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Patrimoine mondial de l'UNESCO
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Cri d’alarme de WWF : les trésors du patrimoine mondial de l’humanité sont en péril

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Le patrimoine mondial de l’UNESCO menacé par l’industrie. Dans un rapport publié mercredi 6 avril, le WWF pousse ce cri d’alarme. Selon l’ONG, la moitié des trésors du Patrimoine mondial de l’humanité, ces emblèmes de la biodiversité – 114 sur 229 sites protégés – est aujourd’hui soumise à des menaces émanant essentiellement de l’industrie : activités pétrolières et gazières, extraction minière, exploitation forestière illégale, construction de grandes infrastructures, surpêche ou encore consommation excessive des ressources en eau.
 
Grands lacs africains, forêts primaires, récifs de corail, sanctuaire népalais des derniers tigres sauvages : les trésors naturels de la planète sont en danger. L’Unesco a inscrit sur sa liste du Patrimoine mondial 229 de ces sites précieux disséminés dans une centaine de pays : 32 pour leur richesse naturelle et culturelle, 197 uniquement pour la beauté de leur paysage et la qualité de leurs écosystèmes. Chacun de ces lieux présente une « valeur universelle exceptionnelle », ce qui ne suffit pas à leur garantir leur protection.
 
« Si nous ne parvenons même pas à prendre soin des plus beaux endroits de la planète, si nous ne sommes même pas capables de freiner notre boulimie de pétrole, de gaz, de charbon, de pêche pour préserver ces “joyaux de la couronne” qui représentent à peine 0,5 % des terres émergées, alors nous ne serons en mesure de le faire nulle part ! », s’insurge Pascal Canfin, directeur du Fonds mondial pour la nature (WWF) France.
 
« Ces sites incarnent la notion d’aire protégée par excellence », rappelle pourtant le WWF, qui s’est appuyé sur un recensement établi par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Aucun continent n’est épargné par le classement du WWF qui appelle gouvernements et entreprises à agir en faveur d’un futur durable pour tous ces lieux exceptionnels classés par l’UNESCO. Actuellement, près d’un site classé sur cinq accueille dans son périmètre une concession d’hydrocarbure, rappelle le journal Le Monde, malgré l’engagement pris à partir de 2003 par certaines grandes compagnies minières et pétrolières (notamment Shell ou Total) de s’abstenir d’y mener leurs activités.
 

L’UNESCO désarmée

 
Mais le classement par l’Unesco n’est pas forcément synonyme d’une protection exemplaire, montre le rapport. « Entre autres activités néfastes, qui sont souvent le fait de multinationales et de leurs filiales, on peut citer l’exploration et l’extraction pétrolière et gazière, l’exploitation minière, l’exploitation forestière illégale, la création de grandes infrastructures, la surpêche et la surexploitation des ressources en eau », résume l’ONG. L’Unesco, qui a labellisé les sites après une demande émanant des États, n’a pas le pouvoir de contraindre les gouvernements à les protéger. Il lui est quasiment impossible, par sa nature, de mener des batailles diplomatiques sur tous les fronts que représentent les pays coupables de laxisme envers leur patrimoine exceptionnel. D’autant que les situations se dégradent par le fait d’actions irresponsables mais isolées, menées toujours dans des logiques de court terme ou d’appât de gain immédiat : construction d’un barrage par ici, bétonnage d’une zone humide par là…
En dernier recours, l’organisme onusien peut retirer le site de sa liste. Cela est arrivé une seule fois, à Oman, pour le sanctuaire de l’oryx arabe, un type d’antilope, qui a été au fil des ans envahi par les forages pétroliers et où le braconnage s’est développé.
 
Le rapport souligne qu’en plus de porter atteinte à un patrimoine ayant « une valeur universelle exceptionnelle », la dégradation de ces lieux pourrait « remettre en cause leur capacité (…) à apporter des bénéfices économiques, sociaux et environnementaux » aux quelque 11 millions de personnes qui en dépendent.
L’Afrique subsaharienne souffre de la situation la plus critique : sur quarante aires classées, trente sont confrontées à un ou plusieurs de ces fléaux environnementaux causés par les activités industrielles. Cette situation peut avoir un impact direct sur les moyens d’existence de 1,8 million de personnes. Le tableau est le même dans au moins 54 % des cas en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes.
 
Les activités industrielles qui menacent les sites classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO :
 
 

Inventaire d’un désastre

 
Le rapport de WWF dresse un inventaire exhaustif des sites classés et analyse en détail les dangers auxquels ils sont confrontés.

Télécharger le rapport WWF :  Protéger les Hommes en préservant la nature

Les forêts tropicales humides de l’île de Sumatra (Indonésie) sont un exemple inquiétant. Le site comprend trois parcs nationaux abritant de vastes bassins hydrographiques qui fournissent de l’eau à des millions de personnes. Mais ces forêts sont menacées par l’exploitation forestière et des concessions (mines, pétrole, gaz), qui sont, à ce stade, non encore exploitées.
 
Plus près de chez nous, en Espagne, le parc national de la Donana, qui accueille chaque année des millions d’oiseaux migrateurs, a été victime en 1998 d’une vaste pollution par des déchets miniers (boues toxiques et eaux acides). En 2015, le gouvernement espagnol a de nouveau octroyé des droits d’extraction à une compagnie mexicaine (Grupo Mexico).
 
En Tanzanie, la réserve animalière de Selous fait face à plusieurs dangers : des activités minières et pétrolières de plus en plus nombreuses, la construction de routes et un projet de centrale hydroélectrique qui nécessiterait l’inondation de certaines zones.
 
Parmi les sites marins, le récif de Belize, qui comprend sept zones protégées et intégrées à la plus longue barrière de corail du continent américain, est considéré en péril depuis 2009. La construction de stations balnéaires et de logements et l’exploitation pétrolière en mer ont endommagé les écosystèmes d’une richesse exceptionnelle.
 

Levier de développement soutenable

 
Pourtant, « un site du Patrimoine mondial peut devenir un levier de développement économique », fait valoir l’ONG en citant en exemple la gestion du récif de Tubbataha aux Philippines (pêche, tourisme) ou celle du parc national du Chitwan au Népal, dont la moitié des recettes est reversée aux communautés locales. Marco Lambertini, directeur général du WWF International confirme au Monde que la protection des aires naturelles et des écosystèmes « va dans le sens d’un développement soutenable et robuste qui profite sur le long terme à la nature et à l’homme et contribue à la fois à la stabilité sociale, la croissance économique et le bien-être de chacun ».
 
 
La campagne lancée aujourd’hui va durer un an a expliqué Pascal Canfin, le directeur de WWF au micro de France Info.   Elle « cible d’un côté les gouvernements qui doivent protéger ces zones, de l’autre côté les grandes entreprises qui doivent s’engager à ne pas lancer d’exploitation dans les sites classés par l’Unesco. Certaines l’ont déjà fait. » Il précise que la liste dressée par WWF recense « à la fois les sites en péril, c’est à dire avec une menace effective et où la situation est dégradée, mais aussi les sites qui sont menacés par des permis concernant des activités qui ne sont pas encore en exploitation ».
 
« Si on n’est pas capable de protéger ces sites qui représentent 0,5% des terres émergées de la planète, où sera-t-on capable de poser la limite ? », s’est interrogé l’ancien député européen.
 
 
 
 

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