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vaccin contre pneumonie

Bronca des médecins contre les pratiques commerciales des laboratoires

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Les laboratoires pharmaceutiques dégagent des profits colossaux sur la vente de médicaments. Leur performance est six fois supérieure à celle de l’industrie du luxe. Ces pratiques commerciales et financières sont un obstacle à un accès plus facile et généralisé aux médicaments. C’est donc un enjeu majeur de santé public aussi bien dans nos pays en Occident, que dans les pays émergents. Les médecins ont pris l’initiative aujourd’hui de dénoncer ces pratiques. D’un côté, Médecins sans frontières demande le rejet d’un brevet déposé par Pfizer d’un médicament contre la pneumonie : une première mondiale qui est dictée par l’objectif de permettre l’accès aux soins au plus grand nombre. En même temps, en France, une centaine de médecins cancérologues signe une tribune dans Le Figaro pour dénoncer les marges exhorbitantes des laboratoires pharmaceutiques. Alors que le monde de la santé était celui jusqu’à présent de la discrétion, voire de la connivence, cette bronca ressemble à une prise de conscience dont il faudra suivre les développements avec atttention. 

Médecins Sans Frontières s’oppose à la demande de brevet de Pfizer sur le vaccin contre la pneumonie 

Médecins Sans Frontières a déposé aujourd’hui en Inde une demande de rejet du brevet de la compagnie pharmaceutique américaine Pfizer sur le vaccin conjugué contre le pneumocoque (PCV13). L’organisation espère ainsi favoriser l’émergence d’une version plus abordable du vaccin pour les pays en développement et les organisations humanitaires. C’est la première fois que le brevet d’un vaccin (bio similaire) est remis en question par une organisation médicale, dans le but de permettre à des millions d’enfants supplémentaires d’être protégés contre la pneumonie.
 
La pneumonie est la première cause de mortalité infantile, tuant près d’un million d’enfants chaque année. Actuellement, seuls deux laboratoires pharmaceutiques, Pfizer et GlaxoSmithKline (GSK), produisent le vaccin qui pourrait sauver un grand nombre de ces vies. Pfizer facture le PCV13 (commercialisé sous le nom de Prevenar) à un prix trop élevé pour de nombreux pays en développement et organisations humanitaires. Il coûte aujourd’hui 68 fois plus cher de vacciner un enfant qu’en 20011, d’après le rapport The Right Shot, publié par MSF l’année dernière,  rapport sur l’évolution du prix des vaccins. Le vaccin contre la pneumonie représente à lui seul près de la moitié du coût de la vaccination d’un enfant dans les pays les plus pauvres.
 
« Le vaccin contre la pneumonie est le vaccin qui se vend le mieux à travers le monde. Sur la seule année 2015, Pfizer en a vendu pour plus de 6 milliards de dollars, alors qu’au même moment de nombreux pays en développement – où des millions d’enfants peuvent être exposés à la pneumonie – ne pouvaient se l’offrir, indique le Docteur Manica Balasegaram, Directeur Exécutif de la Campagne d’Accès aux Médicaments Essentiels de MSF. Pour s’assurer que tous les enfants où qu’ils soient puissent être protégés contre cette maladie mortelle, il faut que d’autres fabricants entrent sur le marché et fournissent un vaccin à un prix beaucoup plus faible que celui pratiqué par Pfizer. »
 
Un fabricant de vaccin en Inde a déjà annoncé qu’il pouvait introduire un vaccin contre la pneumonie au prix de six dollars par enfant (pour les trois doses nécessaires) pour les programmes de santé publique et les organisations humanitaires telles que MSF. Il s’agit d’une réduction de près de moitié du prix par enfant le plus bas pratiqué actuellement, et uniquement pour un nombre limité de pays en développement via les financement institutionnels attribués à Gavi, l’Alliance du Vaccin.
 
En 2015, lors de l’Assemblée Mondiale de la Santé, l’ensemble des 193 Etats Membres ont adopté à l’unanimité une résolution historique demandant l’accès à des vaccins plus abordables ainsi que plus de transparence en matière de tarification des vaccins. « L’année dernière, plus de 50 pays, dont l’Indonésie, la Jordanie et la Tunisie, se sont prononcés contre le prix des vaccins et les difficultés à introduire les nouveaux vaccins. Nous ne pouvons plus attendre que tous les pays puissent se payer ce vaccin », indique Balasegaram.
 
