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dette économique

Dette à effet de serre…

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L’homo œconomicus a bâti le monde contemporain à la mesure de la croissance des valeurs marchandes. C’est à la fois son credo et son carburant, partout dans le monde aujourd’hui. Quand la croissance vient à faire défaut, alors on crée de l’endettement, public et privé, pour la soutenir ou la relancer. Au fond, on n’a jamais recouru qu’à ce moyen. 
 
A l’heure actuelle, nous sommes rendus à un niveau d’endettement global dans le monde jamais atteint, supérieur à ce qu’il était en 2007 au début de la dernière crise financière venue des Etats-Unis. Et de fait, dans le monde que la dette, seule, a ainsi globalisé, les prises de risque excessif des investisseurs (notamment celles du « shadow banking » qui ne rate pas une occasion… de ne pas investir !) susceptibles de se transformer en crise (de l’endettement) sont à la fois plus nombreuses, plus variées, plus puissantes, et en partie plus imprévisibles : elles provoquent des incendies (des bulles, dit-on) qui menacent d’éclater ici ou là, aujourd’hui ou demain, en des lieux et des secteurs multiples avec des effets que l’on dit systémiques pour faire comprendre que l’entraînement délétère est considérable.
 
Où mettre des pare-feu ? C’est très difficile à dire, et davantage à faire, par anticipation. Que les prises de risque soient excessives, cela arrive souvent chez les investisseurs ; mais le fait qu’elles se concentrent le plus souvent dans des secteurs à fort rendement comme l’immobilier, cela affaiblit un peu partout la productivité, et cela empêche alors la croissance de repartir sur des bases non rentières, c’est-à-dire par la voie d’investissements productifs (avec de l’innovation dans le travail, dans les produits, avec des infrastructures, de l’éducation, de la santé,…). Ce fut le cas en 2007 dans l’immobilier aux Etats-Unis où on a prêté beaucoup d’argent à des gens dont on savait qu’ils ne pourraient pas le rembourser. Et c’est encore le cas aujourd’hui (en Chine, notamment mais pas uniquement, qui vient renforcer de son poids la globalisation financière de la planète). Aucun frein induit par l’expérience s’attaquant aux causes (autrement dit, à l’addiction spéculative d’acteurs à la puissance de transfert de risques colossale) ne semble possible !
 
 
Au point qu’aujourd’hui, en poussant à peine le raisonnement et en le généralisant, on peut affirmer qu’il n’y a plus personne pour pouvoir rembourser, et même pour montrer qu’on peut commencer à le faire. Tous les instruments budgétaires et monétaires ont été sollicités, pour certains à leur maximum. Les Etats sont très endettés et ne peuvent plus recourir à leurs contribuables ; les banques sont à peine convalescentes depuis 2007 et prêtent si peu aux entreprises que leur utilité sociale est mise en question ; les Banques centrales ont fait « le boulot » depuis 2008, mais elles ne disposent plus de marges de manoeuvre (1) , comme le montrent les gesticulations actuelles de la Banque Centrale Européenne et de la Federal Reserve Américaine ; enfin, les ménages – pas moins endettés -, on leur prête trop peu d’argent pour soutenir la croissance, assurer un minimum de cohésion sociale et éviter les débordements et désespérances populistes un peu partout.
 
Tout cela, les marchés financiers le savent, naturellement ! L’idée encore récente que des Autorités quelconques avaient pour devoir de les « rassurer » est peut-être déjà hors de portée, car ils sont beaucoup plus nerveux qu’on ne le pense et qu’on ne le dit dans la mesure où personne n’a de solution viable pour garantir ces dettes, sinon de se résoudre à envisager de multiplier les violences dans le monde entier pour se faire rembourser (on a « tué » la Grèce, mais, après tout, on peut « tuer » d’autres pays ; on a tué des millions de paysans dans le monde en faisant effondrer les cours des matières premières, mais on peut toujours se résoudre à accroître le carnage,… ; bref, il y aurait encore de la marge !). 

 
 
L’atmosphère globale est comme empoisonnée par une dette insondable, laquelle potentialise les « externalités » qu’elle génère sans les maîtriser, tel un effet de serre qui produirait en des lieux partiellement imprévisibles des accidents climatiques à intervalles réguliers (1986, 1993, 2000, 2007-2008,… ?). Alors ? Faut-il envisager – les pare-feux – un mouvement de  démondialisation économique ? Non, si ce n’est une franche révision des conditions de fonctionnement des marchés et du soi-disant « libre-échange » international. En revanche, une déglobalisation financière, oui ! et vite pour faire baisser la pression, puis réaffecter des responsabilités au cœur de ces pseudo-marchés! Le tout sans dégâts ? Non, impossible… chacun devra prendre sa part des pertes si l’effondrement devait s’avérer somme toute inévitable… Et dans ces parts-là de pertes, il y a celles d’innombrables projections individuelles et collectives, dans le monde, et en Europe aussi et encore ! 
 
L’Europe, précisément, peut-elle enrayer ce mouvement qui lui échappe et entraîne nos sociétés dans les bas-fonds de logiques d’aléa moral total (2) ? L’an dernier encore, elle croyait pouvoir compter sur le Plan Juncker  pour relancer une croissance non rentière (300 milliards d’euros) à l’échelle du continent, et éviter ainsi la baisse générale de la productivité. Mais son engagement a, semble-t-il, fait long feu : elle n’aurait ni le soutien des banques, ni le soutien des Etats, lesquels ne font aujourd’hui aucun plan d’avenir d’investissements en commun en Europe, notamment sur la transition écologique et sociale (je ne sépare jamais les deux dimensions). Et les citoyens qui en étaient rendus à pétitionner pour encourager une telle relance, focalisée sur le long terme, doivent ranger leurs illusions (3)
 
Il n’est pas courant que les observateurs de la situation financière mondiale soient, pour ce que j’en sais, presqu’unanimes à penser qu’on est « mal barrés » ! N’a-t-on plus qu’à se résoudre à espérer que le constat de cette commune et lucide impuissance soit le produit d’un artefact qui, tel un gri-gri aux pouvoirs magiques, nous préserverait d’une catastrophe ?        
  

 
 
(1) … Encore que, dans ce monde sans boussole, les idées ne manquent pas du côté de la géoingéniérie financière (voir l’article de Jean-Marc Vittori dans les Echos du 15 mars 2016 ) !

(2) On se reportera à l’article « Sociétés de marchés financiers, sociétés d’aléa moral total », UP Magazine, Janvier 2014
(3) Voir l’« Adresse aux dirigeants politiques européens », Bruxelles, 4 décembre 2014, à l’occasion de la tenue les 3 et 4 décembre des « Assises européennes du long terme » – Confrontations Europe – L’Europe a besoin de nous tous pour écrire son avenir.
 

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