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Des économistes de réputation mondiale appellent à ne pas investir un euro de plus dans les combustibles fossiles

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En amont du sommet international Finance et Climat convoqué par Emmanuel Macron, plus de 80 économistes de réputation mondiale, venant de 20 pays différents, ont publié une déclaration réclamant l’arrêt total des flux financiers vers la production et les infrastructures fossiles et une augmentation massive des investissements dans les énergies renouvelables. Une initiative d’une coalition d’ONG (1), dont 350.org, 
 
Le 12 décembre, deux ans jour pour jour après la signature de l’accord climatique de Paris, Emmanuel Macron présidera le One Planet Summit focalisé sur la mobilisation de la finance pour le climat. Malgré les engagements pris il y a deux ans, les gouvernements et les institutions financières publiques et privées continuent malheureusement d’investir dans les combustibles fossiles. Pourtant, ces projets nuisent à la planète, aux populations et à l’économie.
 
« Il est temps que les dirigeants européens, et en particulier le président Macron, qui comprend la menace que représente le déni climatique de Donald Trump pour notre planète, en finissent avec les subventions et les investissements qui entretiennent notre dépendance aux combustibles fossiles, a affirmé Yanis Varoufakis, économiste, universitaire et homme politique grec. Pas un euro de plus ne doit être accordé au charbon, au pétrole et au gaz. »
 
Cette déclaration fait suite à l’avertissement lancé par plus de 15 000 scientifiques du monde entier, qui soutiennent que des mesures urgentes sont nécessaires pour sauver notre planète. Les économistes ont compris que l’heure était venue de prendre leurs responsabilités et de mettre leur influence au service de cet appel de la communauté scientifique.
 
 
« Les acteurs économiques internationaux doivent redoubler d’efforts sans attendre pour sauver la planète et préserver notre avenir commun. Dans notre déclaration nous expliquons que les investisseurs publics et privés et les institutions de développement ont la responsabilité immédiate et l’obligation morale de prendre les rênes de la lutte contre les combustibles fossiles, en faveur des énergies sûres et renouvelables », a expliqué Pierre-Richard Agénor, professeur de macroéconomie internationale et d’économie du développement à l’université de Manchester.
 
Les études montrent que les émissions de carbone inhérentes à la production actuelle de combustibles fossiles provoqueront un changement climatique catastrophique. Les nouveaux projets de prospection et de production sont bien sûr incompatibles avec le maintien du réchauffement nettement en dessous des +2 °C (et le plus près possible de +1,5 °C), mais il sera également nécessaire de démanteler de nombreux projets existants avant la fin de leur période d’exploitation prévue. En bref : il n’y a plus de place pour de nouvelles infrastructures fossiles et la poursuite des investissements dans le secteur est donc injustifiée.
 
« Outre des changements politiques comme l’élimination des subventions aux combustibles fossiles, une augmentation massive du financement des solutions d’énergie renouvelable s’impose pour assurer un déclin rapide des émissions de carbone d’ici à 2025 », a ajouté Neva Rockefeller Goodwin, co-directrice du Global Development And Environment Institute de la Tufts University.
 
La poursuite des investissements dans les combustibles fossiles ne nuit pas qu’à l’environnement : elle pénalise également notre économie. Plus tôt cette année, l’AIE a estimé que la mise en œuvre de nouvelles politiques climatiques et l’adoption des énergies renouvelables pourraient conduire à la surévaluation de 1000 milliards $ d’actifs pétroliers et de 300 milliards $ d’actifs gaziers au total.
 
Ces « actifs bloqués », parmi d’autres risques financiers liés au changement climatique sont l’une des raisons qui poussent déjà de nombreux investisseurs clairvoyants à se débarrasser de leurs actifs charbonniers, pétroliers et gaziers. Le mouvement de désinvestissement des combustibles fossiles, qui se limitait initialement à une poignée de campus universitaires, comprend aujourd’hui des fonds de placement gérant plus de 5570 milliards $ d’actifs.
 
Comme l’a déclaré Tim Jackson, professeur à l’université du Surrey, au Royaume-Uni : « Si nos dirigeants hésitent encore à soutenir pleinement des investissements verts pourtant profitables sur le plan économique, je tiens à leur rappeler qu’ils peuvent compter sur un énorme soutien populaire. Investissons l’argent public dans un futur durable, au lieu de le consacrer à des combustibles fossiles sales et inutiles. » 
 
Le désinvestissement stigmatise les combustibles fossiles aux yeux du grand public et restreint les ressources financières qui alimentent cette crise environnementale planétaire. Le fonds souverain norvégien, dont la fortune est issue du forage pétrolier, a donné un coup de fouet à la cause du désinvestissement en annonçant le mois dernier qu’il comptait se défaire de ses actifs pétroliers et gaziers.
 
Quelles que soient les méthodes employées pour assurer la transition, il convient de tenir compte des impacts économiques internationaux. Il arrive souvent que l’argent d’un endroit du monde finance des infrastructures bâties dans d’autres régions. Il est par conséquent important de s’assurer que l’argent dont est privée l’industrie fossile polluante serve également à mettre en place des solutions d’énergie propre dans les pays du Sud.
 
« Nous devons veiller à ce que ce désinvestissement constitue une puissante démonstration de solidarité et de justice pour les peuples les plus vulnérables, ainsi qu’une défense de la nature et de notre planète. Le futur doit être axé sur un réinvestissement en faveur des communautés les plus touchées par les énergies polluantes et le changement climatique. Il s’agit de la meilleure façon de garantir un avenir plus prometteur aux populations et à la planète », a précisé le Dr Simplice Asongu, économiste en chef et directeur de l’African Governance and Development Institute.
 
Les économistes ont bon espoir que 2018 sera marquée par une accélération de l’abandon des combustibles fossiles et de la transition vers une énergie 100 % renouvelable pour tous. Dans son dernier rapport « Perspectives énergétiques mondiales » paru en novembre dernier, l’Agence internationale de l’énergie estime que d’ici à 2040, les énergies renouvelables capteront deux tiers des investissements mondiaux destinés aux centrales électriques.
 
Les pays en voie de développement s’aperçoivent que les énergies renouvelables offrent un moyen plus rapide, économique et durable de permettre à des millions de personnes d’accéder pour la première fois à l’énergie. Les combustibles fossiles sont à l’agonie ; l’énergie 100 % renouvelable pour tous est inévitable.
 
« La transition internationale des combustibles fossiles vers l’énergie renouvelable représente l’une des plus formidables opportunités économiques de l’histoire humaine, mais elle ne suffira pas à sauver notre climat si nous tergiversons en continuant d’investir dans les combustibles fossiles », a conclu le professeur Robert Costanza, vice-chancelier du département de politique publique de la Crawford School of Public Policy (Australian National University).
 
 
(1)  350.org, Alternatiba, les Amis de la Terre France, ANV-COP21, Attac France, Bizi!, la Confédération paysanne, la Coordination Eau Bien Commun France, la Coordination Eau Bien Commun Ile de France, le CRID, France Nature Environnement, Notre Affaire à Tous, Greenpeace France, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Oxfam France, le REFEDD, le Réseau Action Climat France, le Réseau sortir du nucléaire, Sciences Po Zéro Fossile, l’Union Syndicale Solidaires.
Pour aller plus loin :
 
– Rapport « Banques françaises : quand le vert vire au noir », par Oxfam Franc et les Amis de la Terre, 2015
 
Illustration  ©uwimprint.ca
 

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