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Tu peux changer ta vie ! Climat et énergie : les changements viendront par les territoires

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Dans notre voisinage comme dans de nombreux pays, des gens convaincus que nous devons « vivre autrement », mettent en œuvre d’autres manières de produire, consommer, partager les énergies. Recueil de témoignages passionnants lors de la troisième rencontre intitulée Climat et énergie : produire du renouvelable et de l’autonomie de l’Université populaire de la mairie du 2e arrondissement de Paris ce 20 janvier 2015, dont UP’ Magazine est partenaire.

Cette restitution a été réalisée par Hadrien Kreiss, fondateur du projet Watch out*

Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement de Paris a accueilli les invités et participants nombreux en soulignant l’importance qu’il accorde à cette université populaire qui sensibilise les habitants de Paris aux enjeux de la COP 21 prévue du 4 au 10 décembre 2015. Il a passé la parole à Dorothée Browaeys, coordinatrice de cette université populaire. Celle ci a introduit la séance en rendant hommage à Bernard Maris, tué dans l’attenta de Charlie Hebdo. Elle a repris les propos de cet économiste sur l’économie économe : « Non seulement les adversaires de la croissance ne sont pas des ennemis du développement, amis ils sont sans doute les meilleurs défenseurs de la civilisation, l’autre non du développement ».

Cette réorientation du monde est au cœur du débat prévu ce soir ciblé sur l’énergie, le renouvelable et l’autonomie. Elle se manifeste par de très nombreuses initiatives que nous voulons – par ces rendez-vous réguliers –  identifier, répertorier, cartographier. Parmi elles, on peut citer le mouvement des alternatives concrètes (villes en transition, Colibris, Alternatiba né dans le pays basque), celui du « désinvestissement » contre les banques et investisseurs qui soutiennent les énergies fossiles, les projets miniers, les « Frontline Communities ou communautés vulnérables au dérèglement climatique qui dénoncent les fausses solutions comme la géo-ingénierie…

La conférence des Parties est une échéance remarquable qui doit inspirer des mobilisations, donner l’envie d’agir. Elle sera le théâtre d’un monde qui change. Car le monde change, à petits pas : depuis la fondation Rockfeller qui a annoncé ne plus investir dans le pétrole, aux scientifiques qui s’insurgent contre le modèle de développement (voir Naomi Klein et son livre « This Changes Everything : Capitalism versus the Climate).

En préparation de la COP 21, les réseaux en France se fédèrent, mutualisent leurs efforts comme le souligne le site Ecobase21 qui référence 24 projets pour soutenir l’effort de la COP en fin d’année.

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Les intervenants réunis vont rendre compte de ce qu’ils font et de ce qu’ils observent. Bernard Lemoult (directeur de recherche à l’Ecole des Mines de Nantes et directeur du Collège des transitions sociétales) va témoigner des mobilisations en Pays de Loire et des ingrédients de la prise de conscience ; Bénédicte Manier, journaliste et  auteure de «1 million de révolutions tranquilles » va nous proposer un tour du monde des expériences d’acteurs probantes et qui font école ; Jean Rapenne, manager de projet chez Green research, signalera les démarches judicieuses qui se développent pour mutualiser des achats d’énergie, optimiser les choix en matière d’usage de la biomasse, penser des projets gagnant-gagnant.

Bernard Lemoult présente son travail  

« Schématiquement, cela fait vingt ans que la situation climatique a été identifiée ; de même, cela fait dix ans que le facteur 4 est inscrit dans la loi française. Or, les changements à engager par nos gouvernants se font toujours attendre. Je crois qu’il ne faut pas trop attendre des accords qui pourraient sortir de la COP. Ma conviction c’est que les changements viendront principalement par les territoires ».

Dans la région des Pays de Loire, Bernard Lemoult a porté le débat de la transition énergétique avec un angle sociétal. Dès 2012/2013, furent organisés les Etats régionaux de l’énergie, à l’initiative du Conseil régional, le tissu associatif et les entreprises. Cela s’est traduit par la réalisation de 90 débats, qui furent un succès : 2 700 personnes présentes au total, et de nombreuses questions fondamentales débattues (prix de l’énergie, modes de mobilité, alimentation saine, etc.). Mieux, un large consensus (environ 90% des réponses) a émergé sur des points pressants : l’urgence d’agir pour la transition, favoriser l’émergence des énergies renouvelables, redéfinir le modèle de production et de consommation. Un malaise profond a été ressenti à l’égard des institutions gouvernementales, perçues comme « non capables de prendre en compte les enjeux de long terme dans les décisions à prendre ».

