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One planet summit
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Transparence et financement : où en est la France sur le climat ?

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Mardi 12 décembre a lieu le One Planet Summit à Paris. Il y sera question de la manière dont les acteurs engagés dans la finance publique et privée peuvent innover pour soutenir et accélérer notre lutte commune contre le changement climatique
« Mettre la finance publique et privée au service de l’action climat », telle est l’ambition affichée par Emmanuel Macron. Des défis financiers essentiels face à l’urgence climatique. Comment la communauté financière française oriente-t-elle les flux financiers publics et privés vers un développement durable ? Trois ONG, Les Amis de la Terre France, 350.org, et Attac France, donnent un éclairage particuièrement alarmant à travers trois rapports inédits.
 
Nous avons vu que les effets du changement climatique deviennent de plus en plus graves et qu’il n’ y a donc pas de temps à perdre. D’ici 2020, les pays doivent améliorer leur plan d’action climatique. Par conséquent, les trois prochaines années sont absolument essentielles pour réduire les émissions et atteindre un pic d’émissions en 2020.
Dans ce contexte, le sommet One Planet de Paris devrait accélérer le déploiement de l’accord de Paris dans tous les pays. C’est le premier d’une série de sommets qui se tiendront dans les années à venir, ouvrant une nouvelle séquence politique jusqu’en 2020. »
Laurence Tubiana – PDG de la Fondation européenne pour le climat
Dans le cadre de ce sommet, organisé par le gouvernement français, une journée d’échanges sur le financement du climat réunira les principaux acteurs de la communauté financière internationale. Le Mainstreaming !
L’événement est co-organisé par l’Agence Française de Développement, le Club de Financement du Développement International (IDFC) et l’Initiative Action Climat dans les Institutions Financières. Il vise à montrer que l’intégration du climat par la communauté financière est possible et à encourager de nouveaux acteurs à rejoindre le mouvement. Après le lancement des cinq Principes volontaires (1) pour l’intégration de l’action climatique au sein des institutions financières, la communauté financière cherche à accélérer la nécessaire réorientation massive des flux financiers publics et privés vers des voies de développement durables, à faible émission de carbone et résilientes au climat.
L’idée est de combiner la puissance des pays, des régions et des villes, des institutions financières publiques et privées, des entreprises et des investisseurs, des ONG et des organismes philanthropiques, avec deux objectifs clés : assurer que les émissions commencent à diminuer le plus tôt possible et protéger les populations des impacts climatiques.
Ce qui importe au sujet du sommet, c’est de savoir combien il y a de discussions, mais aussi de beaucoup de solutions pratiques et d’initiatives qui sont mises en œuvre, ce qui est une conversation très différente des négociations officielles sur le climat lors des CdP annuelles. 

Pour que le secteur privé soit sur la bonne voie pour réduire les émissions, nous avons besoin du soutien du secteur public sous forme de règles, d’objectifs et de cadres politiques. Mais le secteur privé doit aussi jouer un rôle moteur dans l’action climatique. Au bout du compte, la majeure partie de l’argent dont nous aurons besoin pour atteindre nos objectifs et transformer nos sociétés devra provenir du secteur privé. 

Feike Sijbesma – PDG de DSM
 
Les initiatives lancées lors du sommet viseront à aligner les flux de finances publiques et d’investissements privés sur les objectifs de l’Accord de Paris, à accroître les financements pour soutenir l’adaptation et la résilience et à tracer la voie de la neutralité carbone d’ici 2050.
 
