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Données personnelles et confiance : quelles stratégies pour les citoyens-consommateurs en 2017 ?

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Après le 9ème Opus des Cahiers de Veille de la Fondation Mines-Télécom qui vient de sortir, l’Institut Mines-Telecom révèle les résultats d’une étude exclusive réalisée avec Médiamétrie, « Données personnelles et confiance : quelles stratégies pour les citoyens-consommateurs en 2017 ? », pour prouver, s’il en est encore besoin, que la confiance est primordiale pour le vivre ensemble dans la société et le développement de l’économie numérique.
 
La Chaire Valeurs et Politiques des Informations Personnelles de l’IMT (Institut Mines-Télécom) s’est associée à Médiamétrie pour réaliser une grande enquête sur la manière dont les Français gèrent leurs données personnelles, présentée lors de la 14e Rencontre de la Chaire, le 23 juin. La Chaire propose d’étudier ces problématiques en se positionnant de la manière suivante : Une création de valeur durable, marchande et non marchande s’appuyant sur de l’innovation sociale et économique, sur une appropriation sociétale éthique et une sécurité juridique et technique.
Une enquête qui s’inscrit dans le contexte d’une lente érosion de la confiance sur Internet, de la collecte souvent abusive des données personnelles et des moindres faits et gestes des individus par certains Etats ou acteurs privés.
 
La confiance est primordiale pour le vivre ensemble dans la société et le développement de l’économie numérique, qui se nourrit des données des internautes. C’est un préalable primordial pour le bon développement de l’économie numérique, une économie qui se nourrit en grande partie des données relatives aux individus. Il s’agit donc de comprendre dans quelle mesure les usagers, citoyens et consommateurs, sont prêts à partager leurs données personnelles, avec quels acteurs, et dans quelles conditions.
Subissent-ils les pratiques des grands acteurs de l’Internet ou développent-ils de nouveaux comportements, notamment en utilisant des outils de protection qui empêchent la collecte de leurs données personnelles ? Quel est l’impact de ces nouveaux comportements sur la manière de s’exprimer en ligne, de rechercher des informations ou d’acheter des produits ?
 
Ces informations fournies par les personnes, ou traces de leurs activités et interactions, posent en effet de nombreuses questions en termes de :
– Valeur sociale : quels nouveaux services pour assurer la confiance, quel type de confiance ? Comment préserver ce qui nous définit en tant qu’être humain ?
– Valeur économique : De quelle manière les informations personnelles participent-elles à la création de valeur ? Comment associer les données publiques, business et privées pour développer des produits, services et stratégies innovantes ?
– Politique de contrôle : qui contrôle ou doit contrôler les informations personnelles ? Comment assurer leur sécurité technique et pratique ? Comment contrôler les contrôleurs ?
– Politique de régulation : comment ces informations sont-elles ou doivent-elles être régulées au niveau juridique, économique et éthique ? Comment assurer de façon effective le respect des droits et libertés fondamentales des citoyens ?
 
L’étude révèle, entre autres, que la prudence est de mise : 61% des internautes refusent de partager leur géolocalisation, 35% d’entre eux ont déjà renoncé à l’achat ou ont changé de moyen de paiement pour ne pas laisser de traces sur Internet et 11% naviguent uniquement sur des sites qui ne nécessitent pas de s’identifier.
 
Par ailleurs, les internautes ne sont pas prêts à accepter toutes les intrusions pendant leur navigation sur le web et souhaitent rester sélectifs : 60% d’entre eux règlent les paramètres de confidentialité et de préférences sur leur moteur de recherche ou les réseaux sociaux pour limiter les informations collectées et 55% ont déjà utilisé un bloqueur de publicité sur au moins un écran.

Des utilisateurs de plus en plus attentifs à la circulation de leurs données personnelles

Plus de la moitié des internautes s’estiment plus vigilants sur Internet (par rapport aux années précédentes). Parmi les raisons évoquées figurent principalement l’exposition de la vie privée de certaines personnes sur les réseaux sociaux et la médiatisation des vols de données personnelles.
 
Surtout, les internautes différencient les contextes dans lesquels s’effectue la circulation de leurs données (cf. la notion de « contextual privacy » développée par Helen Nissenbaum et reprise dans le Cahier n° 1 de la Chaire Valeurs et Politiques des Informations Personnelles). Ainsi, les goûts et les centres d’intérêts, mais aussi les habitudes de navigation sont estimés pouvoir être partagés essentiellement avec les réseaux sociaux. A contrario, les données figurant dans une pièce d’identité le sont uniquement avec les sites de l’Etat.
 
Sur ce fond, une autre tendance plus récente se dessine : 38% des personnes ne souhaitent plus partager leurs données avec les réseaux sociaux par exemple et 10% d’entre elles, si elles en avaient le choix, préfèreraient ne fournir aucune information.
 

Des utilisateurs qui développent des stratégies de protection

L’étude confirme le constat de plus en plus partagé : les Conditions Générales d’Utilisation (CGU) n’inspirent plus confiance. Ainsi, 89% des internautes ne lisent pas, ou seulement partiellement, les informations relatives aux politiques de confidentialité. Ils considèrent que celles-ci sont trop longues (80%), non modulables (54%) et peu claires (42%). Comme les utilisateurs sont conscients des risques inhérents à la circulation de leurs données et qu’ils font moins confiance à l’encadrement de celle-ci, ils mettent en place des stratégies pour leur propre protection.
L’augmentation de la vigilance des internautes porte principalement sur le paramétrage des comptes ; celui-ci concerne principalement la désactivation de la localisation, la suppression des traces de navigation sur Internet et le paramétrage des comptes sur les réseaux sociaux.
 
