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Colonialisme agricole en Afrique : le Parlement européen s’y oppose

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Les eurodéputés réclament un changement radical de cap pour la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition qui tend à répliquer le modèle d’agriculture intensive dans les pays africains. De nombreuses initiatives européennes souhaitent dynamiser le secteur agricole africain ; les opinions divergent et certains détracteurs accusent même certains projets de chercher à ouvrir uniquement de nouveaux marchés aux exportations européennes. 
 
Le programme du G7 en faveur de la sécurité alimentaire en Afrique fait fausse route en misant sur l’agriculture intensive, a tranché le Parlement européen, dans un rapport adopté le 7 juin à une vaste majorité.
« Nous avons déjà fait cette erreur de l’agriculture intensive en Europe, nous ne devrions pas la reproduire en Afrique, car ce modèle détruit l’agriculture familiale et réduit la biodiversité » a averti la rapporteure Maria Heubuch (Vert).
 
Lancée en 2012 par les pays du G7 et 10 pays africains, la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (NASAN), «  programme de développement agricole », a pourtant un objectif louable : sortir d’ici 2022 50 millions de personnes de la pauvreté en dynamisant les investissements dans le secteur agricole de 10 pays africains, tels que le Bénin, le Nigéria, ou la Côte d’Ivoire, en misant sur l’investissement de sociétés privées dans l’agriculture intensive.
L’agriculture familiale représente environ 80 % de la production alimentaire mondiale et 60 % des emplois en Afrique subsaharienne.

Contreparties

Mais en contrepartie des investissements, ce vaste partenariat pousse les pays africains partenaires à mettre en place des réformes politiques sur l’accès au foncier, l’utilisation de semences certifiées (hybrides, OGM), ou encore sur la fiscalité pour faciliter les investissements privés dans le secteur agricole.
Des réformes qui favorisent les grands groupes au détriment des petits agriculteurs, qui représentent pourtant plus de 70 % de la production agricole dans le monde.
 
« Les petits exploitants produisent […] grâce à des techniques beaucoup plus durables et respectueuses du climat que les grandes entreprises agricoles.[…] La NASAN fait exactement le contraire, en facilitant la mainmise des grandes entreprises agricoles sur les systèmes alimentaires dans divers pays africains. » a regretté Aisha Dowell,  en charge de l’agriculture à Global Justice Now.

Rejet des OGM

Concrètement, les eurodéputés appellent à un arrêt du soutien aux OGM dans le cadre du partenariat public-privé. La NASAN demande en effet aux pays partenaires de soutenir «la distribution, l’adoption et la consommation de variétés agricoles biofortifiées ».
« Le rapport appelle les pays du G7 à ne pas soutenir les semences génétiquement modifiées en Afrique. C’est un véritable succès » s’est félicité la rapporteure allemande Maria Heubuch (Vert).
 

Lire aussi dans EurActiv.fr : Les OGM s’imposent discrètement en Afrique

Si aujourd’hui seuls trois pays africains autorisent officiellement la culture et la commercialisation d’OGM  (Afrique du Sud,  Burkina Faso,  Soudan), plusieurs pays membres de l’Alliance comme le Ghana,  le Malawi et le Nigeria ont lancé des essais en champs, le dernier étant même en processus de changement législatif.
 
Autre biais pointé par le rapport, le risque d’accaparement des terres. Pour sécuriser les investissements privés, la NASAN soutient la prévalence du droit foncier. « Mais en Afrique, le droit foncier est l’exception, puisque la propriété des terres agricole fonctionne selon les principes du droit d’usage et du droit coutumier » rappelle une connaisseuse du dossier.
« Il faut donc que le partenariat respecte les différentes formes de propriété afin de ne pas mettre en danger les petites exploitations » souligne-t-elle.  Une approche que le rapport parlement appelle de ses vœux, en s’appuyant sur les directives de la FAO.

Privatisation des semences

Le dernier avertissement lancé par le Parlement concerne la privatisation des semences. En Afrique, près de 90 % des agriculteurs vivent de leurs semences (vente, échange, etc.). Un système qui leur permet de conserver « une certaine indépendance vis-à-vis du secteur semencier commercial » souligne le rapport.
 
« Mais le secteur privé, qui finance une partie de la NASAN, demande à ce que les pays changent leur législation », explique une connaisseuse du dossier. « Cela obligerait les paysans à renoncer à l’échange et à la vente libre de leur semence ».  Et donc à une partie fondamentale de leurs revenus.

Critiques récurrentes

Si les critiques sur la NASAN ne sont pas nouvelles, le rapport du Parlement européen est la première prise de position officielle d’une institution contre la philosophie du partenariat.
« Si la Nouvelle alliance ne remédie pas aux problèmes graves que nous observons, l’UE devra retirer son soutien à cette initiative » a de son côté affirmé la rapporteure Maria Heubuch. Dans le texte, la prise de position est plus nuancée puisque les eurodéputés appellent l’UE  à « remédier à toutes les lacunes de la NASAN ».
 
« Les pays européens et l’UE peuvent faire évoluer les choses » soutien Maria Heubuch. « Par exemple, l’Allemagne qui est en charge du partenariat avec le Bénin n’a pas demandé d’évolution sur la propriété des semences.
En France, un pays traditionnellement hostile aux OGM, la critique est aussi de mise.  En décembre dernier, le ministère des Affaires étrangères avait indiqué que Paris était « consciente des inquiétudes que suscite la NASAN et partageait une partie des critiques formulées par les ONG, notamment sur le manque de transparence dans la gouvernance et l’absence de règles définissant les investissements à privilégier ».
 
« La France […] doit agir dès le prochain Conseil de gouvernance de l’Alliance en juillet au Rwanda pour bloquer toute expansion de la NASAN et mettre en œuvre une évaluation transparente et inclusive des impacts de l’initiative dans les 10 pays africains concernés » réclame Jean-Cyril Dagorn d’Oxfam France.
 
(Source : EurActiv.fr – Juin 2016)
 

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