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Médecine traditionnelle chinoise
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Pour la première fois, l’OMS va reconnaître la médecine traditionnelle chinoise

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L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’apprête à introduire, pour la première fois, la médecine traditionnelle chinoise dans la pharmacopée mondiale. Une décision qui va intervenir après plusieurs décennies d’âpres batailles entre médecins asiatiques et occidentaux. Pour de nombreux médecins occidentaux, cette décision est contestable et aura un impact majeur dans toute la médecine mondiale. Mais derrière elle, on retrouve en filigrane l’ambition mondiale de développement de la Chine et sa stratégie de conquête de territoires d’influence.
 
La médecine traditionnelle chinoise est millénaire mais il a fallu attendre 2004 pour que les médecins de l’empire du Milieu se mettent d’accord sur une nomenclature de leur pharmacopée, étape préalable indispensable à un début de reconnaissance par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette reconnaissance aura lieu dans quelques mois sous la forme de l’inscription de la pharmacopée chinoise dans la 11e version du recueil mondial de l’organisation, connue sous le nom de Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (CIM). Pour la première fois, la CIM inclura des données sur les médecines traditionnelles.
 
La portée mondiale de cette inscription est considérable. Le recueil de l’OMS, référence inégalée en matière médicale, catégorise des milliers de maladies et de diagnostics et fixe l’agenda médical dans plus d’une centaine de pays. Elle influence la façon dont les médecins établissent les diagnostics, dont les compagnies d’assurance déterminent la couverture, dont les épidémiologistes fondent leurs recherches et dont les responsables de santé publique interprètent les statistiques de mortalité.
 

Marathon médical

Le mérite de cette révolution revient à un médecin chinois, Choi Seung-hoon qui s’est attelé, dès 2004, à une mission que d’aucuns pensaient impossible : convaincre une vingtaine de représentants de nations asiatiques à rassembler des milliers d’années de connaissances sur la médecine traditionnelle chinoise en un seul système de classification bien organisé. Comme les pratiques varient grandement d’une région à l’autre, les médecins ont passé des heures interminables dans des réunions qui ont traîné pendant des années, discutant de l’emplacement correct des points d’acupuncture et de concepts moins connus comme le syndrome du  » méridien du triple réchauffeur ». Il y a eu de nombreuses escarmouches entre la Chine, le Japon, la Corée du Sud et d’autres pays qui se sont disputés leur version préférée de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) pour l’inclure au catalogue. « Chaque pays s’inquiétait du nombre de termes ou de contenus qu’il choisirait », explique Choi, alors conseiller en médecine traditionnelle pour le bureau du Pacifique occidental de l’Organisation mondiale de la santé, basé à Manille.
Mais finalement, au cours des années suivantes, les médecins asiatiques se sont mis d’accord sur une liste de 3 106 termes, puis ont adopté des traductions en anglais – étape indispensable pour étendre la portée de leurs pratiques.
 
Leurs travaux n’auront pas été vains puisqu’ils seront officialisés dans le chapitre 26 du recueil de l’OMS. Cet événement aura vraisemblablement un impact très profond. Choi Seung-hoon et des milliers d’autres médecins s’attendent à ce que l’inclusion de la MTC accélère la prolifération déjà accélérée des pratiques et les aide finalement à devenir une partie intégrante des soins de santé mondiaux. « Cela changera certainement la médecine dans le monde entier », dit Choi, qui est maintenant président du conseil d’administration de l’Institut national de développement de la médecine coréenne basé à Gyeongsan.
 

Un moment très opportun

Pour les dirigeants chinois, le moment ne pouvait être mieux choisi. Au cours des dernières années, le pays a fait une promotion agressive de la MTC sur la scène internationale, tant pour accroître son influence mondiale, que pour obtenir une part du marché mondial estimé à 50 milliards de dollars. Le tourisme médical en Chine attire des dizaines de milliers d’étrangers et pour accélérer sa promotion et dynamiser la vente de ses produits traditionnels, des centres de MTC ont été ouverts au cours des trois dernières années dans plus d’une vingtaine de villes dont Barcelone, Budapest ou Dubaï. L’OMS, pour sa part, n’a pas manqué de soutenir avec enthousiasme les médecines traditionnelles, et en particulier la médecine traditionnelle chinoise, comme une étape vers son objectif à long terme de soins de santé universels. Selon l’Organisation, les traitements traditionnels sont moins coûteux et plus accessibles que la médecine occidentale dans certains pays.
 
