sommes et apprendre à nous reconnecter ensemble pour mettre la puissance du collectif au service du bien commun.
 
Ingénieur agronome spécialisée dans l’écologie, Isabelle Delannoy a commencé sa carrière comme lobbyiste pour les agriculteurs biologiques. Elle a ensuite accompagné Yann Arthus-Bertrand dans son message et ses actions pour l’écologie. En 2008, elle a écrit son film Home.
Activiste à travers ses blogs (eco-echos), ses émissions, ses livres, elle a progressivement quitté les medias pour l’entrepreneuriat, l’ingénierie et la recherche, et a passé ces cinq dernières années à analyser et travailler avec le monde qui émergeait, notamment économique et productif. Elle a conçu une théorie intégrative de ces nouvelles logiques de production et d’organisation économiques, le modèle de l’économie symbiotique.  
Elle accompagne les territoires et les entreprises avec les outils dérivant du modèle à travers son agence de développement économique Do Green, économie de la symbiose, autour de laquelle une association, L’Atelier symbiotique, s’est constituée qui rassemble individus et entreprises voulant accélérer le passage à l’économie symbiotique. 
Elle a rédigé « Nous sommes prêts, l’économie de la symbiose, comment 40 ans d’innovations accouchent d’un nouveau monde » parution prévue chez Actes Sud en 2016. 
 
Partie 1 : L’humanité à un moment de rupture 
« Je pense qu’on est vraiment à un moment de rupture radicale. 
Selon les économistes, ce que nous vivons est aussi radical que la crise de 1929 et les deux guerres mondiales réunie ; selon les historiens, il s’agit d’une nouvelle renaissance ; selon les archéologues, nous revisitons l’humanité depuis le début des grandes civilisations (patriarcales et pyramidales) ; selon les géologues, nous sommes en train de vivre la 6ème extinction des espèces, la dernière étant celle des dinosaures il y a 60 millions d’années. 
Nous sommes à un renouveau de l’humanité. L’économie symbiotique est une reconnaissance de l’intelligence technique du vivant. 
 
L’économie symbiotique, une économie circulaire : quelle est la différence entre économie circulaire et économie symbiotique ? 
Dans l’économie symbiotique il y a un aspect qui est pris en compte par l’agro-écologie, qui voit la puissance des écosystèmes eux-mêmes dont les plus values sont sociales et paysagères et qui sont régénératrices physiologiquement et psychologiquement pour les individus qui côtoient ces écosystèmes et qui réalisent des fonctions identiques pour les sociétés humaines et vivantes.
 
 
Partie 2 : Deux conceptions de l’humanité : Economie symbiotique, transhumanisme  : «  Le transhumanisme c’est une vison de la performance humaine qui est liée à la puissance d’action. »
Civilisations et sociétés premières : deux visions du monde :  Les sociétés premières ont identifié ce qui fait la spécificité du vivant et du coup, la spécificité humaine, à savoir l’unité du vivant. Aujourd’hui ce que nous vivons c’est la reconnexion de l’homme et du vivant, la reconnaissance de la puissance technologique humaine dont on a besoin pour sortir de l’impasse et pour se reconnecter ensemble et la reconnaissance de la puissance individuelle humaine dans le collectif. 
Cette puissance conceptuelle qu’on a justement de pouvoir comprendre un écosystème et recréer une zone humide et de la réaliser en trois semaines alors qu’elle aurait mis des milliers d’années à se former, ça c’est l’apport de l’intelligence humaine. C’est notre puissance technologique qui le permet, et donc cela nous permet d’être plus rapide pour gérer les dysfonctionnements que nous avons créés. »
 
 
Partie 3 :  Une tierce voie : l’économie régénérative 
« Les sociétés premières s’inspirent du vivant et elles font avec lui. Ce qu’on a oublié aujourd’hui dans notre société, c’est la fertilité. On transforme, on transforme le monde mais on oublie de le régénérer. Et ce qui est prodigieux dans l’économie qui est en train d’émerger c’est que c’est une économie régénérative, elle régénère la fertilité financière, économique, sociale du monde parce que c’est une économie de la collaboration.
Cette économie crée deux ruptures, la première c’est de passer de la compétition à la coopération, la deuxième c’est qu’elle reconnaît l’intelligence du vivant et elle fait symbiose avec l’intelligence humaine. 
 
Le paradigme émergent est lié au vivant
La nouvelle économie régénère les ressources naturelles.
L’évolution en spirale : de la conquête paradigme actuel basé sur un modèle linéaire (ligne) et les sociétés premières basées sur le symbole du cercle, les cycles. Aujourd’hui, les deux modèles convergent pour former une autre forme qui est l’évolution en spirale. L’alliance des deux est en plus enthousiasmante. 
 
