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Pesticides : les agriculteurs essayent de s’en passer en ouvrant de nouveaux fronts.

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Malgré des plans visant à réduire de moitié la consommation des pesticides, la France, premier consommateur en Europe, a encore accru sa consommation entre 2011 et 2016, passant de 56.000 à 66.000 tonnes, selon Eurostat. Et ce, alors que l’inquiétude grandit face aux risques sur la santé humaine et aux effets sur la biodiversité et les insectes, à commencer par les abeilles.
Le gouvernement a réaffirmé que le glyphosate, substance la plus utilisée, ne sera plus autorisé à partir de 2021 mais a refusé d’inscrire cette échéance dans la loi Agriculture et alimentation.
Alors, comment réduire cette consommation de produits phytosanitaires auxquels de plus en plus d' »adventices » ou de parasites deviennent résistants ?
 
Au-delà des robots désherbeurs et autres matériels « intelligents » aux prix encore souvent prohibitifs, les spécialistes rappellent que pour trouver des alternatives aux produits phytosanitaires dans les cultures, il faut explorer tous les leviers de l’agronomie : « diversifier les cultures et les périodes de semis dans la rotation, avoir un travail du sol différencié (labour, déchaumage, faux-semis), bien choisir sa date de semis, avoir recours aux cultures associées, aux couverts inter-cultures, etc », déclare Jean-Albert Fougereux, directeur technique à la FNAMS (Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences). « Le désherbage mécanique reste un moyen curatif venant en dernier lieu. Il est important de combiner différents leviers en amont pour diminuer le stock de graines » » de mauvaises herbes, témoigne Frédéric Robert, qui pratique la polyculture à Angrie dans le Maine-et-Loire.
 

Encore 70 % de produits chimiques

À l’heure actuelle, souligne M. Fougereux, « les adventices sont maîtrisées à 10% par la mécanique, 20% par l’agronomie, et 70% par les produits chimiques ». « Notre vision est qu’en 2030, l’agronomie sera la pratique la plus utilisée, à hauteur de 35%. Le désherbage mécanique et intelligent sera utilisé dans 30% des cas, les nouvelles technologies à 10%. Les produits chimiques seront ramenés à 25% ».
 
Le directeur général de l’Alimentation (DGAL), Patrick Dehaumont, interrogé par l’AFP, cherche à temporiser : « Il ne faut surtout pas condamner les phytos, on en aura toujours besoin pour se protéger de certains accidents ». Mais ce qu’il faut, dit-il, « c’est évacuer les molécules les plus préoccupantes, les substances nocives pour la santé humaine. (…) Ce qui nous préoccupe beaucoup, c’est l’effet cocktail, l’effet combiné » de plusieurs substances. M. Dehaumont cite l’exemple des cerises fraîches et du diméthoate, un insecticide « très efficace » mais pouvant entraîner des intoxications aigües chez les enfants, interdit par la France il y a trois ans : « ça a amené des pays comme l’Espagne et l’Italie à ne plus l’utiliser. Quant aux cerises turques, interdites d’entrée en France pendant deux ans, elles ont fait leur retour cette année sur le marché français car elles sont désormais sans diméthoate ».
 
Mme Lambert, présidente de la FNSEA, voit globalement des perspectives positives vers une réduction des phytosanitaires : « le mot qui prévaut, c’est combinatoire. Il n’y a pas une solution unique. Le numérique démultiplie les possibilités, permet un désherbage de précision. L’intelligence humaine et l’intelligence artificielle vont décupler nos possibilités ».

 

Les pistes prometteuses du biocontrôle

Si la recherche peine à trouver une solution de remplacement aux herbicides à base de glyphosate, la lutte biologique, ou biocontrôle, elle, est en plein développement. Cette pratique ne représente encore que 5 % du marché des produits phytosanitaires, employé surtout sous serres et très peu dans les grandes cultures céréalières.

