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Bilan 2016 de l’état de la biodiversité en France : une nature française sous tension

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Une évolution inquiétante des espèces et un état mitigé des milieux naturels, une destruction des habitats naturels qui se poursuit, des pollutions qui résistent, des espèces exotiques envahissantes en forte progression, et des actions de connaissance, de prévention et de lutte qui s’intensifient, voilà la situation 2016 de la biodiversité mise en lumière et en chiffres par les indicateurs actualisés et publiés par l’Observatoire national de la biodiversité (ONB).
 
Le 18 mai 2016, comme chaque année à l’occasion du lancement de l’édition 2016 de la Fête de la Nature et à quelques jours de la journée internationale de la biodiversité, alors que la Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages est en examen au Parlement,
L’Observatoire national de la biodiversité publie « Bilan 2016 de l’état de la biodiversité en France : une nature française sous tension ».
 
Depuis cinq ans, l’ONB élabore et publie annuellement les indicateurs de suivi de la biodiversité, des pressions exercées par les activités humaines et de la mobilisation de la société pour enrayer l’érosion de la biodiversité. Il accompagne en cela la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour la Biodiversité (SNB).
Près de 80 indicateurs sont aujourd’hui publiés sur le site Indicateurs-Biodiversité, mobilisant les sources de données nationales disponibles, avec l’investissement permanent des experts de la biodiversité et notamment de la Direction de l’eau et de la biodiversité (DEB) et du Service statistique (SOeS) du Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer (MEEM), du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).

Une évolution de la biodiversité française inquiétante

Le bilan 2016 confirme d’abord la richesse exceptionnelle du patrimoine naturel de la France et la responsabilité internationale qu’elle lui confère, notamment pour les 15 364 espèces endémiques ou subendémiques qui ne sont présentes que sur notre territoire, et pour les trois-quarts (77 %) des territoires ultra-marins encore peu anthropisés.
Concernant les espèces, il fait apparaître une régression d’un quart (23 %) des populations d’oiseaux communs les plus sensibles aux dégradations des écosystèmes entre 1989 et 2015 ; c’est même près de la moitié (- 46 %) pour les populations de chauves-souris entre 2006 et 2014. Un tiers (32 %) des espèces évaluées dans les Listes rouges UICN-MNHN sont menacées, de 8 % à 50 % selon les groupes d’espèces.
Du côté des habitats et milieux naturels, la situation n’est guère plus encourageante. La moitié des milieux humides (52 %) et moins de la moitié des eaux de surface (43 %) sont en bon état, quand 22 % seulement de l’ensemble des milieux naturels d’intérêt européen sont évalués en bon état de conservation. Les récifs coralliens sur les stations de suivi sont en état stable ou en amélioration pour les deux tiers (64 %).
Côté territoire agricole – la moitié du territoire métropolitain – les grands espaces en herbe régressent significativement entre 2000 et 2010 (- 7,9 %) et l’évolution des 12 % d’haies, bois et landes dans les territoires agricoles, également sous pression mais toujours présents en 2012 (première évaluation en 2015 par l’ONB), n’est pas encore connue.

Des pressions qui font de la résistance

La destruction, la dégradation ou la banalisation des milieux naturels se poursuit. En métropole, près de 67 000 ha par an en moyenne (66 975 ha) ont été détruit par artificialisation entre 2006 et 2014. Les prairies, pelouses et pâturages naturels paient le tribut le plus lourd avec plus de 50 000 ha (52 236 ha) perdus par artificialisation entre 1990 et 2012. Les cours d’eau quant à eux présentent une fragmentation par les ouvrages correspondant à 16 obstacles à l’écoulement pour 100 km de cours d’eau en 2014.
En outre-mer – et ce malgré l’espace contraint – 314 ha ont été artificialisés annuellement sur la période 2000-2012. C’est la forêt qui est la plus touchée avec 783 ha de forêts de feuillus perdues par artificialisation entre 2000 et 2012.
Évaluée pour la première fois en 2016 par l’ONB sur un panel de 84 espèces problématiques, la progression des espèces exotiques envahissantes en métropole s’effectue à un rythme d’au moins 6 espèces supplémentaires par département par période de 10 ans sur les trente dernières années. L’enquête conduite auprès de l’ensemble des territoires d’outre-mer (pour la deuxième fois dans les départements et pour la première fois dans les collectivités) révèle que 60 des 100 espèces considérées mondialement par l’UICN comme les plus envahissantes sont déjà présentes dans les outre-mer français, malgré la taille extrêmement réduites de ces territoires.
Les pollutions continuent de peser sur la biodiversité, avec des évolutions contrastées. La pollution des cours d’eau est en baisse entre 1998 et 2014, de – 49 % pour les orthophosphates,- 69 % pour l’ammonium et – 49 % pour les matières organiques (DBO), mais les nitrates font de la résistance avec seulement – 7 %. La consommation de produits phytosanitaires poursuit son augmentation : + 12 % depuis la période de référence 2009-2011.