Dépasser les archétypes
La symbiose c’est quand deux entités voient dans leur différence leur complémentarité. L’économie symbiotique est une économie de la croissance. Pour moi, la vraie rupture c’est l’humanité qui entre vraiment dans le vivant, qui s’émerveille du vivant. L’homme est un catalyseur du vivant. 
On est dans une économie où l’homme est un catalyseur ; les catalyseurs étant des molécules chimiques qui permettent de se faire rencontrer deux molécules et de conduire à une réaction qui, sans catalyseur, aurait mis un temps infini à se rassembler.  
 
 
Partie 4 : Des milliers d’acteurs en action 
En travaillant avec les territoires, cela permet de mettre en lumière les dizaines de milliers d’acteurs qui agissent concrètement partout en France et sur la planète.
On manque de miroir social pour reconnaître cette effervescence sociale, cette dynamique économique manque de média pour être visible. Le politique au niveau national ne voit pas cette modification de l’économie alors que les politiques locaux, eux, l’ont compris parce qu’ils voient les initiatives. On a depuis longtemps dépassé les signaux faibles. 
 
Une conscience planétaire et systémique des problématiques
Exemple : le TAFTA , mobilisation des politiques territoriaux et moins des nationaux.
Conscience climatique.
Depuis les années 2000, les problèmes de cancer, hormonaux, ou le fait que les abeilles meurent par milliers, que les poissons changent de sexe, il y a une connexion qui se fait entre les poissons qui changent de sexe et la puberté ultra-précoce de ma nièce ou la stérilité accrue des couples. Tous ces éléments apparemment disparates sont compris comme faisant partie d’une seule et même réalité. Je manifeste mon droit d’être vivant. 
Comment faire grandir le niveau de conscience et faire comprendre la part transdisciplinaire de la complexité de notre monde systémiquement relié ?
Le paradigme existant n’est pas fait pour résoudre la crise économique existante parce qu’il détruit ce dont il dépend. 
Si on comprend notre monde à l’aide du nouveau paradigme alors cela repose sur les leviers de la dynamique du vivant, c’est complexe parce qu’inter-relié mais pas compliqué.
 
 
Partie 5 :  La coopération pour réaliser le passage au nouveau paradigme 
Les plus jeunes sont « câblés » pour la coopération de part l’utilisation qu’ils font d’Internet. On arrive à coopérer quand on a une question commune, comme un cœur de marguerites, chacun avec ses compétences et ses spécificités, se plugge sur ce cœur, comme les pétales qui vont tous dans le même sens. Ce qui implique d’éviter le jargon, de trouver un langage commun et autour d’un intérêt commun et construire malgré nos différences. C’est cela que j’entends pas symbiose. Cela permet de clarifier les territoires de concurrence et d’identifier les territoires de puissance. Cela pose des questions de gouvernance, de redistribution de la valeur. On trouve en construisant. Aujourd’hui, il faut se jeter à l’eau. 
Nouvelles modalités de gouvernance, de démocratie participative, de coopération qui permettent de créer des innovations radicales.
Des méta organisations apparaissent, ce sont des écosystèmes où chaque entité est indépendante mais s’associe pour répondre à des problématiques ou des appels d’offre.
Nous faisons une mutation 4G ; c’est violent ! Aujourd’hui les acteurs convergent et avec la puissance d’Internet, on va très très vite. Est-ce qu’on ira assez vite pour répondre aux enjeux écologiques ? C’est toute la question… 
Là où se situe une difficulté majeure c’est dans l’appropriation des données du vivant, aussi bien par les GAFA et les données personnelles des individus comme celles des espèces animales ou végétales. Le problème vient que ces sociétés là ne redistribuent pas la richesse. Mais il n’y a pas de gouvernance générale qui permettrait la redistribution généralisée des richesses. 
On a la même chose avec les entreprises, lorsqu’elles fonctionnement en mode symbiotique et régénérative leur performance est accrue. C’est assez enthousiasment en fait. 
 
 
La nécessité d’une gouvernance mondiale 
« Je crois aussi qu’il y a une 3ème voie entre la gouvernance mondiale qui est très centralisée et pyramidale et une non gouvernance, ce qui émerge est cette sorte de… gouvernance mouvante collaborative dans laquelle chacun peut devenir producteur, investisseur, consommateur. Toutes les frontières se brouillent. 
Tout ce qu’on a détruit, on la détruit en 50 ans, sans le savoir, donc qu’est-ce qu’on peut construire en conscience aujourd’hui et avec Internet aujourd’hui.
 
En synthèse, le mot de la fin :
« On a vraiment à un changement de voie possible, ça dépend de nous tous d’y croire, de l’accepter, et de faire le choix de le réaliser. Tout cela n’est pas une volonté qui vient d’en haut, cela se fait nécessairement en collaboration avec les autres. »
 
 
 

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