Ainsi s’est manifestée une réelle volonté d’engagement de citoyens, décidés à faire bouger les modes de vie.

Pour Bernard Lemoult, l’enjeu actuel porte sur la co-construction des politiques publiques. A cet égard, les collectivités locales doivent prendre acte d’une nouvelle posture : faciliter les projets portés par des collectifs d’habitants ou d’entreprises. Il faut développer les conditions pour le droit à l’expérimentation.

Bernard Lemoult rapporte par ailleurs le développement de projets qu’il développe depuis cinq ans dans le quartier de la Chantrerie où est implantée l’Ecole des Mines de Nantes. A l’origine, la mise en place d’une chaufferie au bois avec réseau de chaleur« Il a fallu convaincre, mobiliser et créer de la confiance ». Aujourd’hui la chaufferie en association (AFUL Chantrerie) est en place ; les directeurs d’établissements et d’entreprises ont appris à se connaitre et travaillent mieux ensemble. Cette réalisation témoigne aux politiques que les entreprises, les citoyens, les collectifs peuvent se prendre en charge.

Bénédicte Manier porte un regard sur des initiatives développées à l’étranger et qu’elle a décrit dans son livre Un million de révolutions tranquilles (Edition Les Liens qui Libèrent, 2012).

Elle considère que la société civile est toujours en avance par rapport aux institutions. Elle pointe les projets porteurs de changement comme :

– Le Barefoot College en Inde, qui forme des femmes à la fabrication d’équipements solaires (panneaux photovoltaïques, lampes et fours solaires), ce qui permet l’électrification de plusieurs milliers de villages en Inde, mais aussi dans 21 pays d’Afrique, car une fois formées, les Indiennes enseignent ces techniques à des femmes d’autres pays.

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– En Afrique émergent à l’heure actuelle des “épiceries solaires” locales, qui louent ou vendent des kits d’équipements solaires, permettant aux villageois de s’éclairer et d’activer leurs pompes à eau. Le matériel solaire leur revient moins cher que l’achat toute l’année de kérosène (qui alimente les lampes de la plupart des villages).

Dans nombre de pays industrialisés, en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, les citoyens se regroupent pour équiper les toits de leur quartier de panneaux solaires ou pour investir dans des projets de parc solaire dans leur ville. Une cinquantaine de ces parcs ont été créés aux Etats-Unis. En Europe, ces regroupements prennent la forme de coopératives. Le Royaume-Uni compte une quarantaine de coopératives solaires créées par les habitants de plusieurs villes (Brighton, Brixton…), soit un investissement citoyen de près de 20 millions d’euros. En Belgique existent une vingtaine d’associations ou de coopératives de fourniture d’énergie, surtout éolienne, ce qui représente une somme d’investissements individuels d’environ 100 millions d’euros depuis les années 90. La plus importante, Ecopower compte 30.000 membres coopérateurs. L’Allemagne compte de son côté plus de 650 coopératives d’énergie verte.

Mais les territoires les plus intéressés par la transition énergétique sont les îles, et plusieurs en Europe sont devenues autonomes. Gigha, en Ecosse, est un cas intéressant car cette île a été rachetée en 2002 par ses habitants à l’Etat et ils la gèrent en community land trust (coopérative foncière). Ces habitants ont ensuite construit le 1er parc éolien coopératif d’Ecosse, qui assure leur indépendance énergétique et leur apporte des revenus par la revente des surplus d’électricité au réseau national.

Quelques exemples mettent au contraire en avant le rôle précurseur de l’État :

– Au Népal, pays montagneux où 80% de la population rurale est privée d’électricité, le gouvernement a décidé d’installer un million de digesteurs qui produisent du biogaz en recyclant les déchets des villages. Un quart du programme a été réalisé, avec 270 000 digesteurs gérés par les acteurs locaux, ce qui a déjà généré 9 000 emplois. Le Népal est aussi pionnier de la coopération Sud-Sud dans ce domaine ; il aide plusieurs pays d’Asie et d’Afrique à s’équiper, comme le Vietnam, où l’installation de digesteurs a permis de créer 300.000 emplois depuis 12 ans. Le Népal a aussi mis en place des centaines de microcentrales hydro-électriques sur les torrents de montagne, permettant d’approvisionner 40.000 foyers (même chose au Vietnam avec 200 000 foyers alimentés par ces micro-turbines gérées par les habitants).

Près de chez nous, les particuliers en Allemagne ont financé 51% des installations en énergies renouvelables. Le levier, c’est la multitude des efforts individuels combiné au soutien des collectivités, qui a permis de rendre plusieurs dizaines de villages entièrement autosuffisants. Une commune comme Dardesheim produit même 40 fois plus d’électricité qu’elle n’en consomme.