 
L’utilisation d’un bloqueur de publicités est largement motivée par un refus de l’intrusion représentée par les publicités. Au-delà, plus d’un tiers des personnes interrogées déclarent utiliser un bloqueur pour protéger leurs informations personnelles et leur vie privée.
 
On constate enfin une modification des comportements d’achats pour protéger ses données. Renoncer à l’achat ou changer de moyen de paiement pour ne pas laisser de traces constituent deux pratiques utilisées par plus d’un tiers des Internautes lors de leurs achats en ligne.
Actions pour ne pas laisser de traces lors d’un achat en ligne : Renoncer à l’achat ou changer de moyen de paiement, pour ne pas laisser de traces, sont deux pratiques qui concernent plus d’un tiers des Internautes ayant déjà effectué des achats en ligne.

La protection n’est pas un frein à l’achat en ligne

Il a été constaté qu’une part significative des internautes a recours à des stratégies de protection des données personnelles tandis qu’une partie grandissante semble refuser tout partage. Quelles peuvent être les incidences socio-économiques de ces stratégies de protection des données personnelles ? Nous observons que les personnes qui utilisent des outils de protection sont celles qui consomment le plus : le comportement de protection est donc synonyme d’inscription dans l’économie numérique.
 

Perspectives économiques et sociétales

L’étude semble démontrer que nous passons à une situation nouvelle où les enjeux économiques et sociaux liés à l’utilisation des données personnelles se situent dans une relation complexe.
D’un point de vue économique, les comportements de refus pur et simple de partage de données personnelles constituent un risque non-négligeable pour la nouvelle économie basée sur la collecte et le partage des données. Pour autant, les stratégies individuelles de protection (gestion des identités numériques, gestion des moyens de paiement, bloqueurs de publicités, paramétrage de compte) sont loin d’être un frein à l’échange économique : par exemple, la profusion des bloqueurs de publicité, contrairement à la menace qu’y voient certains annonceurs, s’accompagne d’une augmentation des achats par les personnes qui les utilisent. Donner des moyens de protection renforce le sentiment d’une capacité à agir (« encapacitation » ou « empowerment ») des individus.
 
D’un point de vue sociétal, des pistes de réflexion complémentaires doivent être évoquées. Si les utilisateurs sont plus vigilants, se protègent de plus en plus, voire sont obligés de prendre en main leur propre protection, ils sont aussi largement méfiants quant à la portée réelle d’encadrement des relations qui les lient aux prestataires des services numériques, comme l’illustre leur perception des CGU.
 
Cette sollicitation constante ou cette injonction à « être vigilant » est-elle vraiment ce que les consommateurs recherchent de prime abord ? Pour tenter d’y répondre, il a été demandé aux internautes participant à l’enquête de caractériser la notion de confiance à l’aide de trois mots dans le cadre de champs libres. Les deux termes qui reviennent le plus souvent sont sécurité et respect, suivis de près par transparence.
 
Si la sécurité n’est pas une surprise, si la transparence semble indiquer un souhait de voir les pratiques des acteurs évoluer vers plus de réciprocité en termes de rapport de forces sur l’utilisation de données collectées, le respect semble indiquer l’aspiration à ce que la vie privée des internautes soit respectée sans qu’ils aient à consacrer des efforts croissants à sa défense.
Nous sommes ici en présence d’une composante essentielle de la confiance, le respect indiquant un type de rapport social qui ne se réduit pas à la simple exécution d’une relation contractuelle. De ce point de vue, tout reste à faire pour que cette nouvelle économie numérique ne conduise pas à un sentiment de rejet dans la société contemporaine.

 
Un observatoire veille sur ce secteur de la confiance numérique : l’ACN – Alliance pour la confiance numérique – qui vient de se moderniser. Son rôle ? Fédérer les principaux acteurs français et européens de la confiance numérique et contribuer à la consolidation de la filière sécurité en France.
Mais il paraît plus fondamental de se concentrer aujourd’hui sur la production même de la confiance au lieu de se focaliser sur les risques et la sécurité, comme l’a très justement analysé le dernier ouvrage de Daniel Kaplan, « La confiance numérique » – FYP Éditions, collection « La fabrique des possibles » – , fruit d’un an d’études indépendantes menées par la Fing et la Fondation Télécom. 
Le lien qui unissait les organisations et les individus s’effiloche de jour en jour. La crise frappe aujourd’hui les médias, les institutions, les banques, les services publics, en butte à la méfiance de leurs clients ou usagers. Et pour cause… Avec la déshumanisation de la relation clients, les entreprises et les institutions sont entrées dans une relation asymétrique avec leur public. Suréquipées et surprotégées, elles réutilisent abondamment les données personnelles des individus…
Si les causes de cette rupture sont connues depuis longtemps, les solutions tardent. Renaud Francou et Daniel Kaplan, respectivement chef de projet et délégué général de la Fing (Fondation internet nouvelle génération), les apportent dans ce livre novateur. Ils proposent un modèle différent de relation entre organisations et individus : un modèle symétrique, de « pair à pair », comme celui qui lie les utilisateurs du monde numérique.
Quatre leviers de changement pour restaurer la confiance : les dispositifs et tiers de confiance ; la relation ; la confiance « de pair à pair » ; l’outillage des individus. Neuf pistes d’innovation, de recherche et d’action collective, sont proposées, inspirées du meilleur du monde numérique. Un scénario présente chaque piste à travers des situations quotidiennes. Ce sont autant de solutions concrètes …
 
 
 
Source : Synthèse du Rapport « Données personnelles et confiance : quelles stratégies pour les citoyens-consommateurs en 2017 ? », Chaire Valeurs et Politiques des Informations Personnelles, Patrick Waelbroeck, Armen Khatchatourov, Claire Levallois-Barth, 23 juin 2017

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