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La data, socle de la souveraineté numérique

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Fin juin, à Sciences-Po, le Forum Atena a tenu sa journée sur la souveraineté numérique. En la matière, les stratégies industrielles dédiées aux réseaux, au matériel, au logiciel et aux données sont certes toutes importantes et doivent être concordantes, mais, actuellement, la data s’avère la pièce maîtresse.
Les GAFA (M) et les BAT (X), respectivement américaines et chinoises vont s’affronter en offrant au plus grand nombre de terriens des services utiles et efficaces mais sournois en matière de capacité d’influence. Tout se passe comme si le futur maître du monde allait miser sur le soft-power, basé sur la connaissance des individus. Un enfermement glacial … Mais, une autre voie est possible.

Connaître les internautes

Celui qui sait qui je suis et comment j’évolue peut vendre cette information à tous les agents économiques qui vont ainsi pouvoir me proposer des biens et des services au bon moment.
Il peut aussi m’enfermer dans des modes de pensée en accaparant mon attention sur des sujets, au début proche de mes préférences, puis de plus en plus centrés sur mes angoisses. Il peut, au contraire, gérer mon apaisement en me laissant croire qu’il n’y a pas lieu de se préoccuper de tel ou tel sujet puisque les « décideurs » s’en occupent activement.
Mayer Amshel Rothschild disait : « Donnez-moi le pouvoir de créer la monnaie et je me moque de savoir qui fait les lois » !  Mais si, finalement, s’occuper de la monnaie devenait trop compliqué ? …. 
 
Les grands banquiers, dont les Rothschild, ont été les pourvoyeurs de fonds des rois. Ils sont parvenus à les dominer en les influençant au mieux de leurs propres intérêts. Pour cela, ils ont développé des réseaux d’influence de plus en plus puissants et efficaces. Ils sont ainsi parvenus à gérer la monnaie, celle qui permet d’acheter des biens et des services mais aussi de l’influence.
 
À présent, la monnaie est remise en cause en raison du fait que nous allons vers une société plus complexe qui n’échange plus seulement des biens et des services, mais qui se préoccupe aussi de développer son « bien commun ».
Les biens et les services correspondent aux besoins de des individus à court terme. Il y a, pour chacun de nous, un minimum dont personne ne peut se passer. Influencer chacun dans la satisfaction de ses besoins est une manière de dominer le monde.
Quant au bien commun, il résulte de la volonté collective. C’est parce que nous prenons conscience de sa complexité que nous entrons massivement dans une approche collaborative des gouvernances. Influencer chacun dans sa manière de contribuer à cette nouvelle forme de création de richesse, basée sur on ne sait encore sur quel paradigme, est une manière de se placer au cœur de cet espace naissant.
 
C’est dans cet esprit que se développent les GAFA et, à leur manière les BAT. L’affrontement semble inévitable et l’Europe, avec ses citoyens plutôt protégés par leur pacte social, semble le terrain de guerre idéal. Qui emportera la bataille de la data ?

Un affrontement façon XXIe siècle

L’Europe n’a pas pris d’option dans cet épisode de l’Histoire des Hommes. Elle a, comme cela lui a été imposée, développé ses réseaux de télécommunication (couches basses), mais elle n’a pas la maîtrise de l’Internet (couches hautes) sur lequel les Américains conservent la haute main.
Pour le moment, son vivier de startups alimente à moindre coût le développement des GAFA (M), tant pour ce qui est du matériel (dont les objets connectés) que des logiciels (dont l’intelligence artificielle).
Pour ce qui est des data, chaque citoyen livre sans compter ses données dans les applications utiles et efficaces qui leur sont proposées. Les entreprises, de leur côté, les livrent dans le cloud, efficace et confortable, mais opaque.

Les effets désastreux

La première victime de cet état de fait, est la démocratie. La publicité finançait notre presse et sponsorisait nombre d’événements culturels et sportifs. Ce sont les géants de l’Internet qui absorbent désormais ces budgets à leur profit. Les internautes s’auto-informent sur les réseaux sociaux, qui se font fort de réduire toujours plus le périmètre informatif de chacun en recommandant des supposées préférences correspondant à leur supposé profil.
 
 
Pour le reste, les spams envahissent les boîtes mails personnels en quasi pure perte d’énergie humaine et électrique. Pendant ce temps-là, les centres-villes et accessoirement les centres commerciaux se meurent puisque les ventes des biens et des services se font sur Internet. Les individus sont stressés et désocialisés. Les non-conformités sont de plus en plus mal gérées à distance dans des relations aussi impersonnelles que possible.
Le temps passé par chacun devant les écrans devient surréaliste, au point de toucher certains métabolismes, dont celui du sommeil chez les adultes, et les capacités cognitives chez les enfants.

Changement = opportunité

Nous sommes placés face à un dilemme : soit nous considérons que ce « progrès » va plus vite que la capacité d’adaptation de l’homme, dans ce cas, il faut le ralentir. Mais ce n’est pas l’intention des prédateurs à la manœuvre, soit nous considérons que ce « progrès » en l’état est une fausse piste. Alors, il faut en explorer une autre.
L’Europe, où ont pris forme l’ère industrielle et le pacte social qui en résulte, a la possibilité de prendre l’option N°2.
Les GAFA s’inscrivent dans la continuité de la littérature prospective du 19ème et 20ème siècle à laquelle appartiennent Bellamy, Huxley ou encore Vernes qui nous décrivent des dystopies dans lequel le monde a été pacifié grâce à une gouvernance mondiale qui s’efforce de résoudre les principaux problèmes matériels de chacun, puisque la technologie est censée rendre cette utopie possible.
 
Cette architecture technique et philosophique date du XXe siècle : elle est fondamentalement centralisatrice et prévisionniste, parce que l’ère industrielle n’a pu émerger qu’en développant une centralisation extrême des ressources humaines, environnementales et financières.
La vie est au contraire organique et créative. Un modèle de réseau de type neuronal sera plus approprié pour aborder efficacement le XXIe siècle. Quant aux données, elles doivent être pensées dans leur dualité :
– Elles sont intimes au niveau de chaque individu et donc sous le contrôle de chacun et, réciproquement, permettent à chacun de se repérer au regard de la communauté,
– Elles appartiennent au bien commun dès lors qu’elles sont agréées. C’est grâce à elle que notre système social, sanitaire et économique peut devenir performant. Elles sont au cœur de la souveraineté de la communauté.
 
Comme nous l’a rappelé Louis Pouzin, l’architecture de l’Internet marque jours après jours sa vétusté et ses failles. Les GAFA (M) commencent à montrer leurs effets dévastateurs sur le plan économique et démocratique. Mais nous sommes encore aux tout premiers pas du développement du nuage numérique qui enrobe nos vies sociales, économiques, démocratiques et culturelles.
L’Europe est le berceau de l’Open Source et du Peer to Peer, c’est-à-dire des technologies adaptées aux gouvernances organiques, donc décentralisé et pourtant en interaction avec l’environnement.
Il est donc temps pour l’Europe de poser les bases de l’après V0.0 du numérique.
Bien entendu, cela ne se fera pas sans les citoyens Européens eux-mêmes, ni l’écosystème des startups qui vont devoir développer les services utiles et efficaces auxquels les utilisateurs ont pris goût et qui permettent de collecter de la data.
 
Qwant ouvre la voie et montre combien l’évangélisation est importante. Galiléo va poursuivre l’image d’une Europe qui se prend en charge et qui a plaisir à démontrer qu’elle sait faire mieux.
 
 
 

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