Toutefois, de nombreux médecins et biomédecins formés en Occident sont profondément préoccupés. Les critiques considèrent les pratiques de la médecine traditionnelle chinoise comme non scientifiques, non étayées par des essais cliniques et parfois dangereuses : pour preuve, selon eux, l’organisme chinois de réglementation des médicaments reçoit chaque année plus de 230 000 rapports sur les effets indésirables de la MTC.
 
Avec tant de questions sur l’efficacité et l’innocuité de la MTC, certains experts se demandent pourquoi l’OMS promeut de plus en plus de telles pratiques. L’un d’entre eux, Donald Marcus, immunologiste et professeur émérite au Baylor College of Medicine à Houston au Texas, est un éminent critique de la MTC. Dans des propos rapportés par la revue Nature il s’interroge : « à un moment donné, tout le monde se demandera : pourquoi l’OMS laisse-t-elle les gens tomber malades ? »
 

Antagonisme de culture et de pratique médicale

La médecine traditionnelle chinoise a toujours été mal vue par le monde médical occidental. Son approche diffère radicalement et trouble la pratique de nombreux médecins. La MTC repose en effet sur une approche théorique, le qi (qui se prononce tchi). Sous ce mot, les Chinois désignent l’énergie vitale qui circule le long de canaux appelés méridiens et aide le corps à maintenir sa santé. En acupuncture, les aiguilles perforent la peau pour puiser dans l’un des centaines de points des méridiens où le flux de qi peut être redirigé pour rétablir la santé. Plus fondamentalement, les traitements, qu’il s’agisse d’acupuncture ou de remèdes à base de plantes médicinales, seraient également efficaces en rééquilibrant les forces primordiales de la philosophie chinoise : le yin et le yang.
 
Les médecins formés en Occident et les praticiens chinois se regardent depuis toujours avec des yeux suspicieux. La convention occidentale est de rechercher des causes bien définies et bien testées pour expliquer un état pathologique. De plus, elle exige habituellement des essais cliniques aléatoires et contrôlés qui fournissent des preuves statistiques de l’efficacité d’un médicament. Pour les praticiens de la médecine traditionnelle chinoise, cela est bien trop simple, voire simpliste. En effet, selon eux, les facteurs qui déterminent la santé sont propres aux individus. Il est difficile, voire impossible, de tirer des conclusions à partir de grands groupes. Et les remèdes sont souvent un mélange savant d’une douzaine d’ingrédients –voire beaucoup plus – avec des mécanismes qui ne peuvent, disent-ils, être réduits à un seul facteur.
 
 
Pourtant au fil du temps on a pu observer une certaine détente dans cet antagonisme séculaire. Des organisations imprégnées des conventions occidentales, comme les National Institutes of Health (NIH) des États-Unis, ont créé des unités de recherche sur les médecines et pratiques traditionnelles. Et les praticiens de la médecine traditionnelle chinoise recherchent de plus en plus de preuves d’efficacité dans les essais cliniques. Ils parlent souvent de la nécessité de moderniser et de normaliser leur art.
 

Des méthodes à la portée de tous les médecins du monde

En faisant son entrée au chapitre 26 du recueil de l’OMS, qui est rappelons-le la référence pour tous les médecins du monde, les méthodes de la médecine chinoise vont entrer au catalogue des moyens thérapeutiques disponibles. Prenons un exemple : les médecins chinois diagnostiquent fréquemment le « syndrome de la soif émaciante » qui se caractérise par une soif excessive et une augmentation de la miction et s’explique pour les praticiens chinois par « des facteurs qui épuisent les liquides yin dans les poumons, la rate ou le système rénal et génèrent du feu et de la chaleur dans le corps ». Sur la base de ces observations cliniques, les médecins peuvent déterminer comment les traiter. Le patient, qui serait probablement diagnostiqué comme diabétique par un médecin occidental, se verrait prescrire de l’acupuncture, divers toniques et de la moxibustion – dans lesquels les praticiens brûlent des herbes près de la peau du patient. Le thé aux épinards, le céleri, les fèves de soja et d’autres aliments « rafraîchissants » seraient également recommandés.
 