Au Danemark, 86% des équipements éoliens du pays sont gérés par 100 000 familles, au sein de coopératives locales, conjointement avec les représentants des communes. Dans ce pays, il y a un consensus pour que les acteurs locaux jouent un rôle : la loi prévoit qu’au moins 20% des parts des parcs éoliens soient détenues par les habitants.

La constance de la volonté politique locale est aussi déterminante : à El Hierro dans les Canaries, 80 millions d’euros ont été investis sur trente ans pour la construction d’une centrale hydro-éolienne, qui assure depuis 2014 l’autonomie énergétique de l’île.

Pour résumer, les transitions dépendent de la faculté des acteurs à trouver un consensus entre élus et citoyens. Or, la logique d’association des citoyens est assez peu présente en France, pays centralisé où deux contraintes freinent de tels projets : la réglementation et l’obligation de passer par EDF pour accéder au réseau.

C’est ce qui bloque actuellement le projet de transition de l’Ile de Sein, où un groupe d’habitants veut installer un mix énergétique renouvelable (éolien, hydrolien, solaire) géré en coopérative citoyenne, pour rendre l’île autonomie à 100%. Mais la réglementation interdit plus de 30% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique d’une zone non connectée au réseau (ZNI) comme Sein, tandis qu’EDF s’oppose à ce projet indépendant pour plusieurs raisons (maîtrise du réseau local, perception de la taxe CSPE). Actuellement, les habitants sont divisés et le projet est bloqué.

Toutefois, il faut signaler les initiatives exemplaires de communes, comme Montdidier dans la Somme (4 éoliennes fournissent ½ des besoins en électricité) ou le Plessis-Gassot (Val d’Oise) première commune de France électrifiée grâce au biogaz fourni par la fermentation de déchets : la production équivaut à 40 éoliennes et peut alimenter plus de 41 000 foyers.

La France pourrait aussi s’inspirer des coopératives de quartier anglo-saxonnes ou des épiceries solaires africaines, qui procurent aux citoyens des équipements de proximité assez peu coûteux.

Jean Rapenne propose des modes d’organisation astucieuses pour sortir de nos blocages en France.

Pour lui,le contexte français comporte au moins deux entraves aux démarches de transition. D’abord, l’énergie est extrêmement centralisée avec de grosses entreprises : EDF a notamment l’obligation de racheter la production d’énergie renouvelable, l’obligation d’achats. Ensuite, l’organisation territoriale restreint les marges de manoeuvre des collectivités locales, à la différence par exemple de l’Allemagne.

Jean Rapenne s’investit notamment dans la valorisation de la biomasse, issue des forêts, de l’activité céréalière, des vignes, de l’élevage, des déchets ménagers ou des déchets alimentaires de la restauration ; concept d’écosytème énergétique : des centrales à méthanisation récupèrent ces produits pour la fabrication de biogaz, l’énergie thermique est valorisée dans le séchage et la fabrication d’agrocombustibles. Ces projets constituent des atouts pour la dynamisation des territoires : ils sont créateurs d’emplois, et permettent aux agriculteurs et acteurs locaux de réaliser des plus-values. Les granulés de bois permettent d’approvisionner des réseaux de chaleur ou des habitats individuels.

La mise en place de ces activités se heurte à différentes difficultés :
– Il faut pouvoir déterminer les seuils de rentabilité, alors que les avoirs en biomasse sont irréguliers (dépendant des aléas météorologiques), que les contrats stipulent au contraire des productions énergétiques fixes sur 15 ans, et qu’en cas de surproduction de gaz, les coûts augmentent hyperboliquement.
– Il faut être disposé à co-construire les projets avec les administrations locales, chargées des plans de gestion énergétiques.

Au niveau de la fourniture électrique, Jean Rapenne estime qu’il existe une distorsion des conditions concurrentielles avec les grands acteurs du secteur (opérateurs énergétiques et industries) qui disposent des capacités de suivre en temps réel chacune des variables énergétiques, profitant ainsi d’effets d’aubaine. Par ailleurs, après avoir conduit une étude auprès d’un échantillon d’entreprises dans le Nord-Pas-de-Calais, Jean Rapenne a pu mesurer d’incroyables écarts de tarification électrique entre les consommateurs (ratio de 1 à 10). Il insiste sur la nécessité de partager l’information au sein des communautés locales pour prendre conscience des distorsions, adresser un lobbying auprès du/des fournisseurs, et anticiper sur les consommations à venir : mise en place de système de management de l’énergie. Il invite ainsi les acteurs locaux à s’équiper des moyens idoines pour suivre, anticiper, gère les consommations d’énergie, pour les gros bâtiments de consommation thermique (bâtiments publics, supermarchés, logements collectifs etc.). Il propose des groupements d’achats pour passer commande en mode collectif. Ces expériences existent en Suisse, en Allemagne notamment.