Nous devons débloquer les trillions. Nous devons mobiliser les investisseurs à long terme, en particulier les fonds de pension, et nous avons besoin d’un prix du carbone, car sans lui, tout prendra beaucoup plus de temps, et il ne nous reste pas beaucoup de temps. »
Arunabha Ghosh – PDG du Centre pour l’énergie propre, l’environnement et le développement durable Eau, Delhi
 

L’Accord de Paris définit un objectif ambitieux : maintenir le réchauffement climatique “bien en-deçà” des 2°C et au plus près des 1,5°C. Les 2°C ne sont donc pas un seuil “plancher”, mais bien un plafond à ne pas dépasser.
Mais deux ans plus tard, le compte n’y est pas : les États continuent de tergiverser. Mis bout-à-bout, les engagements étatiques de réduction des émissions de gaz à effets de serre nous inscrivent dans la trajectoire d’un réchauffement supérieur à 3°C.
Pire : les institutions publiques continuent d’apporter un soutien financier massif aux énergies fossiles. Ce soutien prend des formes diverses : exonérations fiscales, subventions directes, prêts ou dons versés au titre de l’aide au développement, garantie financière, portefeuille d’actions et d’obligations, etc. Le gouffre entre l’ambition et les actes ne cesse donc de se creuser. Il existe pourtant une mesure évidente, qui permettrait de combler l’écart : mettre immédiatement fin aux financements accordés à l’industrie fossile.

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Rapport “La Caisse des dépôts et consignations : financeur public des énergies fossiles ?” – 350.org, 11 décembre 2017

Ce rapport met en lumière le soutien apporté par la Caisse des dépôts et consignations à l’industrie fossile, par toutes les modalités possibles : prêts directs au développement d’infrastructures charbonnières, gazières ou pétrolières ; prise de participation dans des entreprises du secteur des combustibles fossiles ; dons, etc.
De l’Agence française de développement (dont une alliance stratégique avec la CDC a récemment été actée) au Fonds de réserve pour les retraites, en passant par la Banque publique d’investissement ou encore le Livret A, la Caisse des dépôts n’est pas le bon élève des investissements verts qu’elle prétend être. Elle continue en effet de soutenir massivement le secteur, au mépris des dispositions de la Loi pour la Transition énergétique ou encore de la Résolution pour une société bas carbone adoptée par l’Assemblée nationale à la veille de la COP 21. Les données brutes montrant les liens entre les diverses entités de la CDC et l’industrie fossile seront publiées à l’occasion de la publication du rapport.

Rapport “Noir dessein – les banques françaises financent toujours plus de charbon » – Les Amis de la terre, 11 décembre 2017

Ce rapport révèle les 10 milliards de dollars de financements accordés depuis 2014 par les 4 grandes banques françaises (Société Générale, BNP Paribas, Crédit agricole, BPCE) à 120 entreprises qui construisent ou prévoient de construire de nouvelles centrales à charbon dans le monde. Ces entreprises prévoyant 550 MW de nouvelle capacité charbon, la capacité totale des centrales à charbon de l’Inde, des États-Unis et de l’Allemagne réunis, les financer est une totale incohérence avec la science climatique qui nous exhorte à fermer les centrales existantes.
Cela démontre aussi que les politiques adoptées par les banques françaises en amont de la COP 21 ne sont toujours pas suffisantes pour répondre à l’urgence climatique. Au contraire, les financements des banques françaises à ces entreprises ont augmenté de 135 % entre 2015 et 2016. Avec 2,2 milliards de dollars de prêts à ces entreprises, Société Générale se démarque particulièrement en se plaçant dans le top 10 des plus gros prêteurs.
Lire le rapport

Rapport « La finance verte est-elle vraiment verte ? » – Attac France, 

L’analyse du fonctionnement du marché des obligations vertes montre que ce nouvel instrument financier n’apporte pas assez de garantie et ne permet pas d’exclure le financement de projets qui ne sont pas climato-compatibles. Attac appelle les pouvoirs publics à réguler en urgence le marché et à agir pour rendre l’ensemble du marché obligataire mondial « vert ».

