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alimentation

Bon point pour les pois chiches, peut mieux faire sur les pesticides

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L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié ce jour son rapport « Actualisation des repères du Plan National Nutrition Santé (PNNS) : révision des repères de consommations alimentaires ». Sept associations [1] en tirent un bilan mitigé alors qu’on attendait pourtant des réponses aux enjeux de santé publique et environnementaux de la France.
 
L’ANSES a publié ce jour son rapport actualisant les repères nutritionnels qui permettront au ministère de la Santé de définir ses politiques de santé publique. Une version 4 du Plan national nutrition santé (PNNS4) sera publiée sur cette base par la suite [2].
Le contenu du rapport de l’ANSES est crucial car il orientera aussi bien les formations des nutritionnistes, les menus des cantines, la sensibilisation réalisée par les travailleurs sociaux et les services de la petite enfance, etc. Sur la base de ces « repères » notre assiette pourrait évoluer pour mieux répondre aux enjeux majeurs de santé publique auxquels fait face la société (prévalence des cancers, maladies chroniques, obésité, etc.). Les données de la recherche accumulées depuis plusieurs décennies ont mis en évidence le rôle de la nutrition dans ses trois dimensions (alimentation, activité physique et état nutritionnel) comme un déterminant majeur de la santé. Une consommation suffisante en fruits et légumes, en aliments riches en glucides complexes ou en fibres, ainsi qu’une limitation de la consommation de certains nutriments comme les acides gras saturés ou les glucides simples, sont souvent considérées comme des facteurs protecteurs associés à une réduction de certaines maladies chroniques.
Mais l’évolution est aussi nécessaire pour répondre aux enjeux environnementaux tels que la crise climatique, la contamination des milieux (eau, air, sols) et la perte en biodiversité.
 
Ce travail a visé pour la première fois à élaborer des repères de consommation pour les principaux groupes d’aliments visant à satisfaire les besoins nutritionnels de la population adulte, tout en intégrant les enjeux associés à la présence de certains contaminants chimiques dans l’alimentation. 

Enjeux sanitaires et environnementaux : des solutions convergentes

Afin de prendre en compte ces enjeux, les sept organisations espéraient vivement que ce rapport incite à encourager la consommation d’aliments issus d’un mode de production durable pour à la fois réduire les impacts environnementaux de l’agriculture et préserver la santé de la population. Il est de plus indispensable d’inciter à réduire la consommation de protéines animales (viande, poisson et produits laitiers) pour évoluer vers un système agricole et alimentaire durable.
En moyenne, 10kg de protéines végétales sont utilisées pour produire 1kg de protéines animales. Selon l’APSARes, pour obtenir de la viande, il faut d’abord nourrir un animal : par exemple, il faut 13kg de céréales et 30kg de foin pour produire 1kg de viande de bœuf. En conséquence, la production d’aliments d’origine animale nécessite en moyenne beaucoup plus de ressources que la production d’aliments végétaux. Ce gaspillage de ressources est lourd de conséquences pour la planète et contribue à renforcer l’insécurité alimentaire mondiale.
Comme le soulignait le World Watch Institute dans son rapport de 2004, l’appétit des humains pour la chair animale menace à présent l’avenir de l’espèce humaine du fait des multiples dommages à l’environnement dont il est responsable : déforestation, érosion, épuisement des ressources d’eau douce, pollution de l’air et de l’eau, réchauffement climatique, réduction de la biodiversité, injustices sociales, développement de maladies. Malgré cela, la quantité de viande consommée par habitant a plus que doublé ces cinquante dernières années, alors même que la population mondiale s’est fortement accrue. De fait, la demande mondiale de viande a quintuplé, et cette tendance à la hausse devrait se poursuivre dans les prochaines années, exacerbant la pression exercée sur la disponibilité des aliments pour une part grandissante de l’humanité, mais aussi sur la disponibilité des terres, de l’eau, des énergies fossiles, tout en accentuant le problème du réchauffement climatique, de la pollution et des déchets.

 
L’alimentation est donc l’un des domaines avec les impacts environnementaux les plus forts. Selon le magazine e-RSE.net, pour produire de la nourriture à échelle industrielle, il faut des terres, sur lesquelles on utilise bien souvent des engrais, des pesticides, des herbicides ou encore des fongicides. Il faut des machines pour faire les récoltes, des véhicules pour transporter la nourriture, la conserver. Au total, on estime par exemple que le secteur alimentaire (toute la chaîne) pourrait représenter jusqu’à un quart des émissions de gaz à effet de serre humaines. Lorsque nous consommons des produits alimentaires, nous avons donc une responsabilité vis-à-vis de la planète et de l’environnement.            