Michel Blay intervient pour pointer quelques interrogations, après ces trois témoignages. Il interroge :  
– Jusqu’où les décideurs gouvernementaux sont-ils prêts à aller pour empêcher des démarches de transition (on le voit à Notre Dame des Landes) ?
– Peut-on vraiment imaginer qu’à chaque échelon, une desserte énergétique soit en mesure de rendre la collectivité autonome (par exemple les grandes villes) ?
– N’oublie-t-on pas trop la difficulté à intégrer les enjeux de l’infrastructure des nouvelles énergies, et notamment les conditions requises en métaux, pour les mettre au point ?

Bernard Lemoult rebondit : il existe malheureusement un décalage temporel entre l’urgence climatique et la transition énergétique. Dès les années 1970 (le rapport Meadows “Les limites à la croissance”) avait alerté sur les risques face auxquels aujourd’hui, après des décennies d’inaction, nous sommes confrontés. Nous devons essayer de conduire une transition vers des conditions de vie plus durables, en transgressant les injonctions du dieu Croissance.

Dorothée Browaeys donne la parole à l’auditoire

La question de la durabilité des modèles a partie liée avec l’autonomie. A cet égard, il faut rappeler que la déplétion des métaux pose de sérieuses difficultés : un générateur d’éolien offshore requiert 600 kg de néodyme, métal relevant des 17 terres rares, un panneau photovoltaïque suppose un éventail de métaux rares (antimoine, cadmium, cuivre, gallium, sillicium etc). Même un véhicule hybride suppose 20 kg de terres rares ! Pour ne prendre que les terres rares, c’est un signe de dépendance réel vis à vis de la Chine qui occupe 90 % du marché mondial. Et la transformation de ces métaux présente une forte empreinte carbone.

La collectivité doit s’approprier les débats, et forcer les acteurs à faire converger les besoins et mutualiser les moyens. Ces interfaces peuvent  développer leurs facultés de compréhension et d’information en données fiables (sur le cycle de vie des produits, sur le rendement énergétique des technologies), voire pour mettre sur pied les installations.

Pour la Cop21, sera présente une grande disparité d’acteurs (délégués spéciaux, cortège d’ONG, entreprises, associations), 100 000 peut-être. Il faut profiter de cet évènement pour faciliter la démarche des acteurs désireux de s’informer et de monter des projets. Une application pour mobile est en train d’être développée pour permettre de recenser les initiatives en temps réel, de mutualiser les rencontres, de faire connaitre ses savoirs faires, ses méthodes. Cette application pourrait concrètement servir de levier d’action, et permettra d’amorcer des débuts de solutions en marge de la négociation climat.

Il y a un problème avec notre conception de l’énergie. Le terme de « centrale » est symptomatique. Il faut arrêter de faire des centrales : l’autonomie suppose justement de répartir les installations en fonction des besoins. Nous pouvons aspirer à la conception version “mini” (mini-éolienne par exemple). Par ailleurs, il y a partout des problèmes de réglementation : il n’est pas normal que des locataires ne puissent pas installer de petites structures chez leur propriétaire ; il faut braver les interdits quand l’Etat impose de limiter à 30% la part du renouvelable dans le mix énergétique. Autrement dit : mettre les acteurs devant le fait accompli.

Dorothée Browaeys interroge : quels sont les vecteurs d’inertie dans notre société ? Quels sont les leviers d’action ? Les alternatives peuvent-elles faire système ?

Plusieurs facteurs d’inertie ont été identifiés durant la discussion : 
– Selon B. Lemoult, nous ne connaissons encore que les premiers soubresauts du réchauffement climatique en France, à l’exception de quelques inondations. C’est très différent de la situation en Californie, où le stress hydrique devient critique, ou bien en Chine, où l’avancée du désert menace quotidiennement.

Les scénarii du GIEC sont intéressants à utiliser pour se projeter dans le futur : on se rend compte alors qu’en 2050, Paris devient comparable à ce qu’est Séville actuellement.