« Shifting the trillions » affirment les pouvoirs publics et les acteurs financiers pour expliquer que les nouveaux instruments de la finance verte, dont les obligations vertes, seraient en mesure de financer la transition énergétique mondiale.
A l’heure où les investissements mondiaux dans les énergies fossiles sont encore trois fois plus importants que ceux dans les énergies renouvelables, la “finance verte” est malheureusement loin de pouvoir relever ce défi. L’analyse du fonctionnement du marché des obligations vertes montre que ce nouvel instrument financier n’apporte pas assez de garantie et ne permet pas d’exclure le financement de projets qui ne sont pas climato-compatibles, comme en témoigne le fait qu’Engie, l’aéroport de Mexico, la multinationale pétrolière Repsol ou la Pologne aient pu être financés par ce biais pour des projets plus que controversés.
Le rapport comporte quatre préconisations, dont une exigence envers les pouvoirs publics de réguler en urgence ce marché pour que la promesse soit tenue. L’enjeu n’est en effet pas de promouvoir un tout petit marché des obligations vertes, mais bien de rendre l’ensemble du marché obligataire mondial climato-compatible pour verdir l’ensemble du système financier. Il y a du pain sur la planche.

 
Les financements nécessaires pour mettre en œuvre la transition énergétique mondiale, rendre l’économie mondiale soutenable et faire face aux conséquences des dérèglements climatiques sont colossaux : ils sont généralement estimés dans une fourchette allant de 2 à 5% du PIB mondial, soit plusieurs milliers de milliards de dollars annuels (2), sans compter les Objectifs du développement durable (ODD), adoptés par l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2015.
La transition énergétique mondiale implique donc un transfert massif des investissements jusqu’ici orientés vers les secteurs industriels dépendant des énergies fossiles vers des secteurs climato-compatibles tels que les énergies renouvelables ou l’efficacité énergétique.
En 2016, chaque fois que l’économie mondiale a investi un dollar dans les énergies renouvelables, trois dollars l’ont été dans les énergies fossiles : le ratio espoir/déluge, ici de 1 à 3, est toujours négatif.
L’un des principaux défis est donc d’utiliser les leviers politiques, économiques et financiers, qu’ils soient déjà disponibles ou qu’il faille les inventer, pour accélérer sans attendre une transition vers des investissements sobres en carbone. « Shifting the trillions » – déplacer les milliers de milliards de dollars – répondent en cœur les promoteurs de la « finance verte » qui prétendent que la création de nouveaux marchés et outils financiers verts vont permettre de relever ce défi.
Ce One Planet Summit avait été annoncé en juillet par le président français Emmanuel Macron pour remobiliser sur ce dossier après la décision en juin des Etats-Unis de se retirer de l’accord de Paris.
Une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, dont Theresa May et Mariano Rajoy, et des personnalités comme Leonardo DiCaprio, Bill Gates, l’ex-gouverneur de la Californie Arnold Schwarzenegger et l’ancien maire de New York Michael Bloomberg sont attendus, a annoncé lundi la présidence française.
Des responsables de grandes villes, de banques centrales, de fonds souverains, d’entreprises et d’ONG participeront aussi aux forums de ce sommet dont l’ambition est de « faire travailler les acteurs engagés sur la mise en œuvre de projets d’une manière extrêmement concrète », selon l’Elysée.
« Une dizaine de grosses annonces » est attendue à l’issue de cette réunion qui « s’insère dans l’agenda international sur le climat », notamment des Cop, précise-t-on de même source.
 

 

 
(1) Cinq Principes volontaires : 
Commit to Climate strategies / S’engager sur les stratégies climatiques
Manage Climate Risks / Gérer les risques climatiques
Promote Climate Smart Objectives / Promouvoir des objectifs intelligents en matière de climat
Improve Climate Performance / Améliorer la performance climatique
Account for Your Climate Action / Tenir compte de votre action climatique
 
(2) Le rapport Vers une économie verte (2011) du Programme des Nations unies pour l’environnement recommandait d’investir 2 % du PIB mondial dans la seule transition énergétique tandis que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime à deux mille milliards de dollars la construction des infrastructures d’une économie mondiale faiblement carbonée.
 

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