Une assiette à moitié pleine… à accompagner d’une politique alimentaire durable

Les travaux publiés ce jour contiennent une avancée notable : le classement des légumes secs (haricots, pois chiches, lentilles, pois cassés, etc.) dans une catégorie à part, accompagnés de préconisations de consommation pour leur richesse en fibres et en protéines. De plus, pour la première fois, l’ANSES met en avant la nécessité de diminuer la consommation de viande (hors volaille) à 500 grammes par semaine, et la charcuterie à 25 grammes par jour, ce qui est à saluer. Ainsi que sur la nécessité de limiter la consommation des boissons sucrées. Enfin, l’Agence rappelle la nécessité de diminuer les teneurs de certains contaminants de l’alimentation (arsenic inorganique, acrylamide, plomb) et réitère sa recommandation aux consommateurs de diversifier leur régime alimentaire et les sources d’approvisionnement.  En revanche, aucun lien n’est explicitement établi entre mode de production durable (et en particulier agriculture biologique) et santé. Un bilan en demi-teinte donc.
 
Au-delà de ce rapport, il faut insister pour que les prochaines recommandations alimentaires du ministère de la Santé, en plus de l’enjeu santé, prennent  en compte l’enjeu environnemental en tant que tel, en cohérence avec la définition de l’alimentation durable de la FAO [3]. Une agriculture plus respectueuse de l’environnement et du climat aura en effet des impacts positifs sur la santé du plus grand nombre : pollution atmosphérique, gaz à effet de serre, qualité de l’eau, etc.). Surtout, sans modification de son régime alimentaire, la France sera incapable d’atteindre ses objectifs nationaux de diminution des émissions de gaz à effet de serre [4] et de polluants atmosphériques [5].
(Source : Réseau Action Climat France – Janv 2017)
 
Par ailleurs, face à la pression démographique actuelle (9 milliards d’humains en 2050 d’après l’ONU), alors que près d’un milliard d’humains souffrent déjà de la faim, opter pour une alimentation durable permettrait de lutter contre le problème de l’insécurité alimentaire tout en épargnant des dommages irréversibles à l’environnement. Or l’épuisement des ressources de la planète déclencherait des conflits sans précédent et mettrait en péril le maintien de la vie sur terre.
 
Vouloir solutionner les problèmes actuels de santé publique n’a donc pas grand sens si l’on ne s’attache pas, avant tout, à oeuvrer pour faire évoluer des modes alimentaires qui, en plus d’être responsables de l’apparition de maladies pour les uns, ne font que creuser les inégalités d’accès aux ressources alimentaires, et menacent plus généralement la survie de l’espèce humaine à moyen terme.
 

 

A LIRE : la BD « Planetman passe à table » de Réseau Action Climat, écrite par Simon Coquillard – Scénario et dessins : Baptiste Ribrault 

 
[1] Le Réseau Action Climat, Solagro, Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot, le WWF, Générations Futures et France Nature Environnement.
[2] Pour mémoire, il s’agissait par exemple de la campagne de communication « 5 fruits et légumes par jour » ou encore « Manger Bouger c’est la santé », www.mangerbouger.fr/PNNS
[3] « Les alimentations durables sont les systèmes alimentaires à faibles impacts environnementaux, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des générations présentes et futures. Les alimentations durables sont protectrices et respectueuses de la biodiversité et des écosystèmes, sont acceptables culturellement, accessibles, économiquement équitables et abordables. Elles sont nutritionnellement correctes, sûres et saines, tout en optimisant les ressources naturelles et humaines », FAO, 2010.
[4] La loi de transition énergétique de 2015 fixe un objectif de division par 4 des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 (facteur 4) et la feuille de route pour atteindre cet objectif (Stratégie nationale bas carbone, 2015) fixe un sous objectif de division par 2 des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture (Facteur 2 agricole). La Stratégie nationale bas carbone s’impose au PNNS qui devra notamment prendre en compte la baisse de la consommation des produits animaux.
[5] La Directive NEC impose des seuils d’émissions pour chaque état membre. Parmi les polluants pris en compte par cette directive figure l’ammoniac, émis à 98% par l’agriculture
                      

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