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Que peut faire le journalisme en Afrique face aux polarisations religieuses ?

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Dans un monde où les actions politiques violentes sont en augmentation, où l’incompréhension s’accroît entre sociétés riches et sociétés qui n’ont pas encore accès à la prospérité, les budgets d’aide publique au développement du Nord – déjà souvent en voie de réduction – ont tendance à se réorienter vers les questions sécuritaires au détriment de la coopération culturelle ou médiatique. Dans ce contexte où une information impartiale, documentée et apaisée est plus nécessaire que jamais, la Fondation Hirondelle est particulièrement opérante, à travers une multitude d’initiatives courageuses et humaines.
 
Au nom de Dieu se répand dans notre société mondiale ce qui est le plus contraire à toute sainteté : la violence absolue érigée en dogme. C’est l’ensemble de la dimension religieuse, qui constitue objectivement l’une des composantes de nos sociétés – peu importe qu’individuellement nous la revendiquions ou que nous nous en passions – qui est ainsi prise au piège infernal des identités
meurtrières.
Le journaliste généraliste constate les faits et rend compte des guerres civiles, des attentats, des exécutions. Il tente de remonter aux racines sociales et religieuses. Mais dans le récit qu’il fait quotidiennement de l’état du monde, la perspective qu’il trace sur le fait religieux prend aujourd’hui inévitablement racine dans l’action violente. C’est ainsi que dans notre représentation du monde, ici
l’Islam, là l’Occident de tradition chrétienne, ailleurs le moine bouddhiste ou l’animiste, peuvent devenir la menace et l’ennemi à combattre.
Les médias se retrouvent pris dans le cercle vicieux d’une instrumentalisation plus sournoise que le seul jeu d’une habile maîtrise de la communication. Pour y échapper, peut-être faut-il élargir le champ de notre investigation, étendre notre enquête sur la dimension religieuse de nos sociétés,
afin d’en ôter le monopole aux extrémistes. Puisque, selon la remarque d’un dignitaire musulman, aucune guerre n’est sainte sauf celle que l’on conduit contre ses propres démons.
Jean-Marie Etter,
Directeur général de la Fondation Hirondelle

Le journalisme face aux polarisations religieuses

Attentats en Irak, en Tunisie, en Turquie, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Nigeria, au Pakistan, en Belgique… En Asie, en Afrique, en Europe, le mois de mars 2016 a été particulièrement marqué par des violences terroristes ayant causé plus d’une centaine de victimes, et chaque fois revendiquées par des groupes politico-religieux : Etat islamique, AQMI, Boko Haram, talibans… Ces attentats ne viennent pas de nulle part : ils sont la traduction en actes ultimes de fragmentations sociales déterminées par des conceptions religieuses extrémistes, qui ont d’autant plus le vent en poupe qu’elles sont largement soutenues sur le plan financier. Prospérant notamment sur la misère économique ou le désir de revanche, elles définissent des identités exclusives, peu conciliables avec l’altérité.
Que peut faire le journalisme face à la propagation de ces polarisations religieuses ?
Cette interrogation questionne plus que jamais la Fondation Hirondelle, active dans plusieurs pays directement confrontés à ce phénomène ces dernières années (Tunisie, Burkina Faso, Mali, Niger, Côte d’Ivoire, Centrafrique…).
Le Mali a ainsi connu en 2015 une violence djihadiste répétée dont l’acmé s’est située en novembre lors de l’attentat du Radisson Blu de Bamako. Studio Tamani, le programme d’information créé par la Fondation Hirondelle dans ce pays, traite quotidiennement de cette actualité. Le travail journalistique développé ici par la Fondation Hirondelle ne se limite pas à l’énoncé des attentats et à leur sinistre bilan. Il s’agit aussi de donner la parole pour illustrer les amalgames dont sont victimes certaines communautés comme celle des peulhs, ou d’informer sur les initiatives dans les régions tentant de mieux prendre en compte les problématiques de jeunes en souffrance, recrues
potentielles pour les groupes terroristes. Il s’agit enfin d’organiser, en studio et en direct, le dialogue entre toutes les composantes de la société malienne, y compris entre les représentants d’un islam conservateur, et ceux qui ont une conception traditionnellement plus
ouverte de leur religion.
Fidèle à la tradition helvète de cohabitation pacifique entre des communautés que beaucoup semble opposer, soutenue par la diplomatie suisse dont l’un des objectifs est de promouvoir la paix et les solutions consensuelles aux conflits, la Fondation Hirondelle a fait le pari du dialogue et s’attache dans ses médias à faire débattre ensemble les acteurs de sociétés clivées.

Studio Tamani : le djihadisme interroge la société sur son rapport aux jeunes

Créé en 2013 par la Fondation Hirondelle, Studio Tamani est un programme radiophonique quotidien de trois heures produit et réalisé au Mali. Bernard Conchon, son Chef média, aborde la façon dont il traite la violence djihadiste au quotidien.
 
Comment Studio Tamani rend-il compte de la violence djihadiste au Mali ?
Bernard Conchon : Studio Tamani rend compte des attaques djihadistes, commises par des groupes principalement liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ainsi que des réactions de la société malienne.
Récemment, trois événements ont suscité un accompagnement éditorial important : le 20 novembre 2015, l’attaque de l’hôtel Radisson Blu de Bamako, dont les auteurs – deux jeunes d’une vingtaine d’années – ont été tués au cours de l’assaut ; les 27-29 février 2016, le colloque sur la lutte contre le radicalisme religieux organisé par Sabati 2012, mouvement de leaders musulmans du Mali ; en mars 2016, l’engagement de 200 jeunes radicalisés de la région de Mopti à quitter les groupes armés du Front de libération du Macina (FLM).
 