LIRE DANS UP : L’ère du biocontrôle est arrivée

Mais les chercheurs et notamment ceux de de l’INRA à Sophia Antipolis accumulent des succès. Ils citent en exemple l’éradication du cynips du châtaignier, une micro-guêpe originaire de Chine qui dévaste les exploitations en Europe. Un parasitoïde très efficace, le Torymus sinensis, a été trouvé en Chine et adapté en France, puis lâché chaque année depuis 2010 en différents endroits. Aujourd’hui, les régions productrices de châtaignes ont retrouvé leur niveau de production d’il y a 10 ans. « Une grande victoire » dit Nicolas Borowiec, ingénieur à l’INRA, dans son laboratoire Entomopolis, un bâtiment ultra-sécurisé où sont élevés en confinement absolu aussi bien des ravageurs comme les punaises, que les « auxiliaires » qui vont les anéantir.
 
Le plus connu de ces auxiliaires est le trichogramme, une micro-guêpe parasitoïde qui va pondre ses œufs dans les larves des gloutonnes pyrales, empêchant leur développement. « Nous cherchons à diversifier leur utilisation, connue depuis plusieurs décennies pour le maïs » explique Nicolas Ris, ingénieur à l’INRA. Des trichogrammes pourraient bientôt protéger riz, canne à sucre, ou tomate sous serre.
 
Le secret de cette guerre biologique : les odeurs. « Le plant de maïs émet une odeur pour signaler qu’il est attaqué par des ravageurs, et le trichogramme sait reconnaître l’odeur de la plante qui appelle au secours » explique un chercheur.
 
Les deux prochains défis de l’Inra portent sur l’éradication du carpocapse de la pomme, larve qui se repait du fruit le plus consommé en France, et du drosophile suzukii, moucheron originaire d’Asie qui détruit les cerises et les fraises. Dans le premier cas, les chercheurs acclimatent depuis deux ans un parasitoïde, Mastus ridens, issu du Kazakhstan. S’attaquant à la larve, il a déjà donné de bons résultats aux Etats-Unis, au Chili, en Argentine, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Les premiers lâchers en verger devraient intervenir d’ici à 2019.
 
Contre le drosophile suzukii, la micro-guêpe Ganapsis fait figure de « candidat prometteur », mais l’Inra n’attend pas d’autorisation de l’introduire dans l’environnement avant deux ans. Il faut notamment s’assurer d’abord de son innocuité pour la biodiversité. De quoi faire piaffer les arboriculteurs bio qui attendent une solution naturelle alternative contre le drosophile, alors que le principal insecticide chimique, le diméthoate, a été interdit en France en 2016.
 
Côté champignons et micro-organismes contre les fusarioses du blé et autres moisissures des plantes, le potentiel de la lutte biologique est encore plus élevé. La course est lancée pour trouver la molécule naturelle qui vaincra le mildiou sur les vignes ou les tomates. « Les champignons sont des usines à molécules, ils présentent beaucoup de potentiel phytosanitaire et pharmacologique » souligne Michel Ponchet dans son laboratoire. « Les industriels sont d’ailleurs beaucoup plus impliqués dans ce secteur que dans celui des insectes » ajoute Thibaud Malausa, coordonnateur scientifique du biocontrôle à l’INRA.
 
Le nombre des autorisations de mise sur le marché de produits de biocontrôle s’est élevé à 400 l’an passé en France, soit 20% du total des AMM prononcées pour des produits phytosanitaires, qui, elles, ont chuté de 30% entre 2008 et 2017 à 1.930 contre 3.036, a indiqué mercredi Roger Genet, directeur-général de l’Anses lors d’une audition devant le Sénat. Le président de l’INRA, Philippe Mauguin, a estimé pour sa part, également devant le Sénat, que la France a la capacité à devenir « leader européen et peut-être mondial du biocontrôle ».
 
Source : AFP
 

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