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La transition agricole et alimentaire a commencé : les 10 signaux du WWF qui le prouvent

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Entre 2015 et 2016, l’agriculture responsable a gagné du terrain, les Français ont consommé de manière toujours plus responsable, la restauration collective a amélioré ses pratiques et les nouveaux modes de distribution (circuits courts, supermarchés coopératifs) ont considérablement progressé. Alors que les Etats généraux de l’alimentation se sont achevés avec des décisions politiques imminentes, le WWF France présente les 10 signaux démontrant que la transition agricole et alimentaire est déjà à l’œuvre.
 
Pour Pascal Canfin, Directeur général du WWF France, les Français sont en train de changer leur alimentation et les représentations qui l’entourent bien plus vite que les décideurs ne le pensent. Déclin de la viande, explosion de la consommation de bio, changement des pratiques au sein de la restauration collective… autant d’exemples qui montrent que la transition agricole et alimentaire a commencé.
C’est pour nourrir les débats des États généraux de l’alimentation que le WWF France publie ces 10 signaux. En effet, si les Français ont déjà commencé à changer leurs pratiques et semblent encore plus enclins à le faire demain, les politiques publiques doivent encourager, et non freiner, cette transition agricole. Le WWF France veut contribuer à un nouveau pacte entre les agriculteurs, premières victimes du modèle d’agriculture industrielle dominant, et les citoyens. Augmenter le revenu des premiers, répondre aux attentes des seconds en matière de qualité, réduire la pression que la production agricole exerce sur la planète. Tout cela est à portée de main et doit constituer le cœur de ce nouveau pacte. Les Français y sont prêts. Aux décideurs, publics comme privés, de prendre leurs responsabilités et de saisir cette extraordinaire opportunité.
 

Les 10 signaux de la transition agricole et alimentaire

 
1 – LES FRANÇAIS PLÉBISCITENT UN CHANGEMENT DE MODÈLE AGRICOLE
 
 
Le 10 octobre 2017, le WWF France publie un sondage réalisé par l’IFOP sur les habitudes et les perceptions de consommation des Français. Les résultats sont sans appel : ils révèlent que les citoyens sont prêts pour une réelle transition agricole et alimentaire. Le sondage IFOP/WWF souligne qu’ils ont déjà changé leurs habitudes de consommation et sont conscients des risques environnementaux et de santé publique auxquels nous expose l’agriculture industrielle. Il y a donc en France une majorité culturelle qui ne cesse d’avancer, une majorité de Français qui appelle à une transition agricole et alimentaire et qui est prête à s’affranchir du modèle agricole actuel. (Source : IFOP)
 
2. L’AGRICULTURE RESPONSABLE GAGNE DU TERRAIN
 
 
Après un pic de croissance hors norme en 2015, le nombre de conversions d’exploitations en bio a encore augmenté en 2016. En décembre dernier, le “zéro pesticide” représentait 5,7 % de la surface agricole utile (SAU) du territoire avec plus de 1,5 million d’hectares engagés en bio, soit une hausse de +17 % en un an ! (Source : Agence Bio)
 
 A ce jour, on recense 9 000 fermes certifiées HVE (1) au niveau 2 (respect d’un référentiel des 16 exigences environnementales) (Source : Chambres d’agriculture France) et 786 au niveau 3 (stade le plus avancé en agro-écologie). (Source : Ministère de l’agriculture)
Dans l’hexagone, l’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire, que ce soit pour des élevages ou des animaux de compagnie, a chuté de 37% en cinq ans, dans la foulée du plan gouvernemental Ecoantibio (2). Cette baisse dépasse même les espérances puisque l’objectif initial était de diminuer l’usage des antibiotiques de 25%. (Source : Ministère de l’agriculture)
 
(1) Issue du Grenelle de l’environnement, la certification HVE permet de reconnaître « les bonnes pratiques environnementales et sanitaires des agriculteurs dans la gestion quotidienne de leurs exploitations » (biodiversité de l’exploitation, stratégie phytosanitaire, gestion des engrais et de la ressource en eau). Niveau 2 : respect d’un référentiel de 16 exigences de bonnes pratiques environnementales. Niveau 3 : stade le plus avancé en agro-écologie.
(2) Lancé en 2012, ce plan pluriannuel a été mis en place par le ministère en charge de l’agriculture pour s’efforcer de lutter contre la perte d’efficacité des antibiotiques qui impacte la santé humaine, la santé animale et celle des écosystèmes.
 
