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Cerveau téléchargé

Seriez-vous prêt à vous faire vitrifier le cerveau pour le télécharger plus tard ?

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C’est à la startup américaine Netcome que revient cette idée bizarre. Vitrifier le cerveau, par un procédé breveté, pour préserver, en état de fonctionnement, les connexions neuronales. Puis le conserver pendant un nombre indéterminé d’années, jusqu’au moment où l’on saura le télécharger sur un support capable de refaire fonctionner les synapses engourdis. L’opération séduit déjà une file d’attente de personnes un peu mégalomaniaques qui souhaitent transmettre leur précieuse cervelle à la postérité. Le hic, c’est que l’opération est fatale. Une fois votre cerveau vitrifié, vous ne ferez plus partie de ce monde. Il vous faudra attendre un peu pour voir le prochain…
 
Nectome, cette startup fondée en 2016 par deux chercheurs du MIT, espère offrir une application commerciale d’un nouveau procédé de préservation du cerveau, appelé « cryoconservation stabilisée à l’aldéhyde ». Le processus, qui aboutit à ce que le cerveau soit « vitrifié » – le terme que la startup emploie pour désigner essentiellement la transformation du cerveau en verre – est suffisamment prometteur pour qu’il ait remporté deux prix de la Fondation pour la préservation du cerveau, pour avoir préservé le cerveau d’un lapin en 2016 et le cerveau d’un cochon en 2018.
L’entreprise a obtenu une importante subvention fédérale du U.S. National Institute of Mental Health, et collabore avec Edward Boyden, un des meilleurs neuroscientifiques du MIT.
 
Le secret de la startup est de préserver votre cerveau dans une solution vitrifiante qui scelle efficacement toutes les connexions neurales dans un état semblable à celui du verre. La startup espère ainsi conserver le précieux organe intact, pendant des dizaines, des centaines voire des milliers d’années, jusqu’au jour où quelqu’un trouvera le moyen de le modéliser dans un logiciel.
 
Tout cela paraît très joli, mais il y a un gros inconvénient. Pour que le processus de vitrification préserve un cerveau suffisamment intact pour laisser l’espoir d’un chargement ou d’un réveil précis, il doit être effectué au moment de la mort. Ou, plus précisément, la vitrification doit être la cause du décès : le sujet/client/victime voit le flux sanguin vers son cerveau remplacé par les produits chimiques de vitrification qui préservent la structure neuronale, mais tuent le patient. Plus macabre encore, le processus ne fonctionne pas si le sang est refroidi. Il faut donc mettre en œuvre la vitrification pendant que le cœur bat encore…
 
Nectome estime que son service est légal dans certains États américains dotés de lois rigoureuses sur l’euthanasie, y compris en Californie, où des lois sur le  » décès dans la dignité  » sont en vigueur depuis deux ans. Cependant, même dans ce cas, la société ne prévoit pas d’utilisation réelle de ses services avant 2021.
 
L’autre inconvénient de Nectome est que, comme la plupart des entreprises de cryopréservation, l’entreprise n’a pas la moindre méthode réelle pour relancer ou télécharger les cerveaux qu’elle stocke. Nectome, selon ce qu’on lit sur son site web, espère démontrer une simulation entièrement téléchargée d’un « réseau de neurones biologiques » vers 2024.
 

Liste d’attente

Malgré tous ces aléas, la startup affiche une liste d’attente de clients intéressés, qui ont déjà versé chacun 10 000 $ pour faire partie de l’aventure.
Ce goût pour la conservation post-mortem en vue d’une ressuscitation future n’est pas nouveau. Des entreprises de cryogénisation fonctionnent déjà depuis longtemps, avec un certain succès commercial. La différence avec Nectome, c’est que l’organe n’est pas congelé, il est vitrifié ce qui peut laisser espérer une meilleure conservation des tissus et surtout des connexions neuronales.
Néanmoins, il y a un pas de géant à faire pour transposer ce qu’il y a dans notre matière grise, faite de sang et de chair, en codes digitaux.  De plus, on ne sait pas grand-chose sur la conscience. A-t-elle besoin d’un corps pour fonctionner ? Mystère. Même s’il reproduit les connexions neuronales du cerveau vivant –ce qui n’est pas gagné –, comment ce cerveau téléchargé fonctionnera-t-il sans support corporel ? Nul ne le sait.
 
Puisqu’on est sur les fantasmes, comment ce cerveau vitrifié et conservé sera-t-il protégé d’attaques informatiques ? Des hackers un peu tordus auront sans doute envie de pénétrer le cerveau d’une personnalité ?
 
Les questions sur cette « innovation » sont nombreuses. Il en est tout de même une qui vaut la peine d’être posée : nous encombrons déjà suffisamment les générations futures de tous nos déchets, pollutions et miasmes. Faut-il en plus leur transmettre des containers de vieux cerveaux ayant, il y a longtemps, fait pour la plupart la preuve de leur immense inefficacité ?
 
Source : Science Alert, MIT Technology Review
 
 

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