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Elevage de poulets

L’homme pèse 0.01 % du vivant sur Terre et il en est le plus grand destructeur

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Une étude révolutionnaire fait pour la première fois une évaluation exhaustive de toutes les formes de vie sur Terre. Les révélations et les surprises ne manquent pas dans cette analyse. On y apprend ainsi que les 7.6 milliards d’humains ne représentent qu’une part infime (0.01%) de tous les êtres vivants. Une humanité pathétiquement insignifiante mais démesurément dominante dans le grand schéma de la vie sur Terre. De quoi nous remettre les idées en place.
 
L’étude publiée dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences est la première estimation complète du poids de chaque classe de créatures vivantes sur Terre. Le professeur Ron Milo, biologiste de l’Institut Weizmann des sciences en Israël, est le directeur de cette étude. Avec ses collègues chercheurs, il a consacré trois ans à passer au peigne fin la littérature scientifique existante sur la biomasse de la planète pour fournir l’estimation la plus récente et la plus complète de la masse de tous les règnes du vivant. Les chercheurs ont élaboré leurs résultats en utilisant les moyens d’investigation les plus modernes comme la télédétection par satellite qui peut balayer de grandes régions, et le séquençage des gènes qui peut démêler les myriades d’organismes dans le monde microscopique.
Leurs conclusions bouleversent certaines hypothèses qui étaient ancrées de longue date dans les esprits.
 

Le podium de la vie

Nous nous en doutions, mais c’est désormais une certitude, les plantes représentent 82 % de toute la matière vivante. On pensait que juste après elles venaient les animaux. Pas vraiment car en deuxième position sur le podium de la vie se trouvent les bactéries : 13 % de la biomasse totale. Toutes les autres créatures, des insectes aux champignons, en passant par les poissons et les animaux, ne représentent que 5 % de la biomasse mondiale. Parmi elles, les poissons, que l’on imaginait fourmiller dans les océans, ne pèsent que 1 % du règne animal.  La grande majorité de la vie est donc terrestre et un gros morceau – un huitième – est une bactérie enfouie profondément sous la surface.
 
L’homme, quant à lui ne pèse quasiment rien (0.01%) mais son impact est hors de proportion. Ce qui fait dire au professeur Milo, interrogé par The Guardian : « C’est vraiment frappant, notre place disproportionnée sur Terre. » Nous le savions déjà et les scientifiques ont même désigné sous le nom d’Anthropocène, cette ère où l’homme a profondément modifié son milieu. Ce que l’on savait moins, c’est qu’un des marqueurs de l’Anthropocène pourrait être … un os de poulet. En effet, la nouvelle étude révèle que la volaille d’élevage représente aujourd’hui 70 % de tous les oiseaux de la planète, dont seulement 30 % sont sauvages. Le tableau est encore plus frappant pour les mammifères – 60 % de tous les mammifères sur Terre sont des animaux d’élevage, surtout des bovins et des porcs, 36 % sont des humains et seulement 4 % sont des animaux sauvages.
 
Ces résultats vont contre nombre d’idées reçues. Dans les films et documentaires sur la nature, on voit en effet des envolées d’oiseaux sauvages, des myriades de créatures évoluant dans les airs. En fait, elles sont minoritaires, très minoritaires même, face à la masse des vulgaires poulets domestiqués pour les besoins des hommes. La richesse animale qui émerveille tant nos enfants, les éléphants, les girafes, les lions, les baleines… ne pèse rien par rapport aux vaches élevées pour nous donner du lait et de la viande.
 

L’empreinte humaine sur le monde naturel  

Notre impact sur le monde animal est immense. Mais en termes de poids, la position d’homo sapiens est des plus précaires. Les virus à eux seuls ont un poids combiné trois fois supérieur à celui des humains, tout comme les vers. Les poissons sont 12 fois plus nombreux que les humains et les champignons 200 fois plus.
 
Malgré ces chiffres, il apparait comme une certitude que ce que nous choisissons de manger modifie considérablement le monde naturel : « Nos choix alimentaires ont un énorme effet sur l’habitat des animaux, des plantes et autres organismes » affirme le professeur Milo. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : à force de conquêtes sur la nature en général et le règne animal en particulier, le poids des mammifères sauvages se réduit comme peau de chagrin.
 
Avant la domestication du bétail et l’innovation de l’agriculture – et la révolution industrielle sur leurs talons – le paysage naturel aurait été très différent. Les chercheurs reconnaissent qu’il est difficile d’estimer avec précision la biomasse préhumaine des animaux, mais leur analyse suggère que la civilisation humaine a réduit de 85 % la biomasse totale des mammifères sauvages et a réduit de moitié la biomasse végétale. Cet abattage inconsidéré a eu un effet massif sur l’ensemble de la biosphère, ce qui a conduit à une situation où les scientifiques disent que nous sommes maintenant au milieu d’un événement d’extinction massive qui est presque sans précédent.
 
L’homme, cette espèce fragile de bipèdes, qui ne représente qu’un centième d’un pour cent de tous les êtres vivants de la planète, a voulu dominer le monde et la nature. Il y est parvenu, c’est ce qui fait, aux yeux de certains, son génie, mais à quel prix ? L’orgueil de l’homme dans sa volonté d’asservir la nature est, on le comprend grâce aux résultats de cette étude, démesuré par rapport à son poids dans le vivant.  Saurons-nous en tirer des leçons et, telle une nouvelle révolution copernicienne, nous rétablir dans nos justes proportions ? « Le fait que la biomasse des champignons dépasse celle de tous les animaux nous met à notre place », a déclaré à Associated Press James Hanken, biologiste évolutif de l’Université Harvard. Rien n’est moins sûr.
 

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