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Livelihoods : la réponse attendue aux problèmes d’alimentation dans le monde ?

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Danone et Mars Incorporated créent le Fonds d’investissement Livelihoods pour l’Agriculture Familiale et signent ce jour au Quai d’Orsay l’accord qui prévoit d’investir 120 millions € sur les dix prochaines années dans des projets en Afrique, Asie et Amérique latine, avec l’objectif d’aider 200 000 exploitations familiales et deux millions de personnes pour pérenniser leurs cultures.

805 millions de personnes sont encore et toujours en état de sous-alimentation chronique en 2014 (1), malgré un bilan de la situation actuelle en matière de lutte contre la faim et la malnutrition qui montre que des progrès ont été réalisés et que la faim a reculé à l’échelle mondiale et dans de nombreux pays. 
« Si des efforts immédiats et efficaces sont engagés », relèvent les trois organisations onusiennes, l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD) consistant à réduire de moitié, d’ici à 2015, la part de la population souffrant de la faim, est « à portée de main ». Et non seulement à l’échelle de la planète, mais dans nombre de pays : « Soixante-trois nations en développement ont déjà atteint cet objectif, et six autres sont en bonne voie d’y arriver », soulignent-elles. Le recul est largement insuffisant en Asie du Sud et le taux de malnutrition le plus élevé de la planète reste en Afrique subsaharienne.

La création du Fonds Livelihoods pour l’Agriculture Familiale (Livelihoods 3F) va permettre de développer des projets visant à la fois à restaurer l’environnement et les écosystèmes dégradés et à améliorer la productivité, les revenus et les conditions de vie des petits agriculteurs vivant dans les pays en développement. Livelihoods 3F prévoit d’investir 120 millions € dans les 10 prochaines années pour mettre en œuvre des projets en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Livelihoods 3F est né du constat qu’il y a un fort besoin d’investir davantage dans l’agriculture et la sécurité alimentaire mondiales, en particulier par le secteur privé. De plus, avec une population mondiale qui va passer de 7 à 9 milliards en 2050, la nécessité de produire plus avec moins de ressources naturelles disponibles est en train de devenir un défi majeur. La déforestation, l’érosion des terres, le changement climatique et les pertes en biodiversité menacent de plus en plus les écosystèmes.

Photo ©Nicolas Gauduchon

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« Les exploitations agricoles familiales sont l’une des clés de la sécurité alimentaire et du développement rural durable »

La FAO a publié en octobre 2014, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, un rapport appelant à « ouvrir l’agriculture familiale à l’innovation » : « Les exploitations agricoles familiales sont l’une des clés de la sécurité alimentaire et du développement rural durable ». Sur les 570 millions d’exploitations agricoles dans le monde, neuf sur dix sont gérées par des familles, ce qui montre la prédominance de l’agriculture familiale et lui confère le rôle d’agent de changement potentiel essentiel pour assurer la sécurité alimentaire et éradiquer la faim (2).

Dans les pays développés comme dans ceux en développement, l’agriculture familiale est la forme prédominante de l’agriculture. 500 millions de petits agriculteurs produisent aujourd’hui 70 % des besoins alimentaires mondiaux. Pour les agriculteurs et leurs familles aux prises avec la dégradation environnementale et la pauvreté, il s’agit d’une opportunité majeure que d’avoir accès à de bonnes pratiques qui augmentent leur productivité et leurs revenus, tout en préservant ou restaurant la fertilité des sols, les ressources en eau et la biodiversité.

Toutefois, ces petits agriculteurs ne sont pas assez rentables pour les fonds d’investissements, malgré le fait qu’ils représentent l’essentiel de la chaîne d’approvisionnement de plusieurs grands marchés comme le cacao, le café ou le caoutchouc. Le but du Fonds Livelihoods pour l’Agriculture Familiale est d’organiser la collaboration de ces agriculteurs afin de les intégrer dans la chaîne de valeur en monétisant les impacts positifs en retour pour le fonds.

