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innovation et économie

Rapport Lemoine – La nouvelle grammaire du succès : La transformation numérique de l’économie française

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En janvier dernier, une mission gouvernementale sur la transformation numérique de l’économie et de la puissance publique était confiée à Philippe Lemoine (1), Président du Forum d’Action Modernités et Président de la Fondation internet nouvelle génération, par les ministres de Bercy et la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique.

À l’issue de 9 mois de travaux, ayant mobilisé plus de 500 personnes, le rapport de la mission Lemoine a été officiellement remis ce jour vendredi 7 novembre 2014 à Marylise Lebranchu, Thierry Mandon et Axelle Lemaire à l’occasion d’une présentation publique à Bercy. 

Dans son rapport Philippe Lemoine démontre la réalité de la transformation numérique, fait des propositions et émet des recommandations afin que la France, ses citoyens, ses administrations et ses entreprises saisissent les opportunités que porte la transformation numérique. Le rapport, résolument optimiste, démontre que contrairement aux idées reçues, la France n’est pas en retard sur la question du numérique et a des atouts à faire valoir afin que la transformation en cours soit au service de la croissance et de l’emploi. Nous avons tout à y gagner.

La transformation numérique a fait entrer l’économie dans une nouvelle ère

La question du numérique est au cœur des débats et de l’actualité économique et sociétale. Mais lorsque l’on parle de numérique et de transformation, à quoi fait-on référence exactement ?

Le numérique, ce sont d’abord des outils que nous utilisons désormais quotidiennement et dont nous ne saurions plus nous passer, smartphone, site internet, etc. Si l’on parle aujourd’hui du numérique c’est d’ailleurs parce que ce sont les personnes qui font la course en tête et qui donnent le tempo. Mais pour les entreprises et les administrations, la transformation numérique c’est également l’intégration de ces technologies dans les organisations. C’est ce qui crée un faisceau de transformations structurelles qui fait évoluer les business models, en permettant d’offrir de nouveaux services, pour créer ou répondre aux aspirations des clients ou des usagers.

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La technologie de la géolocalisation existe depuis plusieurs années ; c’est l’invention d’une utilisation au service de la mobilité qui a donné naissance à Uber. La mise en relation et la création de communautés ne sont pas nouvelles, mais AirBnB a imaginé de les mettre au service d’une nouvelle offre d’hébergement. Le fait de prendre des passagers en stop ne date sûrement pas d’aujourd’hui, mais c’est BlaBlaCar qui a généralisé le co-voiturage. Trois exemples de nouveaux acteurs, inexistants il y a 5 ou 10 ans qui ont su mettre les nouvelles technologies au service de la création et du développement de nouveaux modèles économiques.

Une prise de conscience de la réalité de la transformation numérique et de ses effets

Le moment choisi pour commander ce rapport est charnière. Certes, le numérique est omniprésent depuis plusieurs années dans les débats. Mais le questionnement autour de ses effets monte en puissance. Désormais, les effets du numérique sont perçus, à défaut d’être analysés : automatisation et effets sur la productivité des facteurs de production ; dématérialisation avec la baisse des coûts de production et de transaction ainsi que l’apparition de nouveaux canaux de distribution et de communication ; et plus nouveau encore, désintermédiation et ré-intermédiation (rôle des nouveaux acteurs, place des données dans les nouveaux modèles). Ces phénomènes ont des effets concrets sur les organisations ; une étude a ainsi démontré que les organisations ayant saisi les opportunités offertes par la transformation numérique présentaient une profitabilité supérieure de 26 %.

L’idée de confier une mission sur la transformation numérique de l’économie révèle une prise de conscience par le gouvernement de la nécessité d’accompagner l’intégration du numérique dans notre économie. Hier, avoir pris le tournant du numérique pour une organisation, c’était disposer d’un site internet ; aujourd’hui, l’effet du numérique est perçu comme étant beaucoup plus large, impactant tous les secteurs et domaines d’activité même ceux que l’on croyait éloignés du sujet. Un acteur aussi emblématique de l’hôtellerie que le groupe Accor, domaine peu virtuel s’il en est, est désormais concurrencé par des sites internet qui captent une partie de sa valeur.