En figurant désormais dans la pharmacopée de l’OMS, ce type de protocole va être mis à la disposition des médecins du monde entier. D’ici 2022, tous les États membres de l’OMS vont l’appliquer. « Pour la première fois dans l’histoire, les codes de la CIM incluront une terminologie telle que l’insuffisance du qi splénique ou la stagnation du qi hépatique », peut-on lire sur le site de l’Université Five Branches, une institution de formation et de recherche en médecine traditionnelle chinoise basée à San Jose en Californie, qui a travaillé avec l’OMS sur un essai pratique des critères de diagnostic du chapitre 26.
 

Une efficacité qui pose question

Cette entrée en irrite plus d’un et les critiques soutiennent qu’il n’existe aucune preuve physiologique de l’existence du qi ou des méridiens, et peu de preuves de l’efficacité de la MTC. Selon eux, il n’y a eu qu’une poignée de cas où des traitements à base de plantes médicinales chinoises se sont révélés efficaces dans des essais cliniques comparatifs randomisés.
Il est vrai que les scientifiques ont dépensé des millions de dollars pour des essais randomisés sur des médicaments et thérapies de la MTC, sans grand succès. Dans l’une des évaluations les plus complètes, des chercheurs de l’école de médecine de l’Université du Maryland à Baltimore ont étudié 70 revues systématiques mesurant l’efficacité des médecines traditionnelles, dont l’acupuncture. Aucune de ces études n’a pu aboutir à une conclusion solide parce que les données étaient soit trop rares, soit de mauvaise qualité. Le National Center for Complementary and Integrative Health du NIH à Bethesda, Maryland, conclut que « dans la plupart des cas, il n’y a pas suffisamment de preuves scientifiques rigoureuses pour savoir si les méthodes de MTC fonctionnent dans les conditions pour lesquelles elles sont utilisées ».
 
Pourtant, un contre-exemple remarquable existe : celui de l’artémisinine, un produit issu de la MTC. D’abord isolée par Youyou Tu à l’Académie chinoise de médecine traditionnelle chinoise de Pékin, la molécule est aujourd’hui un traitement puissant contre le paludisme qui a valu au médecin chinois le prix Nobel de médecine en 2015.

LIRE DANS UP : La médecine traditionnelle chinoise récompensée par le Nobel

De nombreux médecins et scientifiques occidentaux doutent que les remèdes à base de plantes médicinales et divers autres composants de la MTC ou d’autres médecines traditionnelles aient beaucoup à offrir dans leur utilisation actuelle. Ils admettent que les plantes médicinales de la MTC pourraient produire des molécules utiles (de nombreux médicaments occidentaux sont dérivés de plantes, après tout), mais craignent que la MTC ne remplace des médicaments éprouvés ou ne soit potentiellement dangereuse. C’est ce que pense Arthur Grollman, chercheur sur le cancer à l’Université Stony Brook de New York ; il a publié des travaux montrant comment l’acide aristolochique, un ingrédient de nombreux remèdes de la médecine traditionnelle chinoise, peut causer des insuffisances rénales et des cancers. Il pense que les documents de l’OMS devraient accorder plus d’attention aux risques des remèdes qui contiennent cette substance, et qui sont encore largement utilisés.
 
Pour certains scientifiques, l’adoption de la médecine traditionnelle chinoise par l’OMS laisse perplexe. « Je pensais que l’OMS s’engageait en faveur d’une médecine fondée sur des données probantes », déclare à la revue Nature Richard Peto, statisticien et épidémiologiste à l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni. Une grande majorité de médecins et chercheurs trouvent également les déclarations de l’OMS sur la médecine traditionnelle difficiles à analyser. Divers documents de l’OMS appellent à l’intégration de la « médecine traditionnelle, dont la qualité, la sécurité et l’efficacité ont été prouvées ». Mais l’Organisation ne dit pas quelles médecines et diagnostics traditionnels sont prouvés. Wu Linlin, représentant de l’OMS au bureau de Pékin, a déclaré à Nature que « l’OMS n’approuve pas les procédures ou remèdes particuliers de la médecine traditionnelle et complémentaire ».
 
Pourtant, cette position contraste fortement avec les actions de l’OMS dans d’autres domaines. L’Organisation donne volontiers aux pays membres des conseils spécifiques sur les vaccins et les médicaments à utiliser et sur les aliments à éviter. Dans le cas des médecines traditionnelles, cependant, les détails sont le plus souvent omis. Le site de l’OMS contient des mises en garde et indique par exemple que l’acide aristolochique est un cancérogène. Mais avec l’accent répété mis sur l’intégration de la médecine traditionnelle, le message est clair, dit le professeur Marcus. Selon lui, « l’OMS dit clairement qu’il s’agit de médicaments sûrs et efficaces ».
 

