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Du rire aux larmes. Tous, nous sommes Charlie

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Après l’effarement et la sidération devant l’horreur de l’attentat, jaillissent les cris et les larmes du chagrin, puis le rire nous surprend à la vue des dessins et des textes des créateurs géniaux de Charles Hebdo. Les émotions nous submergent. La tristesse, la nostalgie n’ont pas fini de nous chambouler. Elles se confondent avec le rire suscité par ces artistes talentueux. Mal connue, car peu étudiée, il s’avère que la vertu thérapeutique du rire ne fait plus de doute.

Quand le rire nous secoue, différents effets neurophysiologiques se produisent. Ils sont au nombre de trois :

• Un processus mental et émotionnel apportant la joie : à l’origine du déclenchement du rire, une stimulation perceptive surprend le cerveau. Quelque chose que nous n’attendions pas se produit, une nouvelle expression est captée. Les neurones codant l’expression du rire sont situés dans le tronc cérébral qui régule les grandes fonctions vitales (respiration, battements cardiaques, pression artérielle). Ces centres nerveux coordinateurs sont reliés au cerveau limbique qui analyse la situation en lien avec notre environnement. Produisant ainsi une perturbation émotionnelle joyeuse. Ensuite le cortex va laisser faire ou empêcher le rire en fonction de l’évaluation qui sera faite de la pertinence de la stimulation. Mais le système limbique a le pouvoir de déconnecter le cortex conscient en un rien de temps ! Alors le rire se déploie dans un lâcher-prise libérateur.

• Un impact physiologique relaxant et régénérant pour l’organisme les stimulations cérébrales et physiologiques sont déclenchées simultanément. Ces dernières s’expriment par des accélérations respiratoires, des soubresauts du diaphragme, une stimulation cardiaque suivie d’une accalmie, permettant ainsi une oxygénation de l’organisme. Elles produisent une détente musculaire et un relâchement des sphincters pouvant aller jusqu’à déclencher des incidents communément appelés « pipi culotte ». Elles s’accompagnent également d’une ouverture du larynx produisant des gloussements syncopés. Cette détente de l’organisme est précieuse, elle apporte un effet relaxant et assainissant pour l’organisme.

• Une action chimique diminuant la souffrance : tout ceci s’accompagne d’une production chimique, adrénaline, dopamine, endorphines. Ces dernières inhibant la douleur. C’est une des raisons de la présence des clowns dans les services pédiatriques des hôpitaux. Ils sont chargés de soulager les enfants en souffrance. Le stress et la souffrance sont diminués au moins temporairement.

Le dessin est un média particulièrement puissant. S’adressant principalement au cerveau droit, il rencontre une zone sensible à l’humour. Mais nous ne rions pas tous des mêmes blagues. Car le rire se déclenche ou pas en fonction de l’évaluation faite par le sujet. Dans les zones limbiques du cerveau, le lien avec le contexte est immédiatement fait. La personne décide si c’est drôle ou pas en fonction de son propre référentiel. Ce qui fait rire l’un ne fait pas rire l’autre. Dans le cadre de la liberté d’expression, la diversité des points de vue exige des règles et le respect des différences d’opinions. Quelquefois le rire est interdit, le sujet est tabou, d’autre fois on rit malgré soi. La nature à elle seule ne suffit pas pour contenir les émotions violentes liées aux différences de croyances. La société républicaine a défini un cadre et des lois afin de protéger la liberté d’expression dans le respect de certaines limites. Ces règles auraient dû protéger l’équipe de Charlie Hebdo. Mais quand les cerveaux sont envahis par la haine de l’autre, nous sommes bien démunis pour les arrêter.

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Rire et larme sont des mécanismes proches. Le neurologue Michel Dib précise que ces émotions passent par des réseaux assez voisins. « Dans les deux cas, la fonction est de même nature : vider l’organisme de la pression psychique accumulée, qu’elle soit positive ou négative. Les chemins se confondent parfois, ce qui expliquerait les cas de fou rire en situation de stress extrême, ou les larmes en cas de joie immense ». Devant des difficultés existentielles, notre cerveau refuse de se laisser abattre. Un système de défense se met en place. Rire ou larme, les deux ont le même type de fonction.

Merci à Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Honoré, à l’économiste Bernard Maris, à la psy Elsa Cayat ainsi qu’à tous les collaborateurs de Charlie Hebdo, de nous avoir oxygéné le cœur et l’esprit pendant toutes ces années. Merci pour leur talent, leur générosité et leur courage. Si nous pouvons « pleurer de rire », si les larmes nous viennent quand le fou rire nous envahit, c’est aussi parce que le sanglot du rire et le sanglot des larmes sont apparentés. Aujourd’hui, pour Charlie, ils se confondent.
 

 

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