Quels ressorts du djihadisme vos émissions ont-elles mis en lumière ?
BC : Nos émissions ont révélé que les attentats terroristes, au Sahel comme en Europe, interrogent la société sur son rapport aux jeunes. Car ce sont des jeunes, et souvent des très jeunes, qui en sont les auteurs.
Dans la région de Mopti (centre du Mali), la radicalisation apparaît comme une compensation sociale et affective qui émerge en réaction à une violence économique et sociale subie ou ressentie. Brema Ely Dicko, chef du département socio-anthropologie de l’Université de Bamako, estime ainsi que seuls 1 à 2 % des jeunes Maliens engagés dans les mouvements djihadistes sont convaincus de l’idéologie qu’ils véhiculent.
En mars dernier, la société civile, les élus et les autorités religieuses ont décidé d’agir : ils ont su persuader 200 jeunes djihadistes, pour la plupart sous l’influence du FLM, de déposer les armes et de prendre le chemin de la réinsertion.
 
Au prisme des émissions de Studio Tamani, comment le dialogue sur la violence djihadiste évolue-t-il au Mali ?
BC : Il y a quelques mois, il n’était question que des actions terroristes, de leur recrutement et des enjeux sécuritaires. Aujourd’hui, la lecture du fait terroriste ne se limite plus seulement à ces aspects : elle interpelle le débat politique. «Il faut engager des discussions avec les djihadistes maliens. En retour, ils vont aider le Mali à se débarrasser des djihadistes venus d’ailleurs», affirme ainsi l’Aménokal (chef) de la tribu touarèue des Ifoghas, Mohamed Ag Intalla, par ailleurs député de Kidal (Nord-Est du Mali) et membre de la majorité présidentielle.
Cette position a été également soutenue dans nos émissions par des responsables de la Plateforme et de la Coordination des mouvements de l’Azawad, deux structures regroupant essentiellement des organisations qui se sont longtemps opposées dans le Nord-Mali.

Studio Kalangou, naissance d’un média indépendant au Niger

Depuis janvier, Studio Kalangou produit chaque jour un journal et un « forum » qui invite la société nigérienne à dialoguer. Un dispositif radio particulièrement utile dans le cadre de la séquence électorale du premier semestre 2016.
 
Mariama Diallo, présentatrice du journal de Studio Kalangou en français. Photo: © Pauline Bend/Fondation Hirondelle

 
Le 18 janvier 2016, Studio Kalangou a diffusé ses premières émissions au Niger (le kalangou est un petit tambour traditionnel, populaire dans la région sahélienne). Initié dès septembre 2015 par la Fondation Hirondelle, ce studio de production radio répond à une triple logique : être une source d’information fiable, être un outil de consolidation de l’Etat de droit et du dialogue national, être un acteur du processus électoral 2016 (élections présidentielles et législatives couplées en février-mars, élections locales en mai). Basé à Niamey, animé par une quinzaine de journalistes nigériens formés par la Fondation, Studio Kalangou produit quotidiennement une heure et demie de programmes : un journal de 15 minutes en trois langues (français, haoussa, zarma) et un «forum » de 45 minutes en français où habitants, experts et acteurs d’une thématique sont invités à dialoguer. A partir de mai 2016, Studio Kalangou produira également des programmes en tamasheq et en peulh, afin de mieux se faire entendre par l’ensemble des habitants du Niger. Les émissions sont diffusées par un réseau de dix radios partenaires, associatives ou privées, situées à Niamey et dans les capitales régionales du Niger.
La campagne électorale qui s’est achevée le 20 mars 2016, jour du second tour de l’élection présidentielle, a donné lieu à des forums où chaque candidat venait s’exprimer, et où la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) répondait aux questions de la rédaction : Qui peut voter ? Où voter ? Comment voter ?

Kandindi : une production audiovisuelle thématique en RD Congo

La nouvelle agence média de la Fondation Hirondelle en RD Congo entend prendre du recul par rapport à l’actualité pour mieux documenter la construction du pays.
 
Créée en septembre 2015 par la Fondation à Kinshasa, Kandindi («hirondelle » en tshiluba) est une nouvelle agence de production audiovisuelle de droit congolais.
Son ambition éditoriale est double : ouvrir un champ d’information thématique, complémentaire de l’actualité, en vue de documenter les grands enjeux de la construction de la République démocratique du Congo ; travailler avec le secteur privé, des entreprises aux ONG, pour valoriser auprès des jeunes Congolais ses initiatives en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE) ainsi que ses contributions à l’édification du pays.
Les émissions produites par Kandindi, sujets longs ou débats enregistrés, sont diffusées sur le réseau des 90 radios communautaires coordonné par la Fondation Hirondelle en RD Congo, représentant un bassin d’audience d’environ 35 millions d’habitants. Elles trouvent également un écho sur les réseaux sociaux. Alors que la Monusco ne souhaite plus recourir aux services de la Fondation Hirondelle dans la gestion éditoriale de Radio Okapi, la Fondation a gardé une équipe d’une dizaine de personnes à Kinshasa. Avec Hirondelle Communication, agence produisant des contenus éditoriaux d’intérêt général pour des clients institutionnels, l’agence Kandindi entend devenir le second pilier des opérations pérennes de la Fondation en RD Congo.
 
© Nouvelles de la Fondation Hirondelle  Juin 2016
 
 
 

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