Une histoire d’argent et de prééminence géostratégique ?

Pour ceux qui sont imprégnés, par leur culture et leur pratique, de médecine occidentale, la propagation continue des traitements traditionnels est inquiétante. Les praticiens de la MTC parlent de plus en plus de remplacer les médecines occidentales éprouvées par des substituts traditionnels, là où il y a un avantage de coût. Le Dr Grollman pense que la onzième édition du Recueil de l’OMS va dans cette direction. Soixante-dix pour cent des sommes consacrées aux soins de santé dans le monde sont remboursées ou allouées sur la base des informations de ce recueil. Maintenant, la médecine traditionnelle chinoise fera partie de ce système. « Ce qu’ils veulent, c’est que ce soit officiel et reconnu par les compagnies d’assurance. Comme il s’agit d’un produit relativement peu coûteux, les compagnies d’assurance l’accepteront », explique Arthur Grollman.
 
Beaucoup d’autres s’accordent à dire que la décision de l’OMS est prise pour favoriser la propagation de la médecine traditionnelle chinoise. L’inclusion dans le recueil de l’OMS est « un outil puissant pour les fournisseurs [de soins de santé] leur permettant de dire qu’il s’agit d’une médecine légitime », dit Ryan Abbott, un médecin qui a également suivi une formation en MTC et qui est membre du corps enseignant du Center for East-West Medicine de l’Université de Californie, Los Angeles. L’action de l’OMS concernant la MTC, dit-il, « est une acceptation générale qui aura un impact significatif dans le monde entier ».
 
Derrière cette décision de l’OMS se cache aussi l’ambition mondiale de la stratégie de développement de la Chine. L’initiative commerciale chinoise baptisée « nouvelles routes de la soie » prévoit la création de trente centres de médecine traditionnelle chinoise d’ici 2020. Une bonne façon d’étendre son influence en fournissant soins et services médicaux aux confins de la Chine mais aussi en Europe, en Arabie et dans d’autres pays d’Asie.
Cette stratégie porte d’ores et déjà ses fruits puisque les ventes de médicaments à base de plantes médicinales et d’autres produits connexes exportés vers les pays de la route de la soie ont bondi de 54 % entre 2016 et 2017, pour atteindre un total de 295 millions de dollars.
 
Margaret Chan, directrice générale de l’OMS avec le président chinois Xi Jinping, à Pékin en 2016
 
Une stratégie favorisée par les liens très étroits entre le gouvernement chinois et la directrice-générale de l’OMS de 2006 à 2017, Margaret Chan. Elle n’a cessé de soutenir et promouvoir la médecine traditionnelle chinoise. En 2014, elle fait rédiger par l’OMS un rapport portant sur la stratégie décennale de l’Organisation dont l’objectif clairement affiché est d’intégrer les médecines traditionnelles dans les soins médicaux modernes afin de parvenir à une couverture médicale universelle. Le document appelle les États membres à développer les structures de soins de santé pour la médecine traditionnelle, à veiller à ce que les compagnies d’assurance et les systèmes de remboursement envisagent de soutenir les médecines traditionnelles et à promouvoir l’éducation dans ces pratiques.
Envisagée sous cet angle, l’introduction de la médecine traditionnelle chinoise au recueil de l’OMS ne serait alors que le point d’orgue de cette stratégie globale de conquête de la Chine.
 
Source : Nature
 

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jpg@***
3 années

J’aimerais partager votre article avec des partenaires anglophones. Soit la version anglaise existe, soit vous pouvez me conseiller un site équivalent en anglais, car je n’ai pas le temps de le traduire. Par ailleurs, j’ai eu connaissance de travaux d’une équipe germano-suisse qui a donné des bases scientifiques solides à la MTC, publiées en 2019 dans la Korean Acupuncture and Moxibuxion Medicine Society en open access, sous le nom The Chinese Blackbox (https://www.researchgate.net/publication/331409880_The_Chinese_Black_Box_-_A_Scientific_Model_of_Traditional_Chinese_Medicine). . Si cela vous intéresse, je vous tiendrai au courant de travaux en cours sur une démarche similaire concernant la médecine Ayurvédique indienne, avec l’Université de Strasbourg… Lire la suite »

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