Des initiatives pour la préservation qui s’intensifient

Face à ce tableau plutôt sombre, la société française et les pouvoirs publics réagissent.
La prise de conscience et la mobilisation s’accroissent : un tiers des personnes sondées plaçaient en effet en 2015 l’enjeu de la préservation des espèces menacées parmi leurs deux principales préoccupations environnementales. L’intérêt pour la nature augmente avec une participation à la Fête de la nature en hausse de + 57 % en tendance sur la période 2009-2015. Les citoyens s’engagent : doublement (+ 109 %) de la contribution aux programmes de sciences participatives pour la biodiversité entre 2011 et 2015. Les entreprises ont quant à elles des marges importantes de progression au regard du résultat obtenu par les entreprises du CAC 40 dans l’évaluation 2015 de la prise en compte de la biodiversité dans leur stratégie : 1,76 en moyenne en 2014 sur une note maximale possible de 5.
Les moyens financiers affectés à la préservation de la biodiversité augmentent également. L’effort financier national pour la biodiversité s’élève en 2013 à plus de 2 milliards d’euros (2,095 Md€), en hausse constante depuis plus de 10 ans. Côté solidarité internationale, l’aide publique française au développement à l’international liée à la biodiversité indique une tendance générale sans ambiguïté à la hausse, passant de 107 millions d’euros en 2006 à 271 millions d’euros en 2015, dépassant à ce jour les engagements internationaux de la France.
L’amélioration de la connaissance est aujourd’hui clairement identifiée comme un enjeu majeur pour permettre une action efficace, et les indicateurs dédiés de l’ONB indiquent que la mobilisation est bien réelle. Si en décembre 2015, on estimait que seuls 27 % des groupes d’espèces présents dans les outre-mer français étaient suffisamment connus, la progression est manifeste, les groupes d’insectes passant à titre d’exemple de 2 % à 32 % entre 2011 et 2015. Le nombre de données versées dans le système d’information sur la nature et les paysages (SINP) – qui concentre et met à disposition l’information naturaliste – a doublé entre 2014 et 2015 (+ 109 %), même si un effort considérable reste à accomplir notamment sur la biodiversité marine (moins de 1 % des données) et ultra-marine (moins de 1 % également). Des progrès sont là encore constatés avec trois fois plus d’espèces marines en 3 ans citées au moins une fois dans les bases de données du système d’information sur la nature et les paysages (SINP).
 
Néanmoins, 9 % des habitats naturels remarquables ne peuvent être évalués faute d’information suffisante, et 15 % des espèces évaluées dans les Listes rouges sont en situation inconnue vis-à-vis du degré de menace qui pèse sur elles.
Les mesures prises sur le terrain s’intensifient également. La part du territoire national concerné par un schéma d’aménagement intégrant les enjeux de biodiversité passe de 0,7 % en 2011 à 14 % en 2015. Si les aires protégées terrestres ne représentent toujours que moins de 1,5 % du territoire, la progression des surfaces en aires marines protégées est spectaculaire, de moins de 1 % des eaux françaises en 1998 contre 16,52 % en 2016, dotées pour leur grande majorité (86 %) d’un plan de gestion durable moins de trois ans après leur création.
 
Vous pouvez retrouver tous ces résultats et beaucoup d’autres sur le site de l’Observatoire national de la biodiversité.
 

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