– Les bas prix de l’énergie constituent sans doute une autre raison. Pour J. Rapenne, la tarification dissuade les citoyens d’agir en commun. On voit que les habitants de Manchester se sont réunis pour mutualiser les achats de gaz. Mais l’attitude des français est encore redevable du passé jacobin, conjurant le pragmatisme et la prise d’assurance individuelle.

Pour Bénédicte Manier, l’alternative n’est pas à construire au singulier. L’idéologie n’est pas bonne conseillère et il faut plutôt partir de logiques bottom-up issue de la société civile. Les initiatives foisonnent de façon dispersée, désarticulée, car chacun cherche à transformer sa sphère de proximité. Espérons qu’un jour ces initiatives génèrent une masse critique de citoyens prêts à faire front commun.

Une intervention de Jean-Pierre Cahier (Laboratoire Technologies pour la coopération, Université technologique de Troyes et intervenant de la séance prochaine du 17 mars), présent dans la salle est venue interroger le rôle de l’Internet et du numérique. L’esprit des creative commons se répand, comme la mentalité DIY (« Do it yourself »). Au delà des Fab lab, les  community makers veulent designer de nouveaux modèles économiques plus efficients et économes. A l’image d’open-source ecology, qui fait appel aux ingénieurs du monde entier pour réaliser des produits low tech. Avec le numérique, on peut « faire plus avec moins d’intermédiaires », en dépensant moins, et avec de réelles prouesses techniques.

Cet esprit des commons est en train de faire basculer l’imaginaire : la société TESLA MOTORS a ainsi décidé de ne pas breveter sa dernière invention, estimant que les citoyens disposent d’une forte capacité d’ingénier des améliorations. La propriété ne parait plus être une condition de la réussite, car elle bloque l’innovation. En cosmétique par exemple, seuls 10% des brevets déposés sont effectivement utilisés par les compagnies, les autres n’ayant pour seul but que d’entraver les productions des concurrents.

Un participant considère que l’on assiste aujourd’hui à la “résistance des dinosaures”. Peut-être qu’une masse critique de mobilisations permettra d’enclencher un effet papillon “nouveau genre” (en biologie, lorsque une  chenille se métamorphose et qu’elle résiste ardemment contre le développement de l’ADN du papillon, elle contribue, en fait, à le développer).

En guise de conclusion, Dorothée Browaeys propose aux intervenants de partager ce qu’ils retiennent de la discussion.

– Bernard Lemoult : Tout le modèle de société est à reconstruire. Du point de vue climatique, il est clair que les sociétés accumulent de dangereux retards, mais en dépit de cette situation, il faut prendre le temps d’écouter les acteurs : humilité et bienveillance sont des mots d’ordre très pertinents pour la mise au point de ces politiques complexes. Soyons optimistes, car l’Humanité dispose d’un large éventail de connaissances pour agir. Le reste n’est qu’une question d’envie : “Le progrès n’est que la révolution faite à l’amiable” (Victor Hugo)

– Bénédicte Manier : L’inertie est générée par des forces conservatrices et centralisatrices qu’il faut déranger en opposant une attitude de coopération, de mutualisation, et un visage joyeux, à l’image des “créateurs ludiques”.

– Jean Rapenne : Les initiatives fleurissent, et il s’agit de les accompagner. Deux structures m’ont récemment inspiré sur le besoin de visibilité et d’accompagnement des initiatives : Bleu-Blanc-Zebre et On passe à l’acte. C’est dans les solutions collectives que l’on peut espérer réaliser l’économie circulaire.

La prochaine conférence se tiendra le 17 mars et aura pour thème : « RESEAUX :LE NUMERIQUE, SUPPORT DE COMMUNAUTES EFFICIENTES ? »

* Watch Out : une veille sur la situation écologique :
Pour permettre aux citoyens de se saisir des informations factuelles qui désavouent notre modèle de développement, Watch out a réalisé un rapport global: « KEY FACTS » (10/2014). S’appuyant sur une multitude de rapports, d’articles scientifiques, et de médias divers, celui-ci a pour ambition de synthétiser les transformations de la condition écologique. Il se compose de 4 volets :
– Climat : + 2° ou l’effet boule de neige (31 p.)
– Écosystèmes : Métamorphose des écosystèmes et extinction de la biodiversité (32 p.)
– Matières & Énergie : Épuisement des ressources industrielles, énergie et nouvelles technologies (51 p.)
Synthèse & Prospective : Démographie, urbanisme, synthèse et prospective (17 p.)

Accéder à la présentation du rapport
Un deuxième rapport « STEP BACK » sera publié prochainement pour prendre du recul sur les conditionnements économiques, techniques et culturels qui nous empêchent de penser l’Alternative. 

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