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Explosion des cas de microcéphalies : les insecticides ont-ils fait muter le virus Zika ?

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L’OMS est en panique face aux graves microcéphalies qui se comptent en milliers de cas dans des pays touchés par le virus Zika. Une polémique enfle au sujet de l’impact des insecticides. Et si le pyriproxyfène incriminé agissait, non pas sur les fœtus mais sur les virus ? Conduisant à un Zika, devenu redoutable. Radiographie d’une situation qui se complexifie de jour en jour. 
 
Les mères pleurent au Pernambuco : 1447 cas de microcéphalie chez les nouveau-nés ont été signalés depuis l’été dernier, dans cette région du Nordeste du Brésil – grande comme le Portugal. Depuis septembre, à l’hôpital Oswaldo-Cruz de Recife, sa capitale, les femmes arrivent par dizaines pour des consultations de nouveau-nés à tête réduite. « Il ne peut  s’agir d’une maladie chromosomique» a rapidement reconnu la docteure Angela Rocha, pédiatre spécialiste des maladies infectieuses face à cette véritable épidémie. 
 
Bien sûr le monde médical a rapidement pensé à une origine virale puisque l’on sait que des virus comme la rubéole, ou le cytomégalovirus (CMV), peuvent causer des malformations parfois sévères lorsqu’ils sont transmis à l’embryon et au fœtus. Alors que la femme enceinte présente une infection bénigne comme les autres adultes ou les enfants, l’infection du futur bébé est très grave et provoque un mauvais développement du cerveau. 
C’est le virus Zika – transmis par piqure du moustique Aedes aegypti – qui semble ici le suspect numéro un. Même si, depuis quelques jours, un collectif de pédiatres argentins incrimine une autre origine, celle d’un insecticide, le pyriproxyfène. Ces derniers ont lancé un cri d’alarme le 8 février, publiant un rapport inquiétant. Comparant les zones où sont apparus les cas de microcéphalies avec celles où les réserves d’eau ont été traitées par des programmes des autorités brésiliennes, ils suspectent le pyriproxyfène d’être à l’origine des malformations fœtales. 
 
Mais les toxicologues se montrent dubitatifs. En effet cet insecticide autorisé en Europe depuis juin 2010 est une molécule sans effet neurotoxique connu. Analogue de l’hormone juvénile des insectes, elle agit en inhibant la mue larvaire mais elle n’a aucun récepteur hormonal chez les vertébrés ou chez l’homme. L’insecticide – fabriqué par l’entreprise japonaise Sumitomo Chemical, partenaire du géant Monsanto – a reçu fin 2014 le feu vert des autorités brésiliennes pour traiter directement les réservoirs d’eau potable et éviter ainsi la prolifération des moustiques, vecteurs de dengue et Zika. Selon le spécialiste Fabrice Chandre, de l’équipe Evolution des systèmes vectoriels au laboratoire Mivegec de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), le pyriproxyfène qui est utilisé comme au Brésil, pour traiter l’eau des réservoirs d’eau de boisson, sert au même traitement depuis plus de dix ans en Asie du Sud-Est, sans avoir causé d’effet néfaste. De plus, si les pédiatres ont corrélé les zones traitées avec les cas de microcéphalies il faut relever que de nombreux enfants nés avec cette anomalie habitent des régions qui n’ont pas reçu de pyriproxyfène. Le chercheur de Montpellier se montre rétif à l’explication des pédiatres argentins : « On a détecté la trace du virus dans le sang des 18 femmes ayant accouché d’enfants microcéphale en Polynésie, lors des premières épidémies du virus Zika ». Autre contre-argument : Les échographies des femmes portant des bébés malades, détectent dans le cerveau des fœtus des calcifications, cicatrices manifestes de lésions infectieuses. 
 
Une piste pourrait-elle venir d’un usage non approprié du produit ? Les épandages aériens réalisés pendant 18 mois, ainsi que le traitement des eaux à boire conduisent à une exposition inédite et récente de milliers de fœtus au pyriproxyfène. Un groupe de médecins brésiliens, l’ABRASCO, considère que cette stratégie de lutte vectorielle chimique est soutenue par le lobby de l’industrie des pesticides, très présente dans les ministères latino-américains de la Santé ainsi qu’au sein de l’OMS et du PAHO. 
Certains toxicologues envisagent des effets cumulés non prévisibles. Annette Lexa, membre du réseau européen des toxicologues (EUROTOX)  considère  que « Le profil toxicologique du pyriproxyfene n’est, en soi,  pas dangereux : il est faiblement toxique, non mutagène, non reprotoxique, non génotoxique » ; elle note qu’il est toutefois « bioaccumulable dans les graisses ». Il a été testé sur des rats, des souris et  des chiens. «On a calculé la dose admissible sur ce test chien pendant un an, souligne-t-elle. Il n’y a pas grand-chose à dire au sujet du dossier d’évaluation ».  
 
La toxicologue rapporte que l’Agence de sécurité environnementale (ex – AFSSET) a évalué, dans le cadre de la lutte contre le Chikungunya, les scenarii d’exposition pour un épandage à la main. Mais rien n’a été signalé non plus de ce côté. « Cependant, estime Annette Lexa, les expositions par épandage aérien ou en le diluant directement dans les réservoirs d’eau potable de ville n’ont pas été évalués. Et c’est une molécule pour laquelle il n’y a aucune donnée humaine ».
 
Pour conclure, l’hypothèse d’une mutation du virus ZIKA (virus à ARN qui peut provoquer des encéphalites) n’est pas impossible. Reste à savoir pourquoi il aurait muté seulement dans cette région du Brésil ? Un effet cocktail chimique peut être imaginé d’autant que d’autres insecticides sont utilisés, et que le milieu tropical est favorable…
 
 

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