3. LE BOOM DU BIO FAIT DÉCOLLER L’EMPLOI
 
 
Au total, l’agriculture bio représente aujourd’hui plus de 118 000 emplois directs en équivalent temps plein, soit un gain de 32 500 emplois et une croissance annuelle moyenne de 8,4% de la filière (production, transformation, distribution) en seulement quatre ans ! Les quelque 32 300 fermes bio du pays pèsent désormais pour 10,8% de l’emploi agricole en France. Outre les producteurs agricoles « zéro pesticides », ce sont aussi près de 15 000 entreprises qui travaillent désormais pour la filière bio (+10 %), soit 47 185 emplois. Dans le détail, on dénombre 32 326 exploitants agricoles bio et 14 859 personnes qui travaillent dans la transformation et la distribution de produits bio, ce qui représente une évolution de l’ordre de 12% en l’espace d’un an. (Source : Agence Bio)
 
4. LES FRANÇAIS CONSOMMENT DE PLUS EN PLUS RESPONSABLE
 
 
En 2016, la consommation bio des ménages français a bondi de 21,7% par rapport à 2015 et le marché a dépassé les 7 milliards d’euros. Soit un gain d’1,2 milliard d’euros en seulement un an. Le bio représente 3,5 % du marché alimentaire des particuliers. (Source : Agence Bio)
 
La croissance de la consommation de produits issus du commerce équitable en 2016 a été exceptionnelle : + 42,8% par rapport à 2015. Le marché français atteint désormais 948 millions d’euros. (Source : www.commercequitable.org)
Entre 2015 et 2016, les ventes de produits de la mer labellisés MSC (3) ont augmenté de 35% en France. (Source : MSC) En 2016, 61% des poulets PAC (Prêt à Cuire) achetés par les ménages français étaient Label Rouge, en légère augmentation par rapport à 2015 (+1,1 point). (Source : SYNALAF)
 
(3) Le Label MSC (Marine Stewardship Council) est à ce jour un des seuls labels existant au niveau mondial et garantissant des filières de pêche responsables
 
5. LA CONSOMMATION DE VIANDE DIMINUE
 
 
Après le pic de l’après-guerre (+1,5 % par an entre 1960 et 1980) qui a atteint son sommet en 1984 (4), depuis 10 ans, la consommation de viande en France est en baisse régulière. (Source : France Agrimer) Entre 2007 et 2013, pour les viandes de boucherie (c’est-à-dire le bœuf, le veau, l’agneau, le porc frais et la viande chevaline), les niveaux sont passés de 58 à 52.5 g/j/personne, ce qui porte actuellement la consommation moyenne hebdomadaire à environ 370 g, soit 3 à 4 portions seulement par semaine. (Source : CREDOC)
 
Responsable de 15% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial selon la FAO, l’élevage accentue la déforestation et contribue au gaspillage et à la pollution de l’eau.
 
(4) Avec 94 kg en équivalent carcasse (kgec) de viandes consommées par habitant et par an – c’est-à-dire en incluant des parties non comestibles comme les os et les tendons, contre 86 kgec en 2014
 
6. LE DÉCLIN DES OEUFS DE BATTERIE
 
 
En France, de plus en plus d’entreprises, tous secteurs confondus, s’engagent à exclure les œufs de poules élevées en cage de leurs rayons ou de leurs préparations (5). Aujourd’hui, en France, les œufs dits « alternatifs », représentés par les codes 0,1 et 2 (respectivement élevage bio, plein air et sol) représentent près de 48% en volume du marché des œufs. ¼ des œufs vendus dans les Grandes et Moyennes Surfaces étaient des œufs biologiques ou Label Rouge en 2016. Les achats d’œufs biologiques ont progressé de 14% entre 2015 et 2016. Avec 14,3 milliards d’œufs produits en 2016, la France est le premier producteur d’œufs de consommation dans l’UE. Dans l’hexagone, 32 % des poules environ sont élevées en système alternatif, soit 15 millions de pondeuses sur un total d’environ 48,6 millions. (Sources : DGAL, Agence Bio, SYNALAF)
 
(5) De nombreuses enseignes se sont engagées suite aux campagnes publiques d’associations révélant les conditions d’élevage et d’abattage des animaux, dont L214, le représentant français de l’Open Wing Alliance, coalition internationale d’organismes poursuivant l’objectif de faire disparaître l’élevage en cage.
 
7. LE GASPILLAGE ALIMENTAIRE RECULE DANS LES SUPERMARCHÉS
 
 
Le 3 février 2016, la loi de lutte contre le gaspillage alimentaire est adoptée à l’unanimité. Elle interdit de rendre délibérément impropres à la consommation les invendus des industriels et oblige la grande distribution à distribuer les “surplus” alimentaires qu’elle jetait auparavant sous peine d’une amende de 3750 euros par infraction. (Source : Legifrance)
 
Selon L’ADEME, le volume des produits frais collectés auprès des supermarchés par les quatre principales associations d’aide alimentaire (Banques Alimentaires, Restos du cœur, Secours Populaire, Croix-rouge française) a augmenté de 20 à 30% entre 2015 et 2016. À la demande du ministère de l’écologie, l’ADEME a lancé une grande expérience auprès de dix magasins volontaires représentant cinq grandes enseignes nationales : Carrefour, Intermarché, Système U, E. Leclerc, Auchan. En trois mois, le gaspillage alimentaire a été réduit de 22% dans les supermarchés ayant participé au projet pilote.
 