L’opposition à une demande de brevet – un droit offert aux citoyens au moment de l’examen de la demande de brevet – consiste à soumettre une analyse technique au bureau des brevets, afin de démontrer que tel aspect d’un médicament ou d’un vaccin ne mérite pas d’être breveté selon la législation indienne. Un brevet similaire à celui qui est contesté aujourd’hui a été révoqué par l’Office Européen des Brevets et est actuellement contesté en République de Corée. Le brevet de Pfizer concerne la méthode permettant d’associer 13 antigènes importants du pneumocoque.
« Notre opposition à la demande de brevet démontre que la méthode que Pfizer essaie de breveter est trop évidente pour mériter un brevet selon la loi indienne. Il s’agit juste d’une façon de garantir un monopole à Pfizer pour de nombreuses années à venir, explique Leena Menghaney, responsable de la Campagne d’Accès de MSF pour l’Asie du Sud. L’Inde doit repousser les demandes des laboratoires pharmaceutiques, soutenues par les pressions diplomatiques des Etats-Unis et d’autres pays, visant à changer les critères d’adoption des brevets et à limiter la compétition des génériques. La demande injustifiée de brevet de Pfizer sur le vaccin contre la pneumonie devrait être rejetée et ouvrir la voie à la production de versions plus abordables. »
 
Après des années de négociations infructueuses avec Pfizer pour faire baisser le prix du vaccin dans ses propres projets, MSF s’oppose désormais à la demande de brevet en Inde, pour permettre aux fabricants qui projettent de produire le vaccin contre la pneumonie de ne pas être confrontés à cet obstacle clef au moment du lancement d’une version plus abordable.
« La pneumonie tue un enfant toutes les 35 secondes, ajoute Balasegaram. En tant que médecins, nous avons vu trop d’enfants mourir de la pneumonie, et nous n’allons pas reculer tant que ce vaccin n’est pas accessible à tous les pays. »

Des médecins français dénoncent le prix exorbitant de certains médicaments

La position de Médecins sans frontières tombe alors que des médecins dénoncent le prix exorbitant de certains médicaments, notamment ceux préconisés contre certains cancers, suscitant jusqu’à la colère de nombreux cancérologues. Une tribune publiée par les cancérologues Dominique Maraninchi et Jean-Paul Vernant, ce mardi dans «le Figaro», demande l’instauration d’un «juste prix» des traitements.
«De nombreuses innovations thérapeutiques apparaissent dans le domaine du cancer. (…) Pourtant, le coût d’abord croissant et maintenant exorbitant de ces innovations risque fort de compromettre ces espoirs», écrivent ces deux spécialistes, respectivement ancien président del’Institut national du cancer (Inca) et auteur des recommandations du troisième Plan cancer.
Selon les cancérologues, le coût de ces médicaments n’est nullement justifié par leur investissement en recherche et développement (R&D). Au contraire, «de façon paradoxale, les prix des nouveaux produits explosent alors que le coût de leur R&D a diminué», écrivent-ils. «Alors que les anciens traitements du cancer étaient souvent issus de longs et difficiles screenings (dépistages) plus ou moins systématiques», les nouvelles molécules «visent des cibles définies a priori, et le plus souvent fournies par la recherche publique», soulignent les deux cancérologues. «Par ailleurs ces nouveaux traitements bénéficient d’autorisations de mise sur le marché (AMM) très rapides», notent-ils.
«Les comptes de l’industrie pharmaceutique eux-mêmes confirment cette faible charge, où en moyenne 15 % du chiffre d’affaires de la branche sont alloués à la R&D contre plus de 25 % pour les dépenses de marketing, et où les marges bénéficiaires annoncées excèdent 15 %», pointent également d’éminents spécialistes, parmi lesquels se trouvent les présidents de l’institut Curie et de l’Institut Gustave Roussy, Thierry Philip et Alexander Eggermont, ainsi que Patrice Viens, président d’Unicancer (groupe hospitalier dédié à la lutte contre le cancer).
Pour eux, il faudrait « rendre le système d’arbitrage des prix plus démocratique et transparent, en y associant (…) des représentants des patients et des professionnels ». Ces spécialistes demandent en outre « de ne plus accepter les extensions de durée des brevets que la rapidité du développement des nouvelles thérapeutiques ne justifie pas » et « d’autoriser, comme cela existe déjà pour les traitements du Sida et des infections opportunistes, l’utilisation de licences obligatoires pour les pays en développement ».
 

 
 

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