Pour Lionel Zinsou, Président de la fondation Franco-Africaine, « L’agriculture en Afrique, devra nourrir 2 milliards d’habitants supplémentaires d’ici 25 ans. Il n’y a pas eu de précédent à ce jour. On ne peut donc plus importer ou faire avec des solutions venues d’ailleurs. Tout sera nouveau ! Il faut donc inventer… »

Stéphane Le Foll, Ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, déclare : « On ne fera pas de nouvelle révolution verte ici ou en Afrique ou en Asie : il faut maintenir des hommes et des femmes dans le monde rural, tout en permettant de nourrir le monde urbain. Il faut garder la ligne éthique, sociale et environnementale de projets de ce type pour sauvegarder l’équilibre des sociétés de demain ». 
Photo ©UP’ Magazine

Un fonds d’investissement innovant

Selon Sir Donald Cohen, Président du groupe de travail investissement à impact du G8, ce fonds « aura un impact aussi important que celui du Venture Capital dans le domaine des nouvelles technologies ».

Le modèle innovant de Livelihoods 3F – consacré à la lutte contre le changement climatique, l’insécurité alimentaire et la pauvreté à travers une coalition de participants du secteur privé, du secteur public et de la société civile (créations de passerelles entre ONG, grandes entreprises) prend tout son sens dans la perspective de la Conférence des Nations Unies sur le Climat (COP21) qui aura lieu à Paris fin 2015. Face aux défis mondiaux, aucune institution ou individu ne peut développer seul des solutions, c’est pourquoi une approche de co-création comme Livelihoods est essentielle pour maximiser l’impact. 

Ce fonds fonctionnera comme un fonds commun d’investissement avec des rendements axés sur les résultats et le partage des risques. Le retour sur investissement pour les investisseurs du fonds sera assuré par une coalition tierce d’entreprises privées, d’acteurs publics et de la société civile, qui achèteront les produits et les impacts positifs (tels que les crédits de carbone ou les économies d’eau) générés par les projets.

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Les investissements du fonds auront un triple objectif :
– économique : augmenter les rendements et les revenus des agriculteurs,
– social : rendre autonomes les agriculteurs, en particulier les femmes, et améliorer les moyens de subsistance des familles agricoles,
– environnemental : promouvoir des pratiques et des technologies assurant une gestion durable des ressources naturelles et une plus grande résistance aux aléas du changement climatique

Le fonds pré-financera et apportera une aide technique pour permettre aux ONG et aux organisations agricoles de mettre en œuvre des projets avec les communautés concernées.

Photo ©Hellio & Vanlngen

Livelihoods : une passerelle entre ONG et entrepreneurs

Livelihoods pour l’Agriculture Familiale capitalisera sur le succès du premier fonds Livelihoods, un fonds d’investissement carbone initié par Danone en 2011 et rejoint par neuf sociétés depuis : Schneider Electric, Crédit Agricole, Hermès, SAP, Michelin, CDC Climat, Firmenich, Voyageurs du Monde, La Poste. Ce fonds carbone a investi dans sept projets dédiés à la restauration de mangroves, l’énergie rurale, et l’agroforesterie. À ce jour, le fonds a planté 130 millions d’arbres qui séquestreront 8 millions de tonnes de CO2 et amélioreront la vie de milliers de membres des communautés rurales.

« Les défis de l’agriculture durable ne pourront être relevés que si nous savons développer des approches radicalement différentes, alliant l’économique, l’environnemental et le social » déclare Franck Riboud, Président du Conseil d’Administration de Danone. « La meilleure manière de trouver des solutions adaptées, innovantes et concrètes, est de joindre nos forces avec d’autres entreprises, des ONG, des administrations. C’est d’ailleurs dans cet esprit que nous avons créé le premier fonds carbone Livelihoods en 2011. Aujourd’hui, nous lançons conjointement avec Mars, Inc., un deuxième fonds dédié à l’agriculture familiale qui nous permettra de travailler concrètement cette problématique sur le terrain afin de contribuer à une performance globale. Nous invitons d’autres entreprises à nous y rejoindre. »

