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éducation

Le système éducatif français en questions

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L’éducation en France coûte 88 milliards d’euros par an, le plus important budget de la République, auquel il faut ajouter 30 milliards dédiés à la formation professionnelle. Le problème de l’éducation dans notre pays, n’est donc pas un problème de moyen. Pourquoi notre système éducatif est-il en panne ? Le premier numéro de 2016 de Futuribles propose un dossier sur l’éducation et la formation, au travers de trois articles qui permettent une mise en perspective de ce système où « l’homme moderne table sur la compétence de l’avenir pour corriger les injustices du présent » (1).
 

La reproduction des inégalités

 
Le premier, de Bernard Hugonnier, porte sur la reproduction des inégalités via le système éducatif. Depuis quelques années, on évoque en effet en France, sinon le déclassement des classes moyennes, à tout le moins le renforcement de la reproduction sociale (au sens où pouvait l’entendre Bourdieu) : le système éducatif et économique français ne permettrait plus aux individus les plus modestes de progresser dans l’échelle sociale, tandis que les élites politiques et économiques, pour leur part, continueraient à se reproduire, maintenant une logique d’héritage social. L’ascenseur social est-il en panne en France ? 
 
Manifestement, oui selon Bernard Hugonnier, qui a examiné les évolutions relatives à l’élitisme républicain en France ou, autrement dit, à la façon dont l’École permet aux élèves, par leurs compétences et indépendamment de leur origine sociale, de rejoindre l’élite du pays. Après un rappel de ce qu’est l’élitisme républicain, de ses origines et de la façon dont on peut le mesurer (et le comparer à ce qui prévaut dans d’autres pays), l’auteur montre que le système éducatif français est aujourd’hui très inéquitable, marqué par un fort déterminisme social, ce dont les Français sont de plus en plus conscients. Au-delà du constat d’échec qui peut être tiré de cette analyse en termes d’égalité d’accès à l’élite républicaine, cet article souligne les conséquences indirectes qui en découlent : perte de confiance dans les élites, notamment politiques, et r emise en cause du caractère réellement démocratique de la république en France. Incontestablement, ces freins à la mobilité sociale et la conscience qu’en ont les Français constituent des menaces importantes à la cohésion sociale. Et pour y faire face, nous dit Bernard Hugonnier, il faudra commencer par réformer en profondeur le système éducatif. 
 

L’influence des standards internationaux

 
Dans un deuxième article, Alain Michel s’intéresse au poids croissant de certains standards internationaux dans le domaine de l’éducation. En effet, les études comparatives sur l’éducation menées par diverses instances internationales, publiques ou privées, ont conduit à des analyses et recommandations ayant une influence importante sur les politiques éducatives nationales ou infranationales. C’est en particulier le cas de l’OCDE, avec notamment sa publication annuelle d’indicateurs et les évaluations menées tous les trois ans dans le cadre de son Programme international de suivi des acquis des élèves de 15 ans (PISA), qui a eu un profond retentissement dans de nombreux pays. À quoi il faut ajouter, pour les pays membres de l’Union européenne, les études et les outils élaborés par la Commission européenne à travers la « méthode ouverte de coordination ». 
Alain Michel analyse ici dans quelle mesure l’impact de PISA et celui des recommandations européennes conduisent à une certaine homogénéisation des politiques éducatives et de ce que l’on appelle les curriculums, autrement dit les programmes d’enseignement (contenus, objectifs, modes d’évaluation, articulation…). Il examine également la pertinence des critiques adressées à l’influence d’une vision jugée trop exclusivement économiste de l’éducation véhiculée par l’OCDE, et la réalité du soft power que celle-ci exercerait sur les politiques nationales d’éducation — un pouvoir qui certes pousse à la convergence, mais sans uniformisation des systèmes éducatifs pour le moment.   
 

Pour une réforme de la formation continue

 
Enfin, dans un troisième article, Paul Santelmann dresse un bilan de la formation continue en France. Dans un contexte économique tendu par la crise et confrontés à des technologies en évolution croissante et rapide, les adultes — qu’ils soient en emploi, à la recherche d’un emploi ou en reconversion — ont (ou vont) éprouver un besoin croissant de se former pour s’adapter au marché du travail. 
La France n’échappe pas à ce phénomène mais son système de formation continue, récemment modifié, ne brille ni par sa simplicité d’accès ni par son adéquation aux publics les plus concernés par le besoin de formation. 
 
C’est ce que montre cet article qui, après avoir rappelé l’historique de la formation professionnelle des adultes en France, souligne combien le système est fragmenté, peu lisible, indirectement pénalisé par la part encore trop belle faite à la formation initiale… Comparant l’appareil de formation français à celui de quelques voisins européens, l’auteur met en exergue les difficultés liées également à l’organisation administrative de la politique de formation (échelons locaux et national), et à la faible prise en compte des finalités de la formation pour les publics concernés (actifs, entreprises…).
Paul Santelmann termine en soulignant les principaux défis auxquels devra répondre la France en la matière, appelant à une restructuration substantielle du système de formation continue tenant compte des besoins des diverses transitions (numérique, technologique, énergétique…) en cours en France. Les moyens budgétaires existent ; l’enjeu est bien celui de l’efficience.
 
 
L’année 2016 verra-t-elle les dispositions visant à reformer le système éducatif français aboutir ?  Serons-nous comblés par l’efficience à venir de l’instruction française ? N’oublions jamais que l’éducation est le vrai rempart au fanatisme et à l’extrémisme, parce que l’éducation est la seule réponse à la misère sociale et morale, comme véritable outil de transformation individuelle et collective.
 
 
(1) Alain Finkielkraut « Le mécontemporain » 
 
 

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