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Intelligence Artificielle : la France est-elle à la hauteur ?

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Alors qu’Elon Musk annonce, à grand renfort de buzz médiatique, le lancement de sa société NeuraLink, destinée à développer un implant qui permettrait à notre cerveau de communiquer avec une Intelligence Artificielle, le gouvernement français réfléchit. Il a commandé un rapport à 500 experts, chercheurs et représentants du monde de l’entreprise sur le sujet. « France IA » vient d’être publié et il nous laisse sur notre faim.
 
À la demande de Thierry Mandon, Secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et de l’ancienne Secrétaire d’État au numérique Axelle Lemaire (remplacée depuis par Christophe Sirugue), plus de 500 experts, chercheurs, chefs d’entreprise, parlementaires, ont travaillé sur les problématiques liées à l’Intelligence Artificielle (IA). Une question était posée : comment développer en France la recherche et l’innovation dans le domaine de l’IA ?
Pour y répondre, le rapport a défini un champ de recherche très ambitieux allant de l’établissement d’une cartographie française de l’IA à l’inventaire des projets de recherche, en passant par les modalités d’applications industrielles ou la mise en œuvre d’un débat public sur le sujet. Autant de questions nécessaires pour dessiner la future stratégie nationale sur l’IA. Une stratégie articulée sur 59 recommandations.
 
C’est peut-être la dernière initiative de l’actuel gouvernement. Ne vient-elle pas un peu tard ? Le président de la République François Hollande fait de l’IA un enjeu national dans lequel notre pays possède de nombreux atouts. Mais il admet que le risque serait de « se contenter du statut de consommateur captif d’innovations conçues et valorisées ailleurs ». Il est juste temps de faire de notre pays ce que le président rêve qu’il soit : « un producteur incontournable qui contribuera à dessiner le futur visage de l’intelligence artificielle, et donc celui du monde qui vient. »
 
Le problème avec l’IA c’est que les progrès techniques s’accompagnent immanquablement d’interrogations éthiques, sociales et sociétales. C’est un bien, mais tous les pays du monde ne sont pas, à cet égard, sur la même longueur d’onde. Les enthousiasmes pour les prouesses technologiques claironnent, mais les doutes et les craintes, quand ce n’est pas les peurs plus ou moins rationnelles, surgissent toujours. Alors, le rapport de France IA cherche à clarifier le débat actuel sur l’intelligence artificielle en mettant en avant les enjeux et le potentiel d’avenir que la maitrise de ces technologies représente. Il veut aussi mobiliser la communauté de l’IA en France et à l’international et définir un plan d’action et de mobilisation des financements, notamment via le Programme d’Investissements d’Avenir. En filigrane, le rapport veut affirmer le leadership de la France en Europe et dans le monde.
 
Ces vœux (pieux ?) se fondent sur un certain nombre de réalités. Oui, la France dispose d’un réseau très dense de plus de 250 équipes de recherche qui s’activent sur l’IA pure, sans compter les milliers de chercheurs en sciences humaines et sociales qui travaillent sur le sujet. C’est aussi une vérité que de dire que la France est présente dans quasiment tous les secteurs impactés par l’IA, que ce soit la robotique, l’interaction homme-machines ou le droit de l’IA. 270 startups françaises s’affairent activement sur ces questions. Mais, s’il est argumenté, documenté et bien charpenté, ce rapport pêche parfois par manque de lucidité.
 
En effet, cette initiative française ne vient-elle pas déjà trop tard ?  En matière d’IA, la part prépondérante de la recherche revient à la sphère privée, dominée aujourd’hui par les américains et certainement demain par les entreprises chinoises. Des groupes comme Facebook, Microsoft, IBM, Google pour ne citer que les plus connus, mais aussi les chinois Baidu ou Xiaomi injectent des milliards de dollars dans les projets d’IA. L’argent n’est pas tout ; ils débauchent les meilleurs chercheurs partout dans le monde. L’année dernière, c’est Facebook qui ouvrait son centre dédié à l’IA à Paris, accueillant plusieurs dizaines des meilleurs spécialistes hexagonaux. A la tête de l’équipe IA de Facebook, un français : Yann LeCun.

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Dans le cadre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologies (OPECST), les sénateurs français ont publié eux-aussi un rapport, le lendemain de la présentation de celui du gouvernement. Dès l’introduction de leur enquête, ils dénoncent : « les laboratoires français sont pillés de leurs chercheurs par les multinationales nord-américaines et chinoises. » Et ces recherches financées à coups de milliards de dollars font des progrès fulgurants. On a beaucoup parlé de cet ordinateur qui a battu platement le champion du monde de Go. Mais chaque jour, de nouvelles avancées sont annoncées dans tous les domaines : en robotique, dans les véhicules, dans le domaine de la santé, etc. Tous les domaines de la société sont impactés par les algorithmes d’IA.