« Pour Mars, Incorporated, il est important de développer des produits de qualité qui sauront séduire le plus grand nombre de consommateurs, tout en générant une croissance dont on peut être fier en tant qu’entreprise. Or, nous avons la certitude que cette ambition dépend étroitement de notre aptitude à construire une chaine de valeur qui crée des bénéfices mutuels pour les agriculteurs qui travaillent au quotidien pour nous fournir en matières premières. Notre collaboration avec le Fonds Livelihoods pour l’Agriculture Familiale et avec Danone est un investissement qui nous permettra d’apprendre davantage sur ce que nous pouvons faire pour améliorer les pratiques et les revenus des petites communautés agricoles » déclare Victoria Mars, Chairman du Board de Mars, Incorporated. « Ce fonds, parce qu’il est ouvert à d’autres acteurs, nous offre également des opportunités de bénéficier d’effets d’échelle intéressants. Les entreprises ont un rôle important à jouer dans les réponses à apporter aux défis environnementaux et sociétaux et ce, d’autant qu’elles sont en mesure d’apporter des investissements sur le long terme. En joignant nos forces avec celles de Danone, nous augmentons considérablement nos chances de succès et créons l’opportunité d’avoir un impact positif, significatif et durable. »

Pour Bérangère Magarinos-Ruchat, vice-présidente du développement de la société Firmenich : « Nous avons souhaité être partenaire de ce fonds car nous y trouvons une grande dimension d’innovation en terme de collaboration et de gouvernance ».

Pour Pierre-Alexandre Bapst, directeur du développement durable Hermès International, « être entreprise partenaire est justifié par un investissement sur le long terme dans des valeurs communes pour un projet concret et pragmatique en proximité avec des hommes et des femmes d’une grande éthique ».

Coalition entre Danone et Mars 

Franck Riboud a souhaité mettre l’accent sur la liberté et la mutualité de ces projets autour de valeurs partagées : « On fait les choses. Et la bonne question à se poser est de savoir quel rôle veut-on que les entreprises jouent à l’avenir ? »

Pour lui, il s’agit là d’une problématique mondiale qui dépasse l’entreprise : partage des mêmes vues et des mêmes valeurs pour les mêmes objectifs dans une même vision du monde et une même vision du rôle de l’entreprise. Produire plus, produire mieux ? La réalité du terrain est là : les activités de Danone sont directement liées à la nature et à l’agriculture, où l’entreprise est confrontée à des défis majeurs, notamment en termes de sécurité alimentaire, compétitivité, volatilité des prix et accès aux matières premières. Cela signifie que la durabilité de Danone repose sur sa capacité à renforcer et à protéger sa chaîne alimentaire mondiale en termes de qualité et de quantité. 

Photo©UP’ Magazine

Quant à la chaîne d’approvisionnement de la société Mars, elle est engagée en faveur de matières premières qui permettra de réduire leur empreinte écologique, d’améliorer la prospérité des agriculteurs et de créer une mutualité de bénéfices avec les communautés. Pour l’approvisionnement des principales matières premières, ils ont comme objectif ambitieux de se fournir à 100 % via des approches durables.

Bien que Mars n’utilise que 0,2 % des approvisionnements mondiaux en huile de palme, la totalité de leurs achats est déjà certifiée RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil). D’ici à 2015, ils veulent 100 % des grains de café et 100% du thé noir issus de sources certifiées. Pour ce qui concerne les poissons et les fruits de mer, ils s’engagent à ce que 100 % soient issus de sources durables d’ici à 2020. Quant au cacao, plus de 30% de leurs approvisionnements sont déjà issus de filières durables – par le biais de programmes indépendants de certification, tels que Rainforest Alliance, UTZ Certified et Fairtrade International – et le Groupe Mars s’engage à s’approvisionner en cacao 100 % certifié d’ici à 2020.