Le moment était donc venu de s’interroger sur les nouveaux modèles qui font l’économie, sur les leviers à mobiliser au service de la croissance et de l’emploi. C’est le sens de la mission confiée par le gouvernement à Philippe Lemoine.

Un rapport optimiste et volontariste appelant une « nouvelle grammaire du succès »

Le rapport Lemoine est une mise en action proposant à la France, à travers ses entreprises et ses administrations, de saisir les opportunités offertes par le numérique.
La mission Lemoine a impliqué une très large concertation avec des acteurs venant d’horizons divers et complémentaires, n’ayant pas l’habitude d’échanger. Cela a permis de faire naître des propositions innovantes et immédiatement transposables.

Le rapport Lemoine dresse un constat bien éloigné du pessimisme ambiant et est très volontariste dans ses propositions. Il ne fait pas preuve d’angélisme pour autant : oui le numérique a des conséquences sur l’organisation du travail ; oui, internet est parfois une redoutable arme qui menace les libertés et qui ruine la confiance ; mais il est également un formidable accélérateur et transformateur des modèles économiques. La révolution numérique constitue également une opportunité au service d’un nouveau modèle de croissance.

Pour Philippe Lemoine, le travail mené démontre que la transformation numérique est plus porteuse d’opportunités pour la France que de risques. En effet, nous avons les armes nécessaires pour la saisir : non seulement les Français ne sont pas en retard, mais nous sommes en avance sur nos voisins européens en matière d’usage du numérique. Nous avons les moyens de tirer profit de la transformation numérique, de faire de nos entreprises des champions, à condition de prendre les mesures qui s’imposent. Et ces mesures, ce ne sont pas des textes réglementaires et législatifs répondant uniquement aux demandes de production. Elles doivent être le fruit de la mobilisation de l’ensemble des acteurs, l’État devant jouer son rôle de stratège en proposant une vision ambitieuse et volontariste en la matière.

Pour la France, la transformation numérique est donc la chance à saisir car elle oblige à conjuguer principe de réalité et principe d’utopie et d’audace en se pliant, ensemble, à cette nouvelle grammaire du succès.

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Un rapport à lire impérativement afin de pouvoir alimenter la grande concertation numérique nationale ouverte par le CNNum jusqu’en janvier 2015.

Pour quelles mises en actions ?

9 projets emblématiques sectoriels définis par les acteurs eux-mêmes, illustrant ce que la transformation numérique peut apporter en termes de nouveaux services et de business models innovants. Un choix guidé à la fois par leur incarnation des différents effets de la transformation numérique, leur caractère renversant pour l’économie et pour l’imaginaire collectif, la nécessité de recourir à une grammaire du numérique pour gérer leur complexité.
53 mesures transverses permettant d’accélérer la transformation numérique et de libérer un important potentiel d’innovation pour l’économie française ;
118 recommandations pouvant nourrir un agenda triennal numérique pour la France pour une transformation numérique durable : un portefeuille de 118 recommandations qui ont vocation à alimenter un agenda triennal numérique pour la France. Il se compose de 85 propositions sectorielles, retenues pour leur cohérence avec les effets de la transfor­ mation numérique et leur impact potentiel sur la performance des secteurs, et de 33 projets transverses, à mettre en œuvre pour inscrire durablement le numérique comme un levier de transformation de l’économie française.

Focus sur les 9 projets emblématiques :

un réseau d’innovation territoriale dans les services de proximité pour les citoyens
Objectif : des tiers lieux innovants pour accéder aux services de proximité
Réponse à l’effet : dématérialisation / nouveaux canaux de communication et de distribution
Stratégie générique : donner une nouvelle valeur aux réseaux physiques et humains en les adossant au numérique ;

une automobile connectée répondant aux nouvelles attentes en matière de mobilité et prototypée en fablab  :
Objectif : Relocaliser valeur et emploi en lançant une automobile pour la génération connectée, conçue à plusieurs et prototypée en FabLab
Réponse à l’effet : dématérialisation / baisse des coûts marginaux de production
Stratégie générique : incorporer de l’intelligence collective dans le produit pour contrecarrer sa commoditisation ;

le paiement anonyme sécurisé grâce aux blockchains :
Objectif : Déployer une solution sûre et peu coûteuse de paiement anonyme fondée sur la technologie des blockchains
Réponse à l’effet : dématérialisation / baisse des coûts de transaction 
Stratégie générique : conforter un métier, en coupant la route de la data aux nouveaux entrants ;