8. VERS UN APPROVISIONNEMENT PLUS RESPONSABLE EN MATIÈRES PREMIÈRES AGRICOLES
 
 
A travers le Plan climat (6), le gouvernement s’engage à mettre un terme à la déforestation importée d’ici 2030, c’est-à-dire à l’achat de produits forestiers ou agricoles contribuant à la déforestation dans le monde. A l’occasion de la COP21, la France avait déjà signé les deux conventions d’Amsterdam, l’une visant à éliminer la déforestation des chaînes d’approvisionnement en matières premières agricoles à destination des pays européen, et l’autre ayant pour objectif de soutenir une huile de palme totalement durable à l’horizon 2020.
 
Le 25 octobre 2017, 23 des plus grandes entreprises alimentaires mondiales se sont engagées à mettre fin à la déforestation dans le Cerrado (7). Ce nouvel engagement a été inspiré par le Manifeste pour le Cerrado appelant tous les acteurs qui achètent du soja et du bœuf provenant de ce biome, ainsi que les investisseurs qui travaillent dans le secteur à adopter des politiques efficaces pour mettre un terme à la conversion de la végétation naturelle, et qu’ils ne s’approvisionnent plus dans des zones récemment déboisées.
 
(6) Annoncé le 5 juillet 2017 par Nicolas Hulot, Ministre de la transition écologique et solidaire.
(7) Élaboré conjointement par le WWF et Greenpeace au Brésil, et signé en septembre 2017 par 60 chercheurs brésiliens et organisations sociales et environnementales.
 
9. LA RESTAURATION AMÉLIORE SES PRATIQUES
 
 
En 2016, près de six établissements scolaires sur dix (60%) ont mis à disposition des plats préparés à partir de produits biologiques, contre 46% en 2011 et seulement 4% avant 2006. Et 32% des établissements proposent des menus entièrement bio. (Source : Agence Bio)
 
 En restauration collective, 78% des produits bio sont d’origine française et 59% d’origine régionale, confirmant ainsi la tendance générale des Français pour la consommation locale. La restauration commerciale met aussi de plus en plus de bio à la carte : le marché est estimé à 182 millions d’euros (+10 % par rapport à 2015).
La Ville de Paris a décidé quant à elle d’augmenter la part de poisson MSC servie dans sa restauration collective qui représente au total 1 300 cantines et plus de 30 millions de repas servis annuellement. (Source : mes courses pour la planète, Les chiffres de la consommation responsable 2017)
 
10. DE NOUVEAUX MODÈLES DE DISTRIBUTION ÉMERGENT
 
 
En France, en parallèle de la grande distribution (45% de part du marché bio), 20% des agriculteurs vendent leurs produits en circuits-courts (Source : La Ruche qui dit Oui). Le chiffre d’affaire de la distribution spécialisée bio (Biocoop, Bio c’ Bon, la Vie Claire etc.) a augmenté de 24% entre 2010 et 2016, passant de 1222 à 2497 millions d’euros, soit 37% du chiffre d’affaire total de la filière. (Source : Agence Bio)
 
Le nombre d’AMAP (8) continue de progresser. On en recense plus de 2000 aujourd’hui en France contre 1600 environ en 2011. Près de 250 000 familles « amapiennes », soit 300 000 mangeurs environ, s’alimentent grâce aux paniers AMAP. (Source : Amap)
La Ruche qui dit Oui, première plateforme numérique dédiée aux circuits courts, a réussi à fédérer plus de 5.000 producteurs dans l’hexagone (soit 5% des agriculteurs français) et de 160.000 gourmands réguliers. On compte 1109 ruches ouvertes et en construction en Europe. (Source : La Ruche qui dit Oui)
Les supermarchés participatifs qui proposent à leurs membres d’acheter des produits de qualité à bas prix en échange d’une contribution au fonctionnement se développent aussi. La louve, qui réunit aujourd’hui 3000 adhérents a fait des petits puisqu’on compte aujourd’hui une dizaine d’épiceries coopératives du même type dans les grandes villes de France.
 
(8) Association pour le maintien d’une agriculture paysanne. Les consommateurs s’engagent à l’avance, pour une saison de production en échange d’un panier hebdomadaire de produits frais (le plus souvent fruits et légumes) de saison, souvent biologiques, à partir de variétés végétales ou races animales de terroir ou anciennes. Il s’agit d’un lien direct, sans intermédiaire, entre le producteur et le consommateur.
 
 

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