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Afrique: l’accès à Internet en pleine accélération. Les lions passent au numérique.

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Ils ne sont pas loin d’un milliard à se connecter à Internet sur tout le continent africain. La demande ne fait qu’augmenter alors que la capacité des réseaux, bien qu’en phase d’explosion, peine encore à satisfaire tous les utilisateurs. Un enjeu stratégique de taille pour les opérateurs et pour le déploiement d’Internet dans une Afrique extraordinairement jeune, qui veut s’informer, échanger, partager, comme tous les internautes du monde.
 
Une étude vient d’être publiée par TeleGeography un important organisme de recherche en télécommunication. Elle montre que les capacités d’accès à Internet croissent en Afrique plus vite que dans toutes les autres parties du monde. Ces capacités se mesurent en évaluant la bande passante qui exprime le trafic à internet en bits/secondes. Alors que dans tous les pays du monde la bande passante a tendance à se réduire de l’ordre de 30 % entre 2011 et 2015, pendant la même période, elle augmente de 51 % en Afrique.
 
Bande passante Internet –  Croissance par région pour la période 2011-2015
 
 
Il est vrai que l’installation de câbles sous-marins pour connecter l’Afrique à Internet a été un investissement majeur. Trois gros tuyaux branchent le continent : le Sea Cable System (Seacom), le Eastern Africa Sub Cable System (Eassy) et le West African Cable System (Wacs). Les effets ne se sont pas fait attendre, multipliant par un facteur de 20 les accès des africains aux réseaux internationaux en à peine cinq ans.
Certes, les capacités de connexion s’accroissent mais il n’en demeure pas moins que les vitesses de connexion sont encore très lentes (1kb/s dans certaines régions), beaucoup plus lentes que dans la plupart des pays occidentaux. Il reste encore du chemin à parcourir pour un Internet de qualité en Afrique, mais le mouvement est lancé et rien ne semble pouvoir l’arrêter.
 
Cela explique certainement la multitude de projets annoncés pour permettre un accès à Internet partout sur notre planète et plus particulièrement dans certaines zones du continent africain : Facebook avec ses drones et Google ses ballons, connexion par satellites ou micro-satellites avec les projets d’Elon Musk, celui de l’entreprise OneWeb, soutenu par Virgin, Qualcomm, Coca-Cola ou encore Airbus, visant à apporter Internet dans des zones difficiles d’accès ou sous-développées.
 
En novembre 2013, l’Institut McKinsey publiait une étude judicieusement intitulée : « Les lions passent au numérique ». Cette vaste enquête pointait le potentiel majeur de transformation d’Internet en Afrique. Tout un programme pour un continent où les infrastructures sont souvent le point faible du développement et de l’accès aux nouvelles technologies, de téléphonie mobile ou d’Internet. McKinsey avait constaté que, dans tous les secteurs, les entreprises africaines utilisant les technologies du Web ont connu une croissance deux fois plus rapide que les autres, générant plus de revenus d’exportation et créant plus d’emplois ; Internet apportant également une valeur considérable aux consommateurs. Les prix en ligne sont en moyenne 10% moins chers en raison de la transparence apportée par les moteurs de recherche. Des dizaines de milliards de dollars ont été conquis en pouvoir d’achat. Le rapport estimait que la contribution d’Internet au PIB annuel de l’Afrique pourrait passer de 18 milliards de dollars en 2014 à 300 milliards de dollars en 2025.
 
Certes, tous les pays n’abordent pas la vague numérique avec la même attitude. Le McKinsey Global Institute (MGI) classe les forces vives de l’Afrique – 14 pays représentant 90% du PIB du continent – en quatre catégories selon leur capacité à tirer profit de la révolution numérique : les « leaders », les « suiveurs », les « émergents » et les « sous classés ». Le classement s’appuie sur un indice articulé autour de cinq critères : la présence d’une stratégie nationale en faveur des technologies de l’information et de la communication (TIC), le niveau des infrastructures, un environnement sain pour les entreprises, le capital financier du pays et la présence d’une main d’œuvre douée de bonnes compétences technologiques. En moyenne, l’indice des pays africains sélectionnés s’établit à 37%, contre 50% dans les pays émergents et 66% dans les pays développés.
 
Selon un article publié dans ParisTech Review, le hit parade africain de McKinsey ne tombe pas sous le sens. Les excellents scores du Sénégal et du Kenya (respectivement 3,3% et 2,9% pour la contribution d’Internet au PIB), les deux seuls « leaders », s’expliquent par la stratégie nationale de ces deux pays. Le Sénégal a été l’un des premiers pays du continent à investir dans la fibre optique et à promouvoir le déploiement des cybercafés. Le Kenya s’est signalé par sa capacité à développer des services mobiles, notamment dans le domaine bancaire. Les deux pays ont été également précurseurs dans la numérisation de l’éducation, de l’administration publique et des soins de santé. Le Maroc et l’Afrique du Sud, deux des plus importantes économies du continent, ne sont que « suiveurs » en raison du retard de leur stratégie TIC. Quant à l’Angola, l’Algérie et l’Éthiopie, ils sont très en dessous de leur potentiel. À l’échelle du continent, Internet représente 1,1% du PIB, contre 1,9% dans les pays émergents et 3,7% dans les pays développés.
 
Néanmoins,Internet est un potentiel catalyseur de croissance pour l’Afrique. Toutefois, ainsi que le souligne ParisTech Review, ce n’est pas une baguette magique. Mais, sans intervenir directement, il permet des interactions nouvelles et de la fertilisation croisée. D’autant que l’Afrique bénéficie en ce moment, dans son commerce extérieur, d’une amélioration des termes de l’échange qui lui permet d’importer de la technologie grâce à ses exportations de matières premières. Le double mouvement de hausse des cours pour les productions locales et de baisse des prix pour les produits importés se traduit par un effet significatif en termes de pouvoir d’achat. Smartphones et infrastructures de communication sont relativement meilleur marché aujourd’hui, ce qui permet à l’Afrique et aux Africains de s’équiper plus rapidement et plus facilement et ainsi d’incorporer de la technologie à leur économie. C’est-à-dire d’importer de la productivité.
 
 
Photo © Reuters/Feisal Omar

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