Leur politique de lutte contre la déforestation représente les premiers stades de leur stratégie d’approvisionnement durable. Une politique qui les engage à s’approvisionner, pour les matières premières dont la culture a le plus d’impact sur les forêts (bœuf, huile de palme, papier/pulpe et soja), auprès de producteurs et de fournisseurs qui remplissent un certain nombre de conditions, notamment le respect d’un Code de Conduite et le soutien des agriculteurs et propriétaires de plantations afin qu’ils se conforment à cette politique. (Source : chiffres Mars incorporated 2015).

 

On l’a bien compris, le principal enjeu pour l’industrie agroalimentaire sera la disponibilité des matières premières agricoles à travers leur qualité au sens large et strict du terme. Mais cet enjeu est beaucoup plus large car il dépasse les sphères économiques habituelles. Il touche de plein fouet aux dimensions diplomatiques (la conférence de presse de lancement a eu lieu sous les ors du Quai d’Orsay à Paris…)

L’enjeu est encore plus large car il touche à la survie de pans entiers de l’humanité. L’éthique des affaires saura-t-elle durablement faire converger vers une éthique globale, mettant l’humain au centre des préoccupations ? Au-delà des beaux discours et des belles intentions, les tactiques économiques sont là mais elles se heurtent aux réalités du monde, auxquelles elles doivent aussi s’affronter. 
Photo ©UP’ Magazine

(1) Selon le dernier rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) – Lire le rapport de la FAO
(2) Lire article dans UP’ « Ouvrir l’agriculture familiale à l’innovation »

Plus d’information : www.livelihoods.eu/fr

A propos de Mars, Incorporated :
Mars, Incorporated est une entreprise familiale, non cotée en Bourse, basée à Mc Lean, dans l’Etat de Virginie (Etats-Unis). L’entreprise enregistre au niveau mondial un chiffre d’affaires de plus de 33 milliards de dollars au travers de ses activités dans les aliments préparés pour les animaux de compagnie, le Chocolat, la confiserie de sucre et de gomme Wrigley, l’alimentation générale, les boissons et Symbioscience. Au total, ce sont près de 74 000 collaborateurs, répartis dans 74 pays, qui s’efforcent quotidiennement de délivrer une croissance dont chacun peut être fier, en mettant les Cinq Principes du Groupe en action et en créant une mutualité de bénéfices avec ses parties prenantes.
Chacun des segments produit des marques de renommée mondiales telles que PEDIGREE, ROYAL CANIN, WHISKAS, BANFIELD, Pet Hospital, SHEBA, CESAR, DREAMIES et NUTRO pour le Petcare ; M&M’S, SNICKERS, DOVE, GALAXY, MARS, MILKY WAY et TWIX pour le chocolat ; ORBIT, EXTRA, FREEDENT, DOUBLEMINT et SKITTLES pour Wrigley (la confiserie de sucre et de gomme) ; UNCLE BEN’S, DOLMIO, EBLY, MASTERFOODS , SUZI WAN et SEEDS OF CHANGE pour l’alimentation générale ; ALTERRA COFFEE ROASTERS™, THE BRIGHT TEA COMPANY™, KLIX et FLAVIA pour les boissons ; COCOAVIA pour Symbioscience. 

A propos de Danone
Danone est une entreprise mondiale présente sur tous les continents. Le groupe bénéficie de positions de leader de l’alimentation santé autour de quatre métiers : les Produits Laitiers Frais, la Nutrition Infantile, les Eaux et la Nutrition Médicale. Sa mission est d’apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre. Danone compte plus de 190 sites de production et environ 104 000 collaborateurs. En 2013, l’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires de plus de 21 milliards d’euros, dont plus de la moitié est réalisée dans les pays émergents. Coté sur Euronext Paris, Danone est classé dans les principaux indices de responsabilité sociale: le Dow Jones Sustainability Index, Vigeo, l’Ethibel Sustainability index. Danone est par ailleurs classé n°1 dans l’ATNI index 2013.

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