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Certes, on peut mettre des bémols à ces annonces tonitruantes. C’est ce que s’attache souvent à faire Jean-Gabriel Ganascia, expert dans ce secteur. Il tente de rassurer en expliquant dans son dernier livre Le mythe de la Singularité, que l’IA n’est pas prête de détrôner l’humain et que le moment de la Singularité, celui où l’intelligence de la machine surpassera celle des humains, n’est pas pour demain matin. Il n’en demeure pas moins que les avancées se font, sans la France.
 
Or le vrai danger — immédiat, celui-ci — de l’IA ne vient pas de ce qu’elle pourrait remplacer les humains, mais de la superpuissance dont se dotent les grandes multinationales du secteur. Ces entreprises ont acquis une taille et un pouvoir qui rivalisent avec ceux des États. De surcroît, leur ambition, est de se substituer aux grands États. Dans un entretien à l’hebdomadaire l’Express, Jean-Gabriel Ganascia explique : « Par exemple en proposant des services (payants) qui touchent aux grandes fonctions régaliennes, comme la sécurité avec la reconnaissance faciale ». Il poursuit : « Les États sont incapables [de produire eux-mêmes ces services], limités par le manque de base de données et les lois qui protègent en principe les citoyens. Eux [Facebook, Google], ils n’ont pas ce problème, puisque les photos, ce sont nous qui les leur donnons ! »
 
Cette question de la souveraineté des États mise à mal par l’IA mérite des réponses à la hauteur. D’autant que les impacts sur la société commencent à se faire sentir partout avec notamment les pertes d’emplois dues à la robotisation.

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Les réponses apportées par les pouvoirs publics, si elles sont nécessaires, sont-elles suffisantes ? Pour alimenter le rapport gouvernemental France IA, France Stratégie s’est aussi fendu d’un rapport sur le sujet. Co-signé par le startuper Rand Hindi du Conseil national du numérique (CNUM) et Lionel Janin de France Stratégie, le rapport pointe les mesures à mettre en œuvre pour « anticiper les impacts économiques et sociaux de l’IA ». Un titre qui en dit long sur ce que les auteurs pensent d’un combat perdu d’avance. Certes, le rapport souligne l’importance des données qui forment le nutriment de l’IA. Il propose de veiller à ce que « la machine reste au service de l’humain ». Il prêche enfin pour « une large concertation sur l’intelligence artificielle et sur les transformations de l’emploi qui en découlent ».
En guise de remède, l’accent est mis sur la formation, toujours la formation, encore la formation : « Parce que les tâches vont continuer à se transformer, nous avons plus que jamais besoin d’une formation individuelle tout au long de la vie. Faute d’anticipation, nous pourrions nous trouver confrontés aux suppressions d’emploi ; faute de mobilisation, nous courons le risque d’un décrochage économique et stratégique. »
Un diagnostic et des solutions qui révèlent à quel point l’émergence de l’IA et ses progrès fulgurants laissent nos gouvernants médusés si ce n’est désarmés, ne leur laissant comme issue que d’essayer de contenir tant bien que mal une poussée irrésistible et surtout inéluctable.
 
Que faire face à ce combat qui semble être perdu d’avance ? Elon Musk, le milliardaire aux idées prolifiques, patron de Tesla, de Space X, celui qui veut envoyer des colonies de terriens sur Mars, vient de proposer une idée qui a fait grand bruit : nous équiper d’implants électroniques dans le cerveau pour augmenter notre intelligence.

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L’annonce du lancement de sa société NeuraLink a rempli de satisfaction tous les tenants du transhumanisme. Elle est étonnante, venue d’un homme qui s’est toujours déclaré méfiant vis-à-vis de l’IA, pressentant même, à l’instar de Stephen Hawkins ou de Bill Gates, qu’elle était le plus grand danger qui menaçait l’humanité. Alors pourquoi cet apparent revirement ? Peut-être parce que Musk sait que le combat pour contenir l’avancée de l’IA est déjà perdu. Et que le seul moyen que nous ayons pour sauver l’humanité du futur péril d’une IA forte, est d’être plus intelligents que les machines. Pourquoi pas à l’aide de puces électroniques et d’algorithmes destinés à booster nos neurones ?
 
 
 

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