la librairie du futur, première application de la réinvention du commerce : 
Objectif : permettre la création de la librairie du futur et contribuer à la réinvention du commerce
Réponse à l’effet : automatisation / productivité du capital
Stratégie générique : faire la différence par le service humain, en misant sur le numérique pour être compétitif sur la performance logistique ;

le pass mobilité universel sur mesure pour permettre à chaque individu, quelle que soit sa situation de mobilité, de se déplacer sans discontinuité :
Objectif : Permettre à chaque individu, en toutes circonstances, de se déplacer avec un pass mobilité unique
Réponse à l’effet : désintermédiation / réintermédiation / nouveau rôle joué par les personnes
Stratégie générique : utiliser les informations provenant de tous pour améliorer l’expérience de chacun ;

un écosystème d’innovation ouverte sur les maladies chroniques au service de l’amélioration du suivi des patients et de la médecine prédictive : 
Objectif : Créer un écosystème d’innovation ouverte sur les maladies chroniques, visant à améliorer le suivi des patients et la médecine prédictive 
Réponse à l’effet : désintermédiation / réintermédiation / nouveaux actifs issus des données
Stratégie générique : exploiter le big data autour d’un objectif ciblé, en utilisant les objets connectés pour renforcer la pertinence des grandes bases de données administratives ;

des applications d’aide à l’emploi à partir des données de Pôle emploi et de ses partenaires / Emploi Store :
Objectif : Permettre à des développeurs de créer des applications d’aide à l’emploi à partir des données mises à disposition par Pôle Emploi et ses partenaires
Réponse à l’effet : automatisation / productivité du travail
Stratégie générique : allier des petites entités entièrement dédiées aux services personnalisés, aux demandeurs d’emploi ou aux employeurs aux grandes institutions en charge des enjeux collectifs de l’emploi et du travail ;

une plateforme de mobilité pour favoriser la mobilité entre les trois fonctions publiques :
Objectif : Valoriser les postes ouverts et les compétences requises pour favoriser la mobilité entre les trois fonctions publiques 
Réponse à l’effet : automatisation / productivité du travail
Stratégie générique : développer à la fois l’intérêt au travail et l’extériorisation des gains de productivité en facilitant la mobilité professionnelle ;

un « green button à la française » afin d’améliorer la maîtrise des consommations, lutter contre la précarité énergétique et offrir de nouveaux produits et services de gestion de l’énergie :
Objectif : Améliorer la maîtrise des consommations, lutter contre la précarité énergétique et offrir de nouveaux produits et services de gestion de l’énergie
Réponse à l’effet : automatisation / productivité de l’énergie et des matières premières
Stratégie générique : coupler transition énergétique et transformation numérique.

Au total, la transformation numérique présente pour la France plus d’opportunités que de risques. Il est indispensable de voir grand et de voir net si l’on veut profiter de l’énergie bourdonnante de tels dispositifs. Le risque sinon est que ce soient les géants de l’intermédiation qui tirent les marrons du feu : ils ont la culture, la compétence et les moyens financiers pour le faire et ils bénéficient de surcroît d’un coefficient élevé d’admiration dans la population. Cela explique sans doute le fait que Google bénéficie en France de parts de marché bien plus élevées qu’aux États­Unis : 93 % du marché de la recherche sur internet, contre 68 % en Amérique du Nord.

Il est temps que les grands groupes français tournent la page des déconvenues et des humiliations que certains ont pu connaître en essuyant des gadins lors de la bulle internet. C’était il y a 10 ans et le contexte n’est plus le même. Il faut repartir avec des projets forts, originaux et mobilisateurs. (Source : Rapport Philippe Lemoine – 7 Novembre 2014) 

L’intégralité du rapport est téléchargeable ici

(1) Philippe Lemoine est Président-directeur général de LaSer, Président du Forum d’Action Modernités et Président de la Fondation internet nouvelle génération. Entrepreneur engagé, il imbrique réflexion et engagement dans les grands débats de société aux activités de chef d’entreprise. Il a débuté sa carrière en tant que chercheur en informatique et en sciences sociales. Il est l’auteur de La Nouvelle Origine (Nouveaux Débats Publics, 2